(Investir au Cameroun) - Depuis quelques semaines, les responsables de la Société de développement du coton (Sodecoton), les responsables des coopératives de producteurs de coton et les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre des régions du Nord et de l’Extrême-Nord sont en ordre de bataille, contre les exportations frauduleuses du coton camerounais vers le Nigeria. À ce jour, a soufflé une source interne à la Sodecoton au trihebdomadaire régional L’Oeil du Sahel, le renforcement des contrôles aux frontières avec le Nigeria a déjà permis de saisir quelques 71 tonnes de coton graine en voie d’exportation.
Mais, ces volumes sont insignifiants, au regard des quantités qui auraient déjà été exportées vers ce pays voisin, dont les prix d’achat du coton graine sont réputés plus attractifs. « Les prévisions de collecte pour les secteurs particulièrement affectés par la fraude se situant à 193 400 tonnes de coton graine, il est fort à craindre, au vu des quantités déjà collectées dans les usines d’égrenage et des projections faites par les services techniques compétents, que 19 500 tonnes (soit 10% des prévisions de collectes) soient perdues à date (33 000 tonnes avaient été perdues en 2010-2011 à cause du même phénomène, NDLR), dont 11 400 tonnes pour la région de l’Extrême-Nord et 8 100 tonnes pour la région du Nord. Et cette perte pourrait s’alourdir si des mesures plus dissuasives ne sont pas prises à temps », confie un responsable de la Sodecoton.
À en croire la même source, si ces exportations frauduleuses s’intensifient, la Sodecoton pourrait enregistrer des pertes de l’ordre de 9 milliards de FCFA au cours de la campagne cotonnière 2021-2022 courante, en raison de la baisse de la production initialement projetée à 369 000 tonnes. Au demeurant, apprend-on, ces pertes financières annoncées en cas d’intensification des exportations vers le Nigeria n’intègrent pas les crédits d’intrants mis à la disposition des producteurs par le mastodonte agro-industriel des trois régions septentrionales du Cameroun, en échange de leur production de coton qui prend finalement le chemin du Nigeria.
Pour décourager ces producteurs appâtés par les prix d’achat pratiqués dans ce pays voisin, alors qu’ils ont reçu tout le soutien et l’accompagnement de la firme cotonnière camerounaise, la Sodecoton menace désormais de les exclure, avec tous leurs complices, du bénéfice des crédits d’intrants de la prochaine campagne.
Brice R. Mbodiam
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