(Investir au Cameroun) - D’ordinaire un calvaire en heure de pointe, la circulation à l’entrée Est de Douala s’est encore dégradée avec la reprise en février 2023, après trois ans d’arrêt, des travaux de construction d’un boulevard urbain de 9 km sur ce tronçon des corridors Douala-N’Djamena et Douala-Bangui, baptisé pénétrante Est. Selon les témoignages des usagers de cette route et des riverains, la situation s’est encore empirée depuis le début du mois de septembre en cours. « La traversée de cette petite portion de route peut désormais prendre plus de trois heures de temps à certaines heures de la journée », témoigne un haut cadre d’une multinationale de la place, habitant cette périphérie de la capitale économique. Des témoignages similaires viennent aussi des associations des transporteurs interurbains et des responsables d’agences de voyage qui font notamment la ligne Douala-Yaoundé.

« L’autre sortie de Douala coté Nyalla est fermée depuis la rentrée scolaire pour travaux. Ce qui amène tout le trafic vers la pénétrante Est également en travaux », explique-t-on au ministère des Travaux publics (Mintp). Le maître d’ouvrage du chantier de construction de la pénétrante Est pointe aussi « les multiples pannes de camions sur la chaussée » et « l’incivisme des usagers ». « Lorsque nous érigeons des balises de sécurité pour limiter la zone des travaux, les moto-taximen et certains automobilistes ne respectent pas ces consignes et se retrouvent constamment sur les zones en chantier. Nous sommes obligés de les interpeller pour les ramener à l’ordre, et cela crée des engorgements », illustre un employé de Mag Sarl, sous-traitant du contractant Magil Construction Corporation (MCC) en charge des travaux de chaussée.

Responsabilité de Magil

« La situation n’est plus critique depuis quelques jours. Des forces de maintien de l’ordre sont mobilisées. Il a été convenu que le maître d’ouvrage saisira le gouverneur pour renforcer leur présence », tente-t-on de rassurer dans les services d’Emmanuel Nganou Djoumessi. En réalité, cette question relève de la responsabilité de Magil. « Le contractant a pour obligation le maintien et la fluidité de la circulation pendant toute la durée des travaux. Il revient dont à ce dernier de proposer à l’administration un plan de gestion de la circulation pouvant aller jusqu’à l’aménagement des voies alternatives identifiées à cet effet dans le projet », peut-on lire dans la section 3.2 de l’annexe 1 du contrat signé, le 3 décembre 2019, entre l’entreprise canadienne et le Mintp pour la réalisation de la pénétrante Est.

Dans le budget annexé au contrat, il est d’ailleurs prévu une enveloppe de 3,3 millions d’euros (plus de 2 milliards de FCFA), pour l’« aménagement de routes alternatives ». Selon le document, il s’agit de près de 35 km de route. En plus, il est prévu un budget de 20 millions d’euros (plus de 13 milliards de FCFA) pour les « travaux connexes ». Il s’agit d’« une prévision qui permettra de réaliser certains travaux routiers dans la zone du projet sur instruction du maître d’ouvrage ». Rien n’exclut donc qu’une partie soit injectée dans l’aménagement des voies de contournement, si le besoin se fait sentir. 

Voies de contournement 

Sauf que jusqu’ici, ce volet du projet n’a pas encore été lancé. « Le processus de contractualisation est en cours. Le démarrage des travaux est annoncé par Magil pour le mois de novembre », répond-on au Mintp. Dans les services d’Emmanuel Nganou Djoumessi, on précise d’ailleurs que les axes devant faire l’objet de travaux ont déjà été identifiés en concertation avec les maires et autorités administratives de la capitale économique. Il s’agit de l’axe carrefour Ari (ancien dépôt Guinness) - logements sociaux (station-service Neptune) ; carrefour Ari (station Bocom) - École publique de Yatchika - carrefour Yassa et carrefour chefferie Ndogpassi II - collège CPLAN - Nyalla Kombo.

« S’ils étaient sérieux, ils aménageraient les voies de contournement avant de s’attaquer à la pénétrante Est », s’énerve un riverain pour qui l’aménagement de ces voies est la solution la plus efficace pour fluidifier la circulation à l’entrée Est de Douala. « Au regard des antécédents, j’ai du mal à comprendre que des travaux aient pu être lancés sur cette route sans avoir aménagé les voies de contournement du chantier », ajoute un élu local. Il faut dire que le contrat du groupement chinois WIETC/CRCC14, premier adjudicataire de ce projet, avait été résilié à la suite d’embouteillages interminables créés par les travaux. 

Selon le calendrier actualisé, les travaux de construction de la pénétrante Est de Douala sont censés s’achever le 19 mars 2025. À ce jour, le projet est réalisé à 30,9% pour une consommation des délais de 55%, selon les données du Mintp. À en croire le maître d’ouvrage, sur un financement de 87,3 milliards de FCFA, 56,5 milliards de FCFA ont déjà été décaissés dont l’avance de démarrage de 21,8 milliards de FCFA, soit un taux de décaissement de 64,7%. L’avance de démarrage a déjà été consommée à hauteur de 49,6% et Magil réclame 5,3 milliards de FCFA d’impayés.   

Aboudi Ottou

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