(Investir au Cameroun) - Le gouvernement camerounais a livré le 3 octobre 2023 à Yaoundé, les résultats de la première opération d’affinage du stock d’or détenu par le Trésor public, aux fins de la constitution des réserves de l’État. « Sur la base de l’arrêté conjoint Minfi (ministère des Finances) - Minmidt (ministère des Mines) du 1er juin 2015, l’Ex-Capam (Cadre d’appui à l’artisanat minier) a canalisé et collecté pour le compte de l’État environ 778,04 kg d’or fusionné. Ce stock a fait l’objet de l’opération d’affinage pour obtenir 500 lingots d’or de 24 carats, d’une masse totale de 500,86 kg, ainsi que les alliages d’argent et de cuivre », a révélé au cours de la cérémonie le ministre des Mines par intérim, Fuh Calistus Gentry.
En plus de ces 500,86 kg d’or affinés déjà préparés pour la constitution des réserves du pays, le gouvernement devrait prochainement affiner une nouvelle cargaison de 218,5 kg d’or brut collectés en seulement 16 mois d’activités par la Société nationale des mines (Sonamines). Il s’agit de l’entreprise publique qui a repris les activités du Capam, programme gouvernemental jadis destiné à promouvoir et à développer l’exploitation minière artisanale semi-mécanisée dans le pays. « La machine étant lancée, je voudrais humblement vous suggérer la poursuite de l’opération d’affinage des stocks rétrocédés par la Sonamines, afin d’obtenir de l’or 24 carats », a en tout cas souhaité le ministre Fuh Calistus Gentry, en s’adressant le 3 octobre 2023 à son collègue du ministère des Finances, Louis Paul Motazé.
Avec ce premier stock d’or affiné, le Cameroun franchit une étape importante dans son projet Gold, lancé au cours de l’année 2012. Ce projet, selon les officiels, a pour objectifs principaux de collecter auprès des sociétés minières la part d’or revenant à l’État, selon les dispositions du code minier ; et de la rétrocéder au Trésor public qui se chargera alors d’en faire des lingots aux standards requis pour la constitution des réserves d’or du pays auprès de la banque centrale (Beac).
Un métal précieux pour les États
Focalisé dans un premier temps sur la collecte et la rétrocession à l’État de sa quote-part d’or produite dans les champs miniers du Cameroun, le projet Gold a été ravivé à partir du 13 juin 2013, avec la mise en place par le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, d’un groupe de travail « chargé de la gestion et de la constitution du stock d’or stratégique de l’État ». Concrètement, a rappelé ce membre du gouvernement au cours de la cérémonie du 3 octobre à Yaoundé, « ce groupe de travail est chargé de suivre les opérations d’affinage de l’or matière en or monétaire, suivant les standards de la London Bullion Market ». Il s’agit du marché des lingots d’or de Londres, qui fait figure de référence en matière de négoce de ce métal précieux dans le monde.
Pour rappel, la constitution des réserves d’or présente de multiples avantages pour les États et les banques centrales. De ce point de vue, la plateforme spécialisée www.goldinfo.fr révèle, par exemple, qu’en 2022, « les achats d’or des banques centrales ont atteint 1 136 tonnes. Un niveau record depuis 1967, sans aucun doute amplifié par la guerre en Ukraine ». La ruée des États et des banques centrales vers l’or s’explique notamment par la confiance placée dans ce métal précieux par les investisseurs de par le monde.
En effet, analyse la plateforme susmentionnée, « en période d’incertitude économique ou de volatilité des marchés financiers, le métal précieux joue pleinement son rôle de protection. En outre, détenir de l’or permet aux banques centrales d’accroître la confiance en leur monnaie et leur économie nationale. (…) En tant qu’actif décorrélé, l’or est même susceptible, en temps de crise, de prendre de la valeur. Ainsi, les banques centrales, à l’instar de nombreux investisseurs, choisissent le métal jaune comme couverture contre l’érosion de la monnaie causée par la hausse des prix. (…) Parce que le marché de l’or est mondial, les réserves du métal précieux peuvent être utilisées pour pallier les besoins de liquidités à court terme. Également, par sa stabilité et la confiance qui lui est portée, l’or renforce la crédibilité des banques centrales… ».
Brice R. Mbodiam
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