(Investir au Cameroun) - Après la célébration le 14 août dernier de la paternité définitive du Cameroun sur la presqu’île de Bakassi, région réputée regorger d’immenses réserves de pétrole qui a été au centre d’un conflit transfrontalier entre le Cameroun et le Nigeria, le Quotidien Mutations a révélé le 20 août dernier un rapport du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) mettant à nue l’utilisation peu orthodoxe des milliards investis par l’Etat du Cameroun pour viabiliser cette partie de son territoire.
En effet, fait remarquer le rapport sus mentionné cité par le journal Mutations, de nombreux marchés passés ont été surfacturés, voire simplement non exécutés en totalité. Les enquêteurs du Consupe cite par exemple ces ordinateurs Pentium 4 surfacturés à 2,7 millions de francs Cfa l’unité, alors qu’ils se vendaient à l’époque de la passation du marché à 500 000 francs Cfa seulement.
On apprend également que la construction de quatre salles de classe dans la localité d’Isangele a non seulement coûté à l’Etat la faramineuse somme de 38 millions de francs Cfa en 2008, mais qu’en plus l’entrepreneur adjudicataire du marché n’a réalisé que 25% des travaux avant de s’évanouir dans la nature. A Akwa, autre localité de la presqu’île de Bakassi, le chantier de construction du collège d’Enseignement technique public a été «abandonné dans la broussaille» sans la moindre finition, ni équipement, alors que l’Etat y a investi 900 millions de francs Cfa.
Selon les rapporteurs, les maîtres d’ouvrages épinglés sont les ministères des Enseignements secondaires, de la Communication, de la Défense, de l’Energie et de l’Eau et de la Santé publique. Ces dilapidations des fonds publics, souligne le rapport du Consupe, ont été effectuées au moyen de «marchés passés en procédure de gré à gré sans production du document portant autorisation spéciale du Premier ministre [comme le stipule la loi en vigueur au Cameroun]».
Les enquêteurs qui évaluent les pertes ainsi causées à l’Etat à plusieurs milliards de francs Cfa, révèlent également que «aucun marché passé dans la zone de Bakassi n’a été précédé d’étude de faisabilité telle que définit dans le code des marchés publics. On assiste à des changements d’objets des marchés sans production de l’autorisation préalable des maîtres d’ouvrage».
Véritable gendarme de la gestion des fonds publics au Cameroun, le Contrôle supérieur de l’Etat, depuis 2006, a déjà contribué à envoyer en prison une cinquantaine de ministres, directeurs généraux de sociétés d’Etat et hauts cadres de l’administration publique camerounaise, jugés coupables d’indélicatesse dans leur gestion des fonds publics. A plusieurs reprises cependant, les rapports du Consupe ont été contestés et ses rapporteurs souvent mis en difficultés devant les tribunaux par des accusés.
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