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Yaoundé - 08 mai 2024 -
Energie

Barrage de Nachtigal : « Il n’y a rien d’inquiétant », affirme NHPC au sujet des fissures avec infiltrations d’eau

Barrage de Nachtigal : « Il n’y a rien d’inquiétant », affirme NHPC au sujet des fissures avec infiltrations d’eau

(Investir au Cameroun) - Les conclusions de la mission de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel), effectuée le 11 août 2023 sur le chantier de construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal, ont hanté la visite du vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre sur le site. En séjour au Cameroun depuis la fin de la semaine, Ousmane Diagana s’y est rendu ce 21 novembre 2023, en compagnie du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey, et celui de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba.

De la réunion à huis clos avec les responsables de la société de projet Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), en passant par la visite guidée du chantier jusqu’au point de presse, la question est revenue, les visiteurs du jour voulant savoir de quoi il retourne. Il faut dire que le compte rendu de cette mission de l’Arsel, qui a fuité au moment où le vice-président de la Banque mondiale arrivait dans le pays, a écorné ce chantier qui jusqu’ici jouissait d’une bonne image au sein de l’opinion, du fait notamment du rythme d’avancement des travaux. Adressé au Minee, le 29 août 2023, le document de l’Arsel fait état de fissures avec des infiltrations d’eau sur le barrage déversant à seuils labyrinthes et la prise d’eau de l’usine et des « dégradations précoces et accélérées des bétons » sur le bassin de dissipation du barrage déversant.

Selon nos informations, lors de la réunion à huis clos, le ministre de l’Eau et de l’Énergie a obtenu que le directeur général de NHPC, Vincent Leroux, évoque la question lors du point de presse. Gaston Eloundou Essomba s’est ensuite chargé d’informer les journalistes que Vincent Leroux est disposé à répondre à leurs questions sur les constats de l’Arsel, en vue de dissiper tout malentendu.

« L’ouvrage respecte toutes les règles de l’art »

« Lors des essais de mise en eau du barrage, il y a effectivement eu des fuites au niveau des joints. Et l’objet de ces essais c’est précisément de les manifester pour pouvoir les réparer par des injections. Il y a également des pressions sous-jacentes importantes, qui sont drainées par des drains et qui doivent couler pendant toute la durée de l’ouvrage. Il n’y a donc rien d’inquiétant. Ce qui est d’ailleurs confirmé par tous les bureaux de contrôle qui nous contrôlent. Il s’agit du bureau Veritas pour nous même ; les prêteurs ont aussi un bureau de contrôle international qui vient régulièrement, et enfin, dans le cadre du contrat de concession, il y a l’assistance technique du ministère de l’Eau et de l’Énergie qui vient effectivement faire des missions, et qui a pu rassurer le ministre sur la bonne tenue des ouvrages. Quelque chose qui a pu être constaté aujourd’hui par l’ensemble des visiteurs. Il n’y a donc ni fuite ni péril sur cet ouvrage qui respecte toutes les règles de l’art », a assuré Vincent Leroux face à la presse.

Au 31 octobre 2023, le taux d’avancement du projet est de 91%. Dans son compte rendu au Minee, l’Arsel s’est également dit préoccupé par les retards dans la livraison des travaux que pourraient engendrer les fissures avec des infiltrations d’eau et les dégradations précoces et accélérées des bétons, constatées. En guise de réponse, NHPC a affirmé que le calendrier de livraison de l’ouvrage reste le même. « Les travaux avancent sereinement. NHPC et l’ensemble des partenaires techniques du projet sont résolument engagés pour livrer le 1er des 7 groupes de l’aménagement, soit 60 MW, en fin décembre dans les meilleures conditions de qualité, de santé et de sécurité pour les nombreux travailleurs mobilisés sur ce grand chantier », indique l’entreprise contrôlée à 40% par Électricité de France (EDF). Ce premier groupe est d’ailleurs prévu pour être mis en service en février 2024, pour que la première facture de NHPC soit adressée à Eneo en mars. Mais, la valeur de cette facture n’atteindra les 10 milliards de FCFA que lorsque la capacité installée sera de 420 MW.

Incertitudes après le départ d’Actis d’Eneo

Ces efforts dans le respect du calendrier ont d’ailleurs valu à NHPC et ses partenaires les félicitations du vice-président de la Banque mondiale. L’institution de Bretton Woods est un acteur important du projet. Elle contrôle 20% du capital de NHPC, à travers la Société financière internationale (SFI), sa filiale dédiée au financement du secteur privé, et s’est engagée à injecter dans cette infrastructure (en fonds propres et en prêt) 142 milliards de FCFA, soit plus de 18% du financement global.

L’un des enjeux de la sortie du DG de NHPC, sous l’impulsion du ministre Eloundou Essomba, est d’éviter que les révélations de l’Arsel n’érodent un peu plus la confiance des institutions financières au secteur de l’électricité local, alors que le Cameroun doit boucler en urgence la mobilisation des 400 milliards de FCFA nécessaires pour la mise en œuvre des actions prioritaires de son plan de redressement du secteur de l’électricité.

Il faut dire que les bailleurs de fonds sont déjà préoccupés par le déficit financier du secteur, qui est à l’origine de l’insolvabilité d’Eneo (à fin 2022, le principal payeur du secteur cumule une dette de 700 milliards de FCFA, dont près de 50% de dette fournisseurs) et de l’incertitude sur le mode de gestion de la structure qui naîtra du rachat des actifs détenus dans l’unique distributeur de l’électricité du pays par le fonds d’investissement britannique Actis (51% des parts d’Eneo). La question était d’ailleurs au cœur de la réunion de haut niveau que le vice-président de la Banque mondiale a tenu le 20 novembre 2023 à Yaoundé avec les acteurs du secteur de l’électricité. Et selon nos informations, l’institution de Bretton Woods a présenté plusieurs options, à charge au gouvernement de choisir…

Aboudi Ottou, de retour de Nachtigal

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