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Yaoundé - 02 mai 2024 -
Gestion publique

Fer à béton : les producteurs consentent une baisse des prix, en dépit de l’explosion des coûts de l’énergie

Fer à béton : les producteurs consentent une baisse des prix, en dépit de l’explosion des coûts de l’énergie

(Investir au Cameroun) - Dans une correspondance adressée le 20 octobre 2023 aux responsables des services déconcentrés de son département ministériel, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, révèle la nouvelle grille tarifaire du fer à béton au Cameroun, « décidée en concertation avec les sociétés de production ». L’analyse de cette grille, dont « la non application (…) par quelque opérateur devra faire systématiquement l’objet de sanctions », ainsi que le prescrit le ministre du Commerce à ses collaborateurs, révèle une baisse d’environ 2% sur toutes les catégories de fer à béton utilisées dans le secteur du BTP (voir la nouvelle grille de prix ci-dessous).

Nouvelles grilles des prix

1 Douala Source : Mincommerce.

À travers cette baisse des prix, apprend-on, les producteurs de fer à béton accèdent ainsi à une requête du gouvernement qui, à travers le ministère du Commerce, souhaite voir les prix de certains produits de grande consommation baisser sur le marché, à la faveur de la détente actuellement observée autour des cours mondiaux des matières premières et du fret. Ceci, après plusieurs mois de tensions consécutives à la période post-Covid et le déclenchement de la guerre entre la Russie et Ukraine en février 2022. C’est du moins ce que révèle une lettre du ministre Mbarga Atangana, adressée le 17 octobre 2023 au coordonnateur de l’Organisation camerounaise des industries de transformation de l’acier (Ocita). Cette lettre a pour objet : « nécessité impérative d’une baisse conjoncturelle et significative des prix au consommateur ».    

Bras de fer

« À la demande du gouvernement, nous avons effectivement accepté de redonner un peu plus de pouvoir d’achat aux consommateurs, en revoyant nos prix à la baisse, en raison du contexte international beaucoup moins tendu qu’il y a encore quelques mois. Mais, cette réponse favorable à la requête du gouvernement ne signifie pas que nos problèmes sont résolus. Nous sommes toujours très préoccupés par l’explosion des coûts de l’intrant énergie, qui est un facteur déterminant de la compétitivité de nos entreprises », explique Patrice Yantho, le coordonnateur de l’Ocita.

En effet, depuis le mois de mai 2023, une vingtaine d’entreprises utilisant le gaz naturel comme source d’énergie d’appoint face aux coupures récurrentes de l’électricité dans les zones industrielles de Douala, parmi lesquelles les producteurs de fer à béton, sont engagées dans un bras de fer avec la société Gaz du Cameroun (GDC). Cet opérateur pétro-gazier britannique a décidé de procéder à une augmentation de 20% des tarifs de son produit, théoriquement depuis le 1er juin 2023. Mais, les industriels s’y opposent, soutenus par le ministère du Commerce, qui dénonce une décision unilatérale de GDC, en marge des procédures réglementaires en vigueur en la matière au Cameroun.

Mais, malgré l’injonction du gouvernement de surseoir à sa mesure d’augmentation des tarifs, et d’engager des négociations avec l’État comme la réglementation le lui impose en matière d’augmentation des tarifs sur le marché domestique, GDC ne lâche pas du lest. La filiale locale du Britannique Victoria Oil & Gas (VOG) menace désormais de suspendre les approvisionnements des clients ne respectant pas la nouvelle tarification intégrant la hausse de 20%.

Coûts de production records

Premiers consommateurs d’énergie, les producteurs de fer à béton sont d’autant plus opposés à cette hausse des tarifs du gaz naturel qu’elle est envisagée après l’augmentation depuis janvier 2023 de près de 30% du tarif de l’électricité pour les « grands comptes », vocable regroupant les entreprises industrielles réputées énergivores ; l’extension depuis le même mois de la Taxe spéciale sur les produits pétroliers (TSSP) au gaz naturel consommé par les industriels (70 FCFA par m3) ; et la hausse depuis février 2023 de 36,5% du prix du litre de pétrole lampant utilisé par les industriels.

Mieux, avant ces augmentations du coût de l’énergie en 2023, qui ont pour corollaire la hausse des coûts de production des entreprises et l’inflation dans les marchés, l’Institut national de la statistique (INS) révèle dans sa note d’analyse des prix à la production industrielle au Cameroun en 2022, que les prix sortie-usine (prix départ-usine payé aux producteurs, hors taxes et subventions et hors charge de transport) dans le secteur industriel ont connu une progression record, atteignant 13,3% en glissement annuel. Selon les données publiées par cet institut public, les principaux vecteurs de la hausse historique des prix sortie-usine dans le pays en 2022 ont été les secteurs extractif et sidérurgie-métallurgie, dans lesquels les coûts de production ont respectivement augmenté de 29% et 16,9%, en comparaison à l’année 2021.

Mais, selon l’organisme public en charge de l’élaboration de la statistique officielle au Cameroun, depuis les deux premiers trimestres de l’année 2023, suite à une embellie sur le marché international, l’on assiste à un « retour progressif des prix à la production industrielle à leur niveau d’avant crise russo-ukrainienne, marquée principalement par les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales ».

Brice R. Mbodiam

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