(Investir au Cameroun) - La moitié des sociétés proposées par l’Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam), pour être inscrites sur la liste « des entreprises de grand standing et d’importance nationale (c’est-à-dire celles dont le poids dans l’économie est particulièrement élevé) » pour l’exercice 2024, ont été recalées par la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac). Il s’agit des filiales de multinationales (Eneo, TotalEnergies et Cimencam), de l’opérateur public des télécoms Camtel et des entreprises privées (Prometal et Neptune Oil). Pour justifier sa décision, le régulateur bancaire de la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, RCA, Tchad) évoque « l’absence d’états financiers certifiés par le commissaire aux comptes au 31 décembre 2022 », qui a rendu « impossible » l’examen de leurs dossiers.
Faute d’états financiers certifiés, ces entreprises sont privées d’un privilège bancaire. Il faut dire que les entreprises « de grand standing et d’importance nationale » « bénéficient de la réduction du quart des quotités relatives à leurs risques pour une durée d’un an à compter du 1er janvier 2024 », peut-on lire sur la décision de la Cobac, prise le 19 décembre 2023. En effet, depuis 2010, la règlementation bancaire de la sous-région autorise « à titre exceptionnel » les établissements bancaires à réduire leur niveau de provisions sur les prêts accordés à ces entreprises. Initialement de 50%, cette réduction a été ramenée à 25% en 2020.
Pour comprendre, il faut savoir que pour chaque prêt qu’une banque accorde à une personne morale ou physique, elle doit mettre un argent de côté pour couvrir le risque de défaillance de l’emprunteur. Et les taux de pondération pour constituer ces provisions varient, selon le profil de risque, entre 0% ; 25% ; 50% ; 75% et 100%. Et les entreprises « de grand standing et d’importance nationale » bénéficient d’une réduction de 25% de ces taux de pondération. Ce qui contribue à faciliter leur accès au crédit.
Un privilège qui va par contre bénéficier à six entreprises, selon la décision de la Cobac. Il s’agit de la Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), contrôlée par Électricité de France (40%) ; de la Société de développement du coton (Sodecoton), détenue à 59% par l’État du Cameroun, du Port autonome de Douala (PAD), qui a pour unique actionnaire l’État, de la Société camerounaise de raffinage Maya et compagnie (SCRMC), entièrement contrôlée par le Libanais Hazim Chehade, de MTN Cameroun (MTNC), détenue à 70% par l’opérateur sud-africain de Telecom MTN et de Congelcam, propriété de l’homme d’affaires camerounais Sylvestre Ngouchinghe.
AO