(Investir au Cameroun) - Le ministre camerounais du commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a décidé, dans un communiqué de presse daté du 5 janvier dernier, de geler «jusqu'à nouvel ordre» les prix des bouteilles de bières dans les débits de boisson, malgré la requête des sociétés brassicoles réclamant une revalorisation des prix, en réponse à la hausse du taux du droit d’accises consacré par la loi de Finances 2015. En effet, en 2015, l'administration fiscale devra désormais prélever 143 francs Cfa sur le litre de bière, contre seulement 110 francs Cfa précédemment.
«Le ministre du Commerce a l’honneur d’appeler l’attention des grossistes et des tenanciers des débits de boisson que jusqu’à nouvel avis, les prix des bières et boissons alcoolisées demeurent inchangés. Il les met en conséquence en demeure contre toute tentative de dissimulation ou de constitution de stocks spéculatifs à des fins de renchérissement des prix», peut-on lire dans le communiqué ministériel qui prévient aussi de la fermeté du gouvernement face aux contrevenants.
La sortie de ce membre du gouvernement camerounais fait suite au comportement observé chez certains grossistes pendant les fêtes de fin d’année. En effet, de nombreux tenanciers de débits et de dépôts de boisson ont refusé de vendre leurs stocks, afin de les écouler sous le régime des prix affectés des droits d'accise revalorisé, misant ainsi sur un surplus de marge. La quantité des stocks concernés n'a pas été évaluée, mais perçu sous cet angle, l'intervention du ministre s'avère justifiée, dans la mesure où elle préserve l'équilibre des transactions.
Cependant, l'idée de geler définitivement les prix de la bière semble moins réaliste selon certains experts, car de leur point de vue, cela serait contraire à la nature même du droit d’accise, qui est une taxe dans laquelle revendeurs et producteurs ne sont que des intermédiaires entre le consommateur, véritable redevable de cette taxe, et l’administration fiscale. En faire supporter la charge aux brasseurs ne serait, toujours de leur avis, pas conforme à la législation applicable à cette taxe.
La situation soulève donc des incompréhensions chez les consommateurs, mais aussi des interrogations sur le niveau de collaboration entre les ministères du commerce et des finances dans cette affaire. Les brasseurs vont plus loin et demandent la suppression pure et simple de la mesure consacrant la hausse des droits d’accises, redoutant «un effondrement du marché» en 2015. D’ici au 15 janvier prochain, date limite de déclaration des impôts au Cameroun, une décision finale devra être prise par le comité ad-hoc mis en place dans les services du Premier ministre, pour étudier et vider ce dossier.
Des trois brasseurs concernés, seule la SABC, filiale du groupe Castel associée au groupe Heineken, est cotée sur le compartiment alternatif de la bourse de Paris (avec un flottant en bourse de1 millions de titres). Sur ce marché financier, son titre a bondi de 2,61% au cours de la journée du 6 janvier 2015, mais dans un volume insignifiant de moins de 10 titres échangés. Il faut rappeler tout de même que sur les 6 derniers mois, l’action SABC a perdu 23,4%.
Idriss Linge
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