(Investir au Cameroun) - Face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine pour l’Afrique en général et le Cameroun en particulier, le président du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), Célestin Tawamba (photo), a adressé, le 8 juin, une lettre ouverte, au président français, Emmanuel Macron. Il y plaide pour l’organisation d’un sommet Union européenne (UE) – Union africaine (UA). « Le bien-fondé de ce sommet tient à l’urgence alimentaire, elle-même nourrie par un environnement inflationniste propice à l’apparition de tensions sociales et politiques », indique celui qui est par ailleurs président de l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace).
La rencontre souhaitée, d’après le président du Gicam, pourrait se tenir en terre africaine pour en ajouter à la symbolique, et aurait pour objectif de définir les mesures d’accompagnement des pays africains en vue d’une sortie de crise à court terme et, d’un autre côté, d’engager la réflexion sur une organisation efficace des politiques agricoles, incluant la modernisation du secteur et la promotion de l’agro-industrie et des produits locaux.
Selon M. Tawamba, la tenue d’un sommet est urgente, car les prix record des matières premières énergétiques et agricoles, à l’instar du blé, du maïs ou des engrais fournis par ces deux pays en conflit, sont particulièrement préoccupants pour la région Afrique. « Pour le blé, à titre d’exemple, les importations représentent environ 85% de l’approvisionnement, dont un tiers provient de Russie ou d’Ukraine. À cet égard, ce sont tout de même 16 pays regroupant 40% de la population du continent, soit 374 millions d’habitants, qui dépendent à 56% et plus du blé russe et ukrainien. C’est considérable ! », argumente le représentant du patronat camerounais et d’Afrique centrale.
L’UA ignorée
Alors qu’il plaide pour un sommet extraordinaire entre deux organisations continentales (l’UE et l’UA), Célestin Tawamba a cependant choisi de s’adresser uniquement au seul président du Conseil de l’UE, Emmanuel Macron, ignorant le président en exercice de l’UA, Macky Sall. Pourtant, le chef d’État est actif depuis que la crise russo-ukrainienne crée des tensions inflationnistes qui font craindre une crise alimentaire.
En effet, à l’occasion du Forum mondial de l’eau, tenu à Dakar en mars dernier, Macky Sall a appelé les partenaires internationaux, dont la Banque mondiale, à aider l’Afrique à faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine en lui réallouant notamment les droits de tirage spéciaux (DTS) des pays riches. Il a ainsi rappelé « l’urgence de la demande africaine de réallocation des DTS des pays riches en faveur des pays en développement, particulièrement des pays africains pour soutenir nos efforts de résilience et de relance économique », après avoir fait une première demande à Bruxelles en février dernier.
Le 3 juin dernier, le président sénégalais Macky Sall a rencontré son homologue Vladimir Poutine lors d’une visite en Russie visant à porter la voix africaine dans le cadre du conflit russo-ukrainien. Le patron de l’Union africaine a proposé à son homologue de faire libérer les stocks de céréales bloqués en Ukraine à cause de la guerre. Par souci d’équilibre le président en exercice de l’UA est aussi annoncé à Kiev, en Ukraine.
S.A.
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