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Yaoundé - 26 avril 2024 -
Commerce

Laurent Bugeau, directeur général de 3C Cameroun : «Nous distribuons prioritairement les produits camerounais»

Laurent Bugeau, directeur général de 3C Cameroun : «Nous distribuons prioritairement les produits camerounais»

(Investir au Cameroun) - Le Dg de 3C Cameroun éclaire sur les motivations et les avantages du nouveau concept lancé par le groupe Casino dans le pays, dans le domaine de la vente en gros. Une expérience pionnière en Afrique, susceptible de catalyser la professionnalisation de certaines chaines de valeurs

Entretien avec Brice R. Mbodiam

A travers la société 3C Cameroun, le groupe Casino vient de lancer au Cameroun, grâce à une enseigne baptisée «Bao», la première expérience du concept Cash & Carry en Afrique. De quoi s'agit-il concrètement ?

«Bao» tire son origine de «Baobab», arbre célèbre qui véhicule des symboles positifs en Afrique : la puissance, la résistance… «Bao» est d’ailleurs une expression populaire signifiant «je suis fort».

En appelant notre enseigne Bao Cash & Carry, nous avons tenu à nous identifier pleinement au continent africain, et en y ajoutant «Cash & Carry», nous y associons le format de ce magasin qui se présente sous la forme d’un entrepôt à prix bas. C’est d’ailleurs grâce à ce modèle d’exploitation, où les coûts sont réduits à l’essentiel, que Bao Cash & Carry propose tous les jours les meilleurs prix sur le marché.

Nous visons principalement une clientèle de professionnels (commerçants revendeurs, transformateurs, utilisateurs, etc.), et aussi les ménages qui souhaitent faire des économies. Les prix à l’unité sont d’ores et déjà compétitifs et, en fonction des volumes achetés, ils sont dégressifs.

Le groupe Casino peut compter sur son expérience incomparable acquise en la matière en Amérique Latine : Assaï, enseigne du groupe, est aujourd’hui le leader du Cash & Carry au Brésil, avec 126 magasins et plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017.

Le projet Bao Cash & Carry est ainsi directement issu et adapté du modèle d’Assaï, qui a fait ses preuves ces dernières années. Avec son concept novateur, l’enseigne «Bao Cash & Carry» participe activement à la démarche gouvernementale de lutte contre la vie chère.

L'une des particularités du Cash & Carry est la pratique des bas prix et des prix dégressifs. Comment en vient-on à proposer des prix aussi compétitifs, alors que les circuits d'approvisionnement et même l'environnement économique sont très souvent les mêmes pour tous les acteurs du marché ? 

L’environnement économique a une incidence sur les prix, mais notre modèle de magasin entrepôt à prix bas recherche en permanence à réduire au maximum ses propres coûts d’exploitation : la construction de nos entrepôts est brute, le sol est industriel, le stockage se fait sur palettes, etc.

Par ailleurs, nous développons une organisation du travail industrialisée (mécanisation de la manutention avec des engins modernes, un outil informatique intégré etc.) ; nous mettons sur pied une logistique qui permet d’optimiser l’exploitation en massifiant l’approvisionnement. Bao Cash & Carry présente sous forme de palettes, un assortiment de 3 000 références, qui couvrent l’essentiel des besoins et répond aux produits spécifiques demandés par les professionnels.

C’est, avant tout, un modèle économique à gros volumes. Toutes les économies réalisées par Bao Cash & Carry sont répercutées directement dans les prix, ce qui nous permet d’être très compétitifs sur le marché.

Le groupe Casino est déjà leader du Cash & Carry en Amérique du Sud. Quelles similitudes trouvez-vous entre le Cameroun et les pays d'Amérique latine dans lesquels vous êtes déjà présent?

Le Cameroun présente des similitudes avec un pays comme le Brésil, où nous sommes leader. Par exemple, comme le Brésil, le Cameroun présente un potentiel agro-pastoral très élevé.

D’ailleurs, l’une des ambitions de Bao Cash & Carry est de parfaire la professionnalisation des filières d’agriculture et d’élevage, en achetant directement aux producteurs, en organisant leurs plannings de production, en garantissant l’écoulement de leurs produits, en accompagnant la mise en conformité de leurs produits avec les normes sanitaires, en organisant et en optimisant les circuits logistiques.

Dans ce premier magasin Bao Cash & Carry, nous avons de très grandes capacités de stockage pour préserver la chaîne du froid et garantir qualité et fraicheur des produits. Par exemple, nous achetons nos produits carnés (bœufs, porc, volailles) directement auprès des éleveurs locaux, et nous les transformons dans nos laboratoires.

Dans le secteur de la grande distribution, il existe des pays en Afrique qui recèlent visiblement plus d'opportunités que le Cameroun. Pourquoi avoir justement choisi ce pays d'Afrique centrale pour lancer l'enseigne «Bao» ?

Le Cameroun a plusieurs atouts. C’est un grand carrefour géographique entre la Cedeao et la Ceeac. C’est une économie importante, puisqu’elle fait près de 50% du PIB de toute la sous-région Cemac. Il est doté d’une population de 24 millions d’habitants et recèle un socle d’au moins 10 villes à 200 000 habitants.

En plus, c’est une véritable Afrique en miniature, avec sur son territoire de nombreuses diversités qu’on peut trouver sur le continent : linguistiques, religieuses, ethniques, paysages… Sur la base de ces critères à la fois objectifs et subjectifs, nous avons estimé que ce pays était indiqué pour débuter cette expérience en Afrique. 

Malgré des avancées observées depuis quelques années, les produits camerounais ont toujours du mal à se frayer un chemin sur les étals des grandes enseignes commerciales du pays. Quelles proportions de produits locaux pourrait-on trouver dans les magasins entrepôts «Bao» ?

Nous distribuons prioritairement les produits camerounais. Et chaque fois que nous aurons un produit camerounais qui peut remplacer efficacement un produit importé, nous le ferons. Nous avons aujourd’hui au magasin Bao Cash & Carry de Douala-Bassa, une répartition équilibrée de produits locaux et de produits importés. Cette répartition pourrait évoluer en faveur des produits locaux, si leur très bon démarrage depuis l’ouverture se poursuit.

Vous indiquez que l'enseigne «Bao» s'approvisionne directement auprès des agriculteurs et éleveurs locaux. Comment recrutez-vous ces partenaires ?

Nos collaborateurs ont déjà initié, depuis quelques mois, de nombreux contacts avec des acteurs et des éleveurs locaux. D’autre part, nous avons organisé en janvier de cette année, un très grand séminaire de présentation de notre concept, rencontre à laquelle nous avons invité plus d’une centaine de fournisseurs qui sont venus de tout le pays.

Les agriculteurs et éleveurs camerounais n'ont pas la réputation d'être très professionnels. Que prévoyez-vous pour mettre ces partenaires à niveau, notamment en matière de respect des normes de production, des exigences sanitaires, etc. ?

Nous utilisons l’expérience du groupe Casino dans ces domaines, pour partager ce savoir-faire avec les fournisseurs locaux.

Le lancement au Cameroun de «Bao» intervient dans un contexte de concurrence de plus en plus rude dans la grande distribution. Que répondez-vous à ceux qui pensent que cette nouvelle enseigne est une manière d'adaptation du groupe Casino à ce nouvel environnement très concurrentiel? 

Bao Cash & Carry est un concept de distribution moderne bien différent des autres enseignes de distribution présentes sur le territoire camerounais. Nous avons une grande expertise dans le domaine du Cash & Carry en Amérique du Sud, et le groupe Casino lui-même est un acteur multi-formats dans la grande distribution.

Dans le même ordre d’idées, l’on se serait attendu à ce que les supermarchés Casino soient multipliés dans le pays, un peu comme le font certains opérateurs locaux de la grande distribution. Pourquoi avoir plutôt choisi de lancer un nouveau concept, en l’occurrence le Cash & Carry ?

Nous avons aujourd’hui un partenariat sur place avec Mercure (3 points de vente), et nous lui faisons toute confiance pour bien développer nos enseignes sur la cible expatriée, qui n’est pas celle de Bao. Une fois encore, nous pensons que le concept Cash & Carry répond à une demande forte au Cameroun.

Pour finir, que prévoit le chronogramme de déploiement de l’enseigne «Bao» au Cameroun, sur le court et le moyen terme ? 

Si l’expérience de Bao Cash & Carry, qui commence au Cameroun, à travers ce premier magasin entrepôt de Douala Bassa, est conforme à nos attentes, nous envisageons d’ouvrir dans ce pays une dizaine d’autres magasins dans les cinq prochaines années. Il s’agit d’un investissement global oscillant entre 15 et 20 milliards de francs Cfa.

Nos magasins, à terme, emploieront plus de 1 500 salariés directs. Ils bénéficieront d’une formation professionnelle et d’un emploi stable. Cet investissement profitera aussi au tissu agro-industriel local, grâce à la mise en avant des produits made in Cameroun et le développement des filières d’élevage et agricole, que nous allons accompagner.

Bao Cash & Carry, c’est aussi l’opportunité pour des jeunes camerounais ambitieux et volontaires, d’apprendre un métier d’avenir et de devenir les managers dans nos futurs magasins entrepôts ici ou dans d’autres pays. Car, en cas de succès de Bao Cash & Carry, nous pourrions exporter ce nouveau concept de magasins entrepôts aux prix bas, ailleurs sur le continent.

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