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Yaoundé - 02 mai 2024 -
Agriculture

Secteur agricole : au Cameroun, toutes les sociétés d’État affichent des pertes en 2022, sauf la Sodecoton et la Semry

Secteur agricole : au Cameroun, toutes les sociétés d’État affichent des pertes en 2022, sauf la Sodecoton et la Semry

(Investir au Cameroun) - Selon le rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) sur la situation des entreprises et établissements publics du Cameroun en 2022, les sociétés d’État actives dans le secteur agricole (forêts, agriculture et pêche) ont été pratiquement toutes déficitaires. « Avec un résultat net cumulé de -11,9 milliards de FCFA, il ressort que toutes les entreprises enregistrent des résultats négatifs, à l’exception de la Sodecoton (Société de développement du coton) et de la Semry (Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua) », peut-on lire dans le rapport de la CTR.

En clair, l’ensemble des sociétés d’État du secteur agricole ont perdu un montant global de près de 12 milliards de FCFA au terme de l’exercice 2022. La plus grosse perte a été réalisée par la Cameroon Developement Corporation (CDC). 2e employeur du pays après l’administration publique, cette unité agro-industrielle exploitant la banane, l’hévéa et le palmier à huile dans la région du Sud-Ouest a encore perdu 15,5 milliards de FCFA en 2022. Cette nouvelle contreperformance témoigne de ce que, malgré la reprise progressive de ses activités à la faveur de la remise en exploitation de nombreuses plantations jadis envahies par les militants séparatistes, cette entreprise ne s’est toujours pas relevée de la crise socio-politique qui secoue les deux régions anglophones du Cameroun depuis fin 2016.

La 2e plus grosse perte enregistrée par les entreprises publiques du secteur agricole au Cameroun en 2022 incombe à Pamol Plantations, qui est avec la CDC parmi les entreprises camerounaises qui paient le plus lourd tribut de la crise socio-politique sus-mentionnée. Ce producteur d’huile de palme, dont les plantations sont également situées dans la région en crise du Sud-Ouest, affiche plus de 753 millions de FCFA de pertes en 2022, selon les données de la CTR. Contre 210,8 millions de FCFA pour l’Agence nationale d’appui au développement forestier (Anafor), qui complète le trio des entreprises publiques du secteur agricole enregistrant les plus grosses pertes à fin 2022.

 Manque de compétitivité

Ces pertes de la CDC et d’autres entités publiques du secteur agricole sont cependant atténuées par la bonne tenue des activités de la Sodecoton. Cette société d’État, qui encadre plus de 200 000 producteurs de coton dans la partie septentrionale du Cameroun, affiche un bénéfice de 4,6 milliards de FCFA en 2022. Loin devant la Semry, dont le résultat net ressort à plus de 145 millions de FCFA au terme d’une année 2022 plutôt déficitaire pour la plupart des sociétés publiques actives dans le secteur agricole.

Les raisons des pertes enregistrées par ces dernières ne sont pas explicitées dans le rapport 2022 de la CTR. Mais, selon les experts du Fonds monétaire internationale (FMI), les entreprises publiques camerounaises enregistrent généralement de « piètres résultats », en raison principalement du manque de compétitivité. Dans un document annexé à la loi de finances 2021 de l’État, le gouvernement, lui, cite cinq causes majeures pouvant justifier les contreperformances des sociétés d’État et des établissements publics du Cameroun.

Contrats de performance

Il s’agit notamment de l’absence d’innovation technologique ; la présence dans l’outil de production des immobilisations non productives et non nécessaires à l’exploitation ; l’absence des économies d’échelle et une structure pléthorique de coûts, dont notamment la masse salariale qui constitue une composante majeure des charges de ces entreprises. Au rang des obstacles à la rentabilité des entreprises publiques au Cameroun, le document cite également le besoin en fonds de roulement toujours important, lié au déséquilibre de la structure financière des entreprises publiques ; et une stratégie marketing peu efficace et moribonde.

Afin d’inverser cette tendance, et sous la pression du FMI qui conduit actuellement un programme économique et financier avec le Cameroun, le gouvernement a décidé de mettre toutes les entreprises publiques sous contrats de performance à partir de l’année 2023. Selon le chronogramme du ministère des Finances, cette opération dont on attend toujours la matérialisation devrait être achevée au 31 décembre 2024. À en croire aussi bien le gouvernement que le FMI, ces contrats de performance constituent la voie royale pour que les sociétés d’État deviennent rentables, et ne soient plus ce boulet que traîne actuellement l’État du Cameroun, à travers les subventions, les reprises de dettes ou encore des garanties souveraines.

Pour rappel, dans un document annexé à la loi de finances 2021, le gouvernement camerounais analyse la rentabilité économique de 38 entreprises publiques sur les 44 qui constituent son portefeuille (établissements publics non compris). « L’exercice 2019 est caractérisé par une détérioration de la rentabilité financière des entreprises publiques. En effet, le taux de rentabilité financière s’établit à -14,5%, soit 6,5 points de moins qu’en 2018. Depuis l’exercice 2017, cette rentabilité est plombée par la situation structurellement déficitaire de ces entreprises », apprend-on.

Brice R. Mbodiam  

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