(Investir au Cameroun) - Selon les données de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), au 31 décembre 2022, la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), le fonds public de pension du Cameroun, réclame aux entreprises et autres unités de gestion de projets, des arriérés de cotisations sociales d’un montant total de 232,9 milliards de FCFA. Sur cette enveloppe d’arriérés « de cotisations sociales exigibles, en augmentation continue au cours des trois derniers exercices », souligne la CTR dans son dernier rapport sur la situation des entreprises et établissements publics, « 51,2% (contre 45,8% en 2021) sont dus par les entreprises et projets du portefeuille de l’État ».
En d’autres termes, à fin 2022, les entreprises et autres projets relevant du portefeuille de l’État du Cameroun cumulent des arriérés de cotisations sociales d’un peu plus de 119 milliards de FCFA. Ce qui hypothèque la retraite de nombre d’employés de ces entités débitrices. Pourtant, dans la pratique, certains de ces employeurs prélèvent effectivement les cotisations sociales sur les salaires de leurs employés, sans pour autant les reverser au fonds public de pension. Une rétention des droits qui, au fil des années, épaissit l’enveloppe des arriérés de cotisations sociales réclamée par la CNPS, en dépit de la multiplication des initiatives visant à les recouvrer.
En effet, alors qu’ils dépassaient à peine 60 milliards de FCFA en 2016, les arriérés de cotisations sociales réclamés par la CNPS aux entreprises locales se chiffraient à 201 milliards de FCFA à fin août 2020. Ils ont culminé à 217 milliards de FCFA au premier semestre 2021, et atteignent près de 233 milliards de FCFA à fin 2022, selon les chiffres officiels. En clair, malgré les méthodes de répression des employeurs insolvables comme le recouvrement forcé avec pose des scellés, ou encore le retrait ou le refus du passeport, les arriérés de cotisations sociales dus par les entreprises ont quasiment quadruplé au Cameroun en 6 ans.
Selon les données de la CNPS, environ 7 000 sur 30 000 entreprises actives sont à jour du paiement des cotisations sociales de leurs employés. En conséquence, affirme-t-on au sein du fonds public de pension, « nous avons quasiment 16 000 assurés sociaux que nous ne pouvons pas prendre en charge du fait que leurs employeurs sont lourdement endettés auprès de la CNPS. (…) La situation s’est tellement dégradée que seulement le quart des entreprises sont en règle ».
Brice R. Mbodiam
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