(Investir au Cameroun) - La vente conditionnelle au Français Perenco des 37,5% des actifs détenus par l’opérateur pétro-gazier britannique New Age sur le bloc Etinde, couvrant une superficie de 2 316 km2 dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, officiellement annoncée le 7 juin 2022, ne sera finalement pas conclue. C’est du moins ce que révèle la société Bowleven dans un communiqué rendu public ce 25 janvier 2024. Cet autre opérateur pétro-gazier britannique, qui contrôle 25% des actifs de la licence Etinde, dit avoir été informé par sa compatriote New Age de la résiliation de l’accord conditionnel de vente de ses actifs avec la filiale de Perenco, initialement intéressée par le deal.
« L’arrêt de la transaction entre New Age et Perenco est regrettable. Car, nous pensions qu’elle aurait pu représenter une opportunité d’accélérer le développement d’Etinde. Nous devons maintenant réexaminer le plan de développement proposé avec nos partenaires de la joint-venture (notamment New Age et le Russe Lukoil qui détient également 37,5% des actifs, NDLR), ainsi qu’avec les autorités de régulation, pour évaluer les efforts désormais requis pour sécuriser le FID (décision finale d’investissement, NDLR) », regrette Eli Chahin, le PDG de Bowleven PLC.
Les motifs du rétropédalage de Perenco, après 18 mois de négociation, ne sont pas révélés. Mais, l’on sait que la finalisation de la transaction entre cet opérateur pétro-gazier français, déjà présent sur plusieurs autres projets au Cameroun, et New Age, était soumise à certaines conditions, qui ont pu ne pas être satisfaites. Il s’agissait « notamment des approbations réglementaires habituelles par le gouvernement camerounais, l’approbation de la concurrence et la confirmation de l’autorisation exclusive d’exploitation (EEE) par le biais d’une lettre émise par le ministre (des Mines) », avait détaillé Bowleven en annonçant l’accord conditionnel début juin 2022.
Une décision d’investissement hypothétique
En tout cas, la décision de Perenco de ne finalement pas participer au projet pétro-gazier Etinde rend encore plus incertaine la prise de la décision finale d’investissement attendue depuis 3 ans. En effet, l’on se souvient qu’au terme d’une période de développement du projet Etinde qui aura duré 6 ans, Bowleven, New Age et Lukoil avaient reçu le 26 janvier 2021, l’approbation des autorités camerounaises pour solliciter une nouvelle autorisation d’exploration de ce bloc pétrolier et gazier.
Grâce à cet accord, les détenteurs de la licence Etinde espéraient, au terme de nouvelles campagnes d’exploration, mettre en évidence des réserves suffisantes permettant de prendre une décision d’investissement au cours de l’année 2021. Et ainsi produire et commercialiser du gaz naturel et d’autres hydrocarbures pouvant être mis en évidence pendant la phase exploratoire. Mais, cette échéance n’a pas été respectée. La nouvelle date butoir de 2022, annoncée ensuite par les opérateurs du projet, s’était quant à elle heurtée aux sanctions contre la Russie dans le cadre du conflit russo-ukrainien, en raison de l’implication dans le projet de la société russe Lukoil. « Nous informerons les actionnaires des (nouveaux) développements sur le projet Etinde en temps utile. », se contente d’indiquer le PDG de Bowleven.
Ce projet pétro-gazier attendu dans la région du Sud-Ouest du Cameroun intéresse d’ores et déjà la société britannique Victoria Oil & Gas (VOG), maison-mère de Gaz du Cameroun (GDC), qui a monté la toute première unité de traitement du gaz naturel du pays à Douala, la capitale économique camerounaise. En effet, le 5 février 2020, VOG, qui envisage de doper sa production au Cameroun, a signé une « lettre d’intention non contraignante » avec les porteurs du projet. Ceci, dans l’optique de pouvoir s’approvisionner en gaz naturel à partir du bloc Etinde, qui tarde devenir le 3e champ gazier opérationnel au Cameroun, après Kribi (Sud) et Logbaba (Littoral).
Brice R. Mbodiam
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