(Investir au Cameroun) - Au cours de son dernier Comité de politique monétaire de l’année 2018, tenu le 18 décembre 2018 à Yaoundé, la capitale camerounaise, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), institut d’émission des six Etats de la CEMAC (Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, RCA, Congo), a décidé de durcir davantage les conditions de crédit.
C’est ainsi que le taux de la facilité marginale de prêt a été relevé de 75 points de base, passant de 5,25 à 6% ; tandis que le taux de pénalité aux banques, passait de 7,55 à 8,30%. Seul le taux d’intérêt sur appels d’offres (TIAO) est resté inchangé, à 3,50%, après une hausse de 55 points de base survenue le 31 octobre 2018.
En effet, l’on se souvient qu’au cours du Comité de politique monétaire du 31 octobre dernier, la Banque centrale des six Etats de la CEMAC avait déjà procédé à une augmentation de ses principaux taux d’intérêt. Ainsi, le TIAO avait été porté de 2,95 à 3,50%, le taux de pénalité aux banques de 7 à 7,55%, et le taux de la facilité marginale de prêt de 4,70 à 5,25%.
Interrogé sur les motivations de ces relèvements répétés des taux d’intérêt au cours des trois derniers mois, le gouverneur de la BEAC, Abbas Mahamat Tolli, soutient que ces mesures visent à développer les prêts interbancaires, plutôt que d’inciter les établissements de crédit à recourir au guichet de la banque centrale pour se faire refinancer.
Au sein de cette banque centrale, l’on soutient également que ces relèvements successifs des taux, contribuent à freiner la fuite des capitaux ; ce qui permet de reconstituer les réserves de change toujours sous pression ; la zone CEMAC étant une grosse importatrice de pratiquement tous les produits de consommation courante. « Quand on injecte 100 francs Cfa dans la zone CEMAC, presque 90 francs Cfa vont à l’étranger, parce que nous faisons beaucoup d’importations.», explique un cadre de la BEAC.
Cependant, ces arguments sont contestés par des experts de la finance, qui perçoivent davantage ces mesures de la BEAC comme un frein au financement des économies de la sous-région. En clair, selon les tenants de cette thèse, à cause des mesures de la banque centrale, il sera encore plus difficile pour les entreprises d’accéder aux crédits bancaires au cours des prochains mois ; ce qui pourrait conduire à un ralentissement de leurs activités.
Pour rappel, selon les statistiques de la BEAC, le volume de nouveaux crédits mis en place dans la zone CEMAC au premier semestre 2018, a connu une baisse de 11,91% par rapport à la même période en 2017, passant de 5 108,71 milliards de francs Cfa, à seulement 4 500,2 milliards de francs Cfa.
Brice R. Mbodiam
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