(Investir au Cameroun) - Le ministère des Travaux publics (Mintp) vient de dévoiler les obligations financières de l’État du Cameroun dans le cadre du partenariat public privé (PPP) conclu avec le groupement français Fayat (Razel Bec) et Egis (Egis Projects) pour le financement, la conception, la construction, l’équipement, l’exploitation et la maintenance de 14 postes de péage automatique sur certaines routes bitumées du pays. Selon les services de communication de ce ministère, sur les 18 ans d’exploitation de ces infrastructures, qui devrait débuter en septembre 2023, l’État doit payer les loyers d’un montant total de 195 milliards de FCFA (TTC) à ses partenaires privés qui ont créé la coentreprise de droit camerounais Tollcam Partenariat (50% Fayat et 50% Egis) pour mettre en œuvre le PPP.
Selon un rapport du ministère des Finances (Minfi), après avoir soustrait les impôts, taxes et autres prélèvements, l’État devra sortir de ses caisses au total 154 milliards de FCFA au profit de Tollcam, soit en moyenne 8,5 milliard par an. Ces loyers sont d’ailleurs payés chaque année. Pour les quatre prochaines années, ce sont un peu plus de 20 milliards de FCFA que doit débourser le Trésor public : soit 2,8 milliards en 2023 ; 7,9 milliards en 2024 ; 9,2 milliards en 2025 et 9,3 milliards en 2026, selon le Minfi.
Investir au Cameroun n’a pas pu avoir les détails des charges couvertes par ces loyers. Mais, l’on sait que le partenaire privé réalise les travaux de construction des 14 postes de péage. Pour cela, il doit entièrement financer l’investissement initial estimé à 42 milliards de FCFA. Cet argent a déjà été mobilisé auprès de Société Générale Cameroun et Société Commerciale de Banque Cameroun par un prêt de 14 ans garanti par l’assureur Guarantco. Les coûts de cette dette n’ont pas été dévoilés.
Gains projetés
Tollcam est aussi chargé des missions d’exploitation et de maintenance qui comprennent essentiellement le Système de paiements électroniques et espèces, la mise à disposition des informations sur le trafic, la gestion du gros entretien et renouvellement (GER). Il assure aussi la collecte des recettes des péages pour l’État.
L’État a consenti à payer ces loyers parce qu’il est convaincu que l’automatisation du péage augmentera substantiellement ses recettes. Selon le modèle financier du projet, à la fin du PPP en 2041, les recettes cumulées des 14 péages à automatiser sont projetées à 632,6 milliards de FCFA en maintenant le tarif du péage à 500 FCFA. « Toute modulation tarifaire à la silhouette de véhicule contribuerait à l’amélioration de la viabilité financière du projet et surtout à l’augmentation des recettes propres de l’État », précise par ailleurs le Mintp. En payant donc 195 milliards de FCFA (TTC) au partenaire privé, le Trésor public enregistrerait un gain net de 437,6 milliards (impôts, taxes et autres prélèvements non inclus), soit le double des 210,7 milliards attendus sur les 18 prochaines années si ces péages ne sont pas modernisés.
Ces prévisions ont été faites « sur la base des projections du trafic moyen journalier annuel (TMJA) de 57 733 véhicules obtenu en 2017 à partir du comptage routier », indique le ministère des Travaux publics. Le ministère des Finances se montre si optimiste qu’il a même qualifié le risque lié à la demande (c’est-à-dire l’utilisation de l’infrastructure) de faible. Il en est de même pour les risques financiers, opérationnels, de gouvernance, lié aux cas de force majeure et aux changements de lois. Seuls ceux liés à la renégociation et à la résiliation du contrat sont considérés comme moyen.
Aboudi Ottou
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