(Investir au Cameroun) - Au cours du mois de février 2023, le Cameroun a exporté 16 185 tonnes de bananes vers le marché international, ce qui révèle une baisse de 340 tonnes (-2%), en comparaison avec les 16 525 tonnes expédiées au cours du même mois en 2022. Une analyse des chiffres que vient de publier l’Association bananière du Cameroun (Assobacam) révèle que ce ralentissement des exportations de la banane camerounaise est imputable au recul des expéditions de la PHP, le leader du marché local.
En effet, des données de l’Assobacam, il ressort que cette filiale de la Compagnie fruitière de Marseille n’a exporté que 12 919 tonnes de bananes en février 2023, contre 14 209 tonnes en février 2022. Ce qui correspond à une chute des exportations de ce producteur de 1 290 tonnes en glissement annuel, soit 10% en valeur relative. Dans le même temps, Boh Plantations, le numéro 3 du marché, voit ses exportations baisser de 75 tonnes, passant de 1 172 tonnes en février 2022 à seulement 1 097 tonnes un an plus tard.
Au demeurant, les exportations globales du Cameroun en février 2023 auraient pu être beaucoup moins vigoureuses, si ce recul des activités de la PHP et de Boh Plantations n’avait pas été compensé par les bonnes performances de la CDC, le numéro 2 du marché local. En effet, révèle l’Assobacam, en février 2023, les exportations de cette unité agro-industrielle publique ont progressé de 47% sur un an, passant de 1 144 tonnes en février 2022 à 2 169 tonnes en février 2023.
La CDC reste ainsi sur des performances louables depuis janvier 2023, mois au cours duquel ses exportations ont progressé de 83% en glissement annuel. Mais, il est à craindre que cette dynamique des expéditions de bananes de la CDC vers le marché international s’estompe dès le mois de mars 2023 courant, suite à la récente attaque d’un camion de l’entreprise transportant des employés.
Attaque meurtrière
Cette attaque, revendiquée par l’un des groupes sécessionnistes qui réclament la partition du Cameroun depuis fin 2016, a fait 5 morts et une quarantaine de blessés. Et pourrait à nouveau installer la psychose parmi les travailleurs. Ce d’autant que les mêmes militants séparatistes ont appelé à de nouvelles attaques contre la CDC, qui paie déjà le plus lourd tribut des revendications séparatistes en cours dans les régions anglophones du Cameroun depuis bientôt 7 ans.
En effet, après le déclenchement de la crise fin 2016, dès l’année 2017, les installations et les employés de la CDC ont été pris pour cible par les militants séparatistes. Des équipements de l’entreprise ont été incendiés, tandis que les employés rencontrés dans les plantations étaient mutilés ou tués. En 2018, 12 sites sur 29 étaient en arrêt total de production à la CDC, selon un rapport du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), la principale organisation patronale du pays.
Selon la CDC elle-même, certains de ces sites étaient devenus des camps de base pour des milices armées. Cette conjoncture difficile avait officiellement causé la perte de 6 124 emplois sur les plus de 22 000 que comptait l’entreprise, et avait par la même occasion provoqué la sortie de la CDC du fichier des exportateurs de bananes entre septembre 2018 et mai 2020 (18 mois), en raison de l’arrêt des activités de production.
Brice R. Mbodiam
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