(Investir au Cameroun) - Depuis le 30 novembre dernier, les équipes de la société Eneo ont débuté le démontage des équipements à la centrale d’Ahala, dans la banlieue de Yaoundé, et leur transfert vers les villes de Garoua et de Ngaoundéré, dans la partie septentrionale du Cameroun. Cette opération qui vise à renforcer l’offre énergétique dans le septentrion de 20 MW devrait aboutir à la mi-janvier 2021. Dans le détail, 12 MW supplémentaires seront installés à la centrale de Djamboutou, qui débite déjà 20 MW, tandis que 8 MW seront installés à Ngaoundéré.
Ainsi en a décidé le gouvernement, pour réduire les délestages qui font rage dans les régions du Nord, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua depuis deux mois, du fait de la faible pluviométrie qui a réduit à 48% le taux de remplissage du barrage de Lagdo, la principale infrastructure permettant d’alimenter cette partie du Cameroun en énergie électrique.
Au demeurant, même si ce transfert de capacités énergétiques illuminera quelque peu la vie des populations des régions septentrionales, son opérationnalisation s’avère très coûteuse, voire intenable dans le temps. En effet, apprend-on de sources proches du dossier, la production de ces 20 MW de thermique requiert une enveloppe de 80 millions de FCFA chaque jour, pour le carburant. Sur un mois, il faudra mobiliser 2,2 milliards de FCFA, pour rendre disponibles ces capacités énergétiques supplémentaires.
Si l’on considère que les 20 MW transférés viendront s’ajouter aux 20 MW que produit déjà la centrale de Djamboutou, la facture du carburant passe du simple au double. Ce qui, au final, correspond à une dépense globale de 4,4 milliards de FCFA par mois, soit 52,8 milliards de FCFA en un an. Dès lors, l’on est fondé à se poser la question de savoir si cette décision de transférer ces capacités ne débouchera pas sur le même scénario que le Programme thermique d’urgence (PTU), mis en place par le gouvernement en 2010, pour pallier les délestages dans le pays à la veille de l’élection présidentielle de 2011.
Mais, à partir de décembre 2012, les quatre centrales (100 MW de capacités au total) montées dans le cadre du PTU (Yaoundé-Ahala, Mbalmayo, Ebolowa et Bamenda) étaient toutes à l’arrêt, pour non-paiement des factures de gasoil et des frais de gestion desdits équipements aux producteurs indépendants sollicités. Pire encore, le gouvernement, l’électricien Eneo (Aes Sonel à l’époque) et EDC, l’entreprise publique de patrimoine, se rejetaient la responsabilité du paiement de ces factures estimées à plusieurs milliards de FCFA.
Selon des sources dans le secteur de l’électricité, si cette solution très coûteuse peut apporter satisfaction aux populations sur le court terme, il est souhaitable d’envisager dès à présent des solutions de rechange, au regard du volume des dépenses induites. De ce point de vue, revient invariablement sur la table le projet de construction de trois centrales solaires d’une capacité totale de 35 MW, dans les villes de Maroua (15 MW), Guider (10 MW) et Ngaoundéré (10 MW). Selon certaines sources, ce projet en gestation depuis 2018 serait actuellement plombé par des lenteurs administratives.
Brice R. Mbodiam
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