(Investir au Cameroun) - Dans un rapport publié à la fin du mois de mars 2015, la Banque mondiale, en citant plusieurs pays d’Afrique dont le Cameroun, indique que le fort potentiel de demande en énergie du secteur des mines, pouvait être un point d’ancrage pour le développement du secteur de l’électricité et un important levier pour améliorer l’offre en énergie dans le pays.
«L'approfondissement des relations énergie-exploitation minière devrait se traduire par des avantages substantiels pour le pays, les sociétés minières, le fournisseur d'électricité et le pool énergétique de l'Afrique centrale (CAPP), actuellement inactif. Les sociétés minières tireront partie des grands projets énergétiques et elles vont très probablement participer au financement initial des immobilisations requises», explique l’institution de Bretton Woods dans son rapport.
Le gouvernement camerounais semble avoir été séduit par l’idée depuis un certain temps. Partant de cette hypothèse selon laquelle les sociétés minières constituent un potentiel de contribution pour le développement de l'hydroélectricité, il a adopté une approche associant les sociétés minières et les gros consommateurs d'électricité à l'élaboration de la nouvelle loi sur l'électricité, qui est entrée en vigueur en décembre 2011, mais dont l’implémentation reste assujettie à la publication de ses différents décrets d’application.
L’idée, apprend-on de bonnes sources, était de faire en sorte que la société en charge de la distribution de l’électricité (Eneo) puisse disposer de capacités de production supplémentaires, sans avoir à financer de nouveaux projets de centrales hydroélectriques et de lignes de transport. Ces investissements revenants aux grands consommateurs eux-mêmes, comme on le voit avec le projet de construction de la centrale de Natchigal, piloté par Rio Tinto (maison-mère d’Alucam qui a récemment annoncé sa sortie du capital de ce producteur d’aluminium), la SFI et EDF.
L’exemple d’Alucam
Aussi cohérente qu’elle soit, cette vision consistant à asseoir la solution énergétique à la demande du secteur minier ne va pas de soi. Elle nécessite un cadre juridique clair, qui fait encore l’objet de nombreux défis dans le pays. De l’autre côté, cette hypothèse a été formulée à une période où il y avait un fort engouement pour le secteur des industries extractives.
Avec la baisse des cours des différentes matières premières minières, les investisseurs se montrent plus prudents à injecter des liquidités dans un secteur où les prix sont en forte chute et la rentabilité de base n’est pas garantie. De sources bien introduites, c’est d’ailleurs l’un des obstacles actuels à la cession des parts de Rio Tinto dans Alucam (site en photo), très peu de partenaires stratégiques souhaitant prendre sur eux d’investir dans l’infrastructure énergétique (centrale de Natchigal) dans un contexte de baisse des prix de l’aluminium.
En plus de ce qui précède, l’intégration Energie-Mines pourrait également poser le problème de la gestion des bassins hydrauliques. En effet, selon certains experts, le cas Alucam n’est pas un exemple de réussite. Le producteur d’aluminium, qui consomme plus de la moitié de l’énergie électrique produite au Cameroun, ne génère directement que près de 600 emplois directs, sa contribution au revenu national n’atteint pas 2,5% ces dix dernières années et le potentiel de passif environnemental lié à la pression sur le fleuve Sanaga n’a pas été clairement évalué, font remarquer des ONG locales de défenses des ressources naturelles.
Lire aussi
13-10-2014 - La firme canadienne Rio Tinto cèdera ses actions dans la société Aluminium du Cameroun