(Investir au Cameroun) - Le 1er avril 2024, les employés de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) ont à nouveau observé un mouvement d’humeur à la direction générale de l’entreprise à Douala. Munis de pancartes et scandant des chants, ils ont réclamé comme le 14 mars dernier, le paiement de 13 mois d’arriérés de salaire et le départ du top management. « Depuis plus d’un an, nous n’avons ni salaire, ni prime, ni couverture sociale, malgré les promesses de la direction générale », se lamente un délégué du personnel de l’entreprise, ayant requis l’anonymat.
Ce dernier indique que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la promesse non tenue de la direction générale de « payer au moins un mois d’arriérés après la vente du pagne du 8 mars 2024 ». Las d’attendre, les employés ont décidé d’exprimer leur ras-le-bol. D’après le collectif des délégués du personnel de la Cicam, les employés ont obtenu le 25 mars dernier, une avance de paiement d’un mois d’arriérés de salaire. Composé d’une quinzaine de membres, ce collectif estime à 1,82 milliard de FCFA, le montant total des 13 mois d’arriérés de salaire revendiqués par l’ensemble du personnel.
Ils disent maintenir la pression pour que leurs revendications soient résolues avant le 1er mai, date de la fête du Travail. Faute de quoi, ils observeront un débrayage le même jour. Toutefois, ces délégués du personnel se disent ouverts au dialogue. Ils ont adressé ce 3 avril, une demande d’une « rencontre urgente » avec la direction de l’entreprise.
Ce nouveau débrayage survient dans un contexte où la Cicam est au bord de la faillite. Son usine de Douala est en cessation de production depuis le 18 novembre 2023, si bien que l’entreprise a été contrainte d’importer 2,2 millions de mètres linéaires de pagne de l’Inde pour l’édition du 8 mars 2024. Depuis une dizaine d’années, la Cicam enregistre des pertes en raison notamment de la vétusté de ses équipements industriels et de sa perte de compétitivité. Selon le rapport 2022 de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), l’entreprise cumule une dette globale évaluée à 31 milliards de FCFA au 31 décembre 2022, dont une dette sociale d’un peu plus de 4 milliards de FCFA.
Pour éviter la dissolution de la plus importante entreprise de transformation du coton du pays, qui contrôle à peine 5% de part du marché local de textile, la CTR propose une réévaluation des terrains de la Cicam, en vue de reconstituer ses fonds propres et assainir son bilan. L’État recommande également la restructuration financière et technique de cette entreprise créée en 1965. Pour le Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN), la restructuration de cette entreprise publique nécessite une enveloppe comprise entre 30,7 et 48,2 milliards de FCFA.
Frédéric Nonos
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