(Investir au Cameroun) - Ce 29 janvier 2024, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a ouvert, à Douala, le premier forum dédié aux fintechs (entreprises mettant à profit des avancées technologiques et numériques appliquées à la finance) afin de réguler leurs activités en zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée-Équatoriale).
« Nous (Beac, Cosumaf, Cobac, fintechs) ne nous connaissons pas assez. Or nous avons chacun un rôle important dans les paiements dans la zone pour nos populations et notre ambition est de réguler », affirme Jean-Clary Otoumou. Le directeur général de l’exploitation de la Beac indique qu’il devient urgent de réguler les activités des entreprises des services financiers numériques, compte tenu de « leur croissance et des risques de sécurité qu’elles représentent au niveau des transactions dans la sous-région ».
Pour y parvenir, la banque centrale a élaboré une stratégie régionale d’inclusion financière qui sera déployée dès cette année, révèle le directeur général de l’exploitation de la Beac. Cette stratégie, apprend-on, est basée notamment sur l’accès à des données fiables et sécurisées pour tous les acteurs du secteur de l’inclusion financière, la promotion et facilitation de l’innovation et de l’utilisation des services financiers et l’interopérabilité.
D’après le rapport de la Beac sur les services de paiement dans l’espace communautaire en 2022, plus de 96% des transactions (2,3 milliards d’opérations) effectuées dans la zone Cemac l’ont été via le Mobile Money, contre 2% des transactions (48,3 millions d’opérations) par virement bancaire classique et cartes. À en croire ce rapport, ces virements instantanés de la monnaie électronique ont été utilisés dans 21% des transactions (23 332 milliards de FCFA).
Au vu des volumes de transactions, la nécessité de réguler s’impose. Mais pour César Zinga, le problème se situe au niveau de l’opérationnalité de cette règlementation. « Aujourd’hui, la Beac a institué la Cobac comme gendarme du système bancaire. Je pense qu’aujourd’hui, il faudrait le gendarme des établissements de paiement », souhaite le promoteur de Mapossa, une fintech spécialisée dans la finance personnelle automatisée.
Jusqu’au 31 janvier prochain, la banque centrale et les promoteurs des fintechs veulent s’accorder pour accélérer l’inclusion financière estimée, selon la Beac à 32% dans la sous-région. « Notre objectif stratégique est que 75% des 60 millions habitants de la Cemac aient un compte bancaire et un instrument électronique d’ici 2030 », souhaite Jean-Clary Otoumou.
Frédéric Nonos