(Investir au Cameroun) - Ces derniers jours, le taux de remplissage du barrage de Lagdo (72 MW), qui permet d’approvisionner en énergie électrique les trois régions septentrionales du Cameroun (Nord, Adamaoua et Extrême-Nord), a atteint 91%, provoquant une nette amélioration dans la distribution de l’électricité dans cette partie du Cameroun.
Cette embellie, qui survient après trois années de sècheresse ayant entraîné « un déficit hydrologique particulièrement rude dans le septentrion », « a permis, depuis le mois de juillet 2022, de réduire les délestages dans les ménages et les entreprises du Grand-Nord », informe l’électricien Eneo dans un communiqué publié le 13 septembre 2022.
Mais, apprend-on du document rendu public par le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, cette « pluviométrie exceptionnelle en ce mois de septembre pourrait mettre en péril la sécurité des ouvrages du barrage, ainsi que les biens et personnes installés aux abords du fleuve Benoué », sur lequel est construit le barrage de Lagdo, dont les aléas hydrologiques ont parfois réduit de moitié les capacités de production ces dernières années.
Face à cette menace consécutive à une pluviométrie très abondante, la société Eneo annonce qu’elle se prépare à lancer, au cours du mois de septembre courant, ce jusqu’en octobre 2022, une campagne de gestion des crues. « Il s’agit précisément d’une opération de sécurité consistant à libérer de manière contrôlée le surplus d’eau du barrage, tout en garantissant son remplissage optimal », explique le producteur et distributeur de l’électricité. Pour ce faire, l’entreprise prie « les populations riveraines à l’aval du barrage, de se tenir loin de l’emprise du lit du fleuve Bénoué, hors des zones dangereuses et inondables ».
Au-delà du Cameroun, la libération des eaux du réservoir du barrage de Lagdo est généralement suivie de près par les autorités de l’État de l’Adamawa, au Nigeria, dont certaines populations sont également exposées aux crues sur le fleuve Bénoué. En 2012, par exemple, l’ouverture du barrage de Lagdo et de fortes pluies avaient provoqué des inondations le long d’une rivière de 1400 km, située dans cet état nigérian. Ces inondations avaient fait au moins 30 morts et 120 000 déplacés dans le pays, et 14 morts au Cameroun, selon les autorités de l’État de l’Adamawa.
Brice R. Mbodiam