(Investir au Cameroun) - Le gouvernement camerounais a publié pas moins de deux communiqués dans la seule journée du 24 décembre pour démentir la hausse des prix des denrées de grande consommation sur le marché.
« À la suite des informations orientées et malveillantes relayées par certains médias faisant écho d’une inflation non maîtrisée des prix des produits de grande consommation sur le marché camerounais, le ministre du Commerce tient à dénoncer avec la plus grande fermeté cette campagne insidieuse de manipulation des esprits à des fins clairement avouées de déstabilisation du pays », écrit le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana (photo).
Il rappelle qu’en dépit d’une conjoncture internationale particulièrement défavorable, consécutive à la survenue de la pandémie de Covid-19 et caractérisée par une perturbation inédite de l’ensemble des chaînes d’approvisionnement des marchés mondiaux, un renchérissement historique des prix de la quasi-totalité des produits de grande consommation, une implosion des taux de fret maritime et une aggravation des coûts de facteurs, le marché camerounais est resté globalement stable dans son approvisionnement et résilient en matière de prix.
« De même, en matière de hausse des prix, alors même que certains pays connaissent un taux d’inflation à deux chiffres, ou s’en rapprochent, les instituts spécialisés situent le taux d’inflation au Cameroun autour de 2,1% en glissement annuel, c’est-à-dire largement en dessous du taux de 3% retenu comme critère de convergence par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale », déclare le membre du gouvernement.
« Allégations fantaisistes »
Dans la même veine, le ministre de la Communication est monté au créneau en indexant particulièrement la chaîne de télévision France 24 accusée d’avoir diffusé le 23 décembre, un reportage faisant état de ce qu’en cette fin d’année, les coûts des denrées de première nécessité auraient atteint des niveaux tellement élevés que de nombreuses familles camerounaises éprouveraient désormais des difficultés à se nourrir convenablement. Ce reportage annonce qu’avec une persistance de cet état de choses, la situation sociale pourrait déboucher à court terme, sur un soulèvement de grande envergure, menaçant à la fois la stabilité des institutions et la paix sociale au Cameroun.
« Le gouvernement de la République dénonce avec la plus grande fermeté ces allégations fantaisistes dénuées de toute véracité, et qui ne traduisent en rien la réalité socioéconomique de notre pays à l’heure actuelle. À cet égard, il convient d’indiquer qu’en cette veille de fin d’année, non seulement les marchés continuent d’être approvisionnés en denrées alimentaires à la hauteur des besoins de consommation des populations, mais l’inflation demeure contenue dans des proportions parfaitement maîtrisées, comparée en tout cas, aux taux généralement observés à travers le monde », martèle René Emmanuel Sadi.
Réalité sur le terrain
Dans les marchés, les ménagères disent observer des hausses de prix. À titre d’exemple, le prix d’une bouteille d’huile raffinée d’un litre qui coûtait jusque-là 1150 FCFA coûte dans les faits 1600 FCFA. Des témoignages concordants et fiables font état de ce que pour vendre trois bouteilles d’huile raffinée, les commerçants obligent les ménagères à acheter un morceau de savons de 400 grammes. Ce qui a amené le ministère du Commerce, lui-même, en partenariat avec les sociétés productrices, à se lancer dans la commercialisation de cette denrée depuis le 20 décembre afin de « déjouer ainsi les manœuvres spéculatives de certains opérateurs véreux dans les marchés ».
Aussi, le ministère commercialise lui-même des spéculations comme le riz « à prix coûtant » ou encore la viande de bœuf, de porc, le poisson d’élevage ainsi que les vins, alcools et spiritueux. Les produits frais comme la tomate ont connu une hausse des prix fulgurante : 5 fruits à 500 FCFA alors qu’en temps normal le prix est 200 FCFA.
Sylvain Andzongo