«L’impact général de cette guerre sur la richesse de la région (de l’Extrême-Nord du Cameroun, Ndlr) est évalué à 89,8 milliards FCfa». Telle est la principale conclusion d’un rapport du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), sur les conséquences de la guerre contre Boko Haram sur les secteurs susmentionnés, au cours de la période 2012-2016.
Fruit d’une enquête de terrain conduite dans les départements du Mayo Sava, du Mayo Tsanaga et du Logone et Chari, entre avril et mai 2016, le rapport révèle que le secteur de l’élevage a payé le plus lourd tribut de cette guerre contre la secte terroriste nigériane, avec des pertes estimées à 54,8 milliards de francs Cfa, soit environ 65% des pertes globales.
Ces pertes dans le secteur de l’élevage sont consécutives, souligne le rapport, «aux vols, rapts, tueries d’animaux, etc., aux maladies animales et à la baisse de la valeur commerciale des animaux». Dans le détail, apprend-on, les pertes dues à la baisse de la valeur commerciale des animaux représentent 82% des pertes totales du secteur de l’élevage contre 15,5% pour les pertes dues aux vols, rapts, tueries des animaux et seulement 2,5% pour les pertes dues aux maladies animales.
Selon les rapporteurs du Minepia, ces pertes sont étroitement liées à la fermeture, depuis 2012, de 21 marchés à bétail dans la région de l’Extrême-Nord, lieux de commerce dans lesquels «les transactions sont essentiellement orientées vers l’approvisionnement des familles». Cette situation a, pour sa part, engendré un impact indirect estimé à environ 26,3 milliards de francs Cfa, soit plus de 30% des pertes globales enregistrées dans les secteurs de l’élevage et des pêches entre 2012 et 2016.
En ce qui concerne les pêches, la situation est bien plus reluisante, en dépit des pertes colossales également enregistrées. «L’évaluation des impacts sociaux sur les pêches a porté sur l’observation du marché du poisson. On a ainsi pu observer une réduction des captures et, par conséquent, une réduction des quantités commercialisées de moitié tout au long de la période observée, les pêcheurs n’ayant plus accès aux zones de pêche ou tout simplement ayant abandonné l’activité. L’effet cumulé de la réduction a abouti à une perte d’activité évaluée sur le plan financier à 8,5 milliards de francs Cfa», souligne le rapport du Minepia.
Brice R. Mbodiam
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Du 13 au 19 novembre 2017, une mission interministérielle conduite par le ministre délégué à l’Economie, Yaouba Abdoulaye, séjournera dans les régions de l’Extrême-Nord et du Nord du Cameroun, «en vue de l’identification d’un programme de développement et d’extension de la riziculture», apprend-on dans un communiqué officiel.
Selon le ministère de l’Economie, ledit programme vise à résorber le déficit de production de riz dans le pays, dont les importations de cette céréale coûtent en moyenne 100 milliards de francs Cfa, chaque année, selon les statistiques officielles.
Pour rappel, la région de l’Extrême-Nord du Cameroun abrite déjà la Semry (Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua), une entreprise publique dont la production annuelle atteint à peine 100 000 tonnes par an, sur une demande nationale estimée à environ 300 000 tonnes de riz.
BRM
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Le ministre en charge de l’Economie, Louis Paul Motaze, a procédé le 9 novembre, à Yaoundé, à la signature, avec l’Union européenne, d’une convention de financement pour un contrat de réforme sectorielle, d’un montant de 96 millions d’euros (environ 63 milliards FCFA) pour le cycle 2017-2019.
Ce financement qui constitue le socle du programme indicatif du 11è Fonds européen de développement (FED), vise à appuyer le gouvernement du Cameroun dans la mise en œuvre de sa stratégie de développement du secteur rural. Notamment la partie concernant l’augmentation de la productivité des exploitations familiales agricoles.
C’est le 29 octobre 2014 que le Cameroun et l’Union européenne ont signé un accord de financement d’un programme d’appui au développement, au titre du 11ème FED pour un montant global de 282 millions d’euros (185 milliards FCFA). Le secteur de la gouvernance engloutit 84 millions d’euros (près de 55 milliards FCFA) ; celui du développement rural, un montant total de 178 millions d’euros (environ 116,5 milliards FCFA) et les mesures d’appui, 20 millions d’euros (13 milliards FCFA).
S.A
Le ministre camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Ernest Ngwaboubou, vient de procéder à l’inauguration d’une unité de production d’huile de palme dans la localité de Sombo, dans la région du Centre du pays.
D’une capacité de production de deux tonnes d’huile par heure, cette unité agro-industrielle a coûté près d’un milliard de francs Cfa, a-t-on appris. Elle est le fruit d’un programme de promotion de la culture et la transformation de l’huile de palme en Afrique centrale et de l’Ouest, a souligné le Ministre Ngwaboubou.
Ce membre du gouvernement a, d’ailleurs, révélé que dans le cadre du même programme, trois autres unités de transformation du même type seront construites dans les deux régions anglophones du pays.
BRM
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La crise issue de la chute des prix du cacao à l’international fait l’objet d’une grande préoccupation au sein du gouvernement camerounais. «Cette situation nous donne des insomnies», a déclaré le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana (photo). C’était le 7 novembre 2017, au cours de l’inauguration du tout premier centre d’excellence de traitement post-récolte du cacao dans le département de la Lékié, le plus grand bassin de production de fèves du pays.
La préoccupation des autorités publiques tient non seulement au nombre de personnes vivant de la culture du cacao (500 000 producteurs et 10 000 familles dans le secteur de la transformation), du poids de l’économie cacaoyère au Cameroun, mais aussi et surtout des caractéristiques de la fève camerounaise qui devraient lui réserver un sort bien différent sur le marché international.
«Sa couleur rouge brique attire et sa teneur en beurre est probablement supérieure à celle d’autres origines. Avec tout cela, nous devons nous frayer un chemin à part sur le marché international», soutient Luc Magloire Mbarga Atangana qui exhorte alors les producteurs camerounais à améliorer la qualité de leur produit, afin d’aller à la conquête «des marchés de niche. C’est la voie du futur», précise-t-il.
Afin d’accompagner les producteurs camerounais vers l’excellence dans la qualité, a souligné le Ministre Mbarga Atangana, le gouvernement, en partenariat avec l’interprofession cacao-café, a entrepris de construire des centres d’excellence de traitement post-récolte dans les bassins de production du pays.
La toute première infrastructure de ce type a été officiellement lancée le 7 novembre dernier, en présence d’une délégation de la Confédération des chocolatiers et confiseurs de France, qui participera ce 8 novembre à Yaoundé, la capitale, à l’édition 2017 du Festicacao, le festival international du cacao camerounais.
Brice R. Mbodiam
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La Société de développement du coton (Sodecoton), unité agro-industrielle qui encadre environ 250 000 agriculteurs, dans la partie septentrionale du Cameroun, pourrait devenir l'un des principaux piliers de la stratégie nationale de développement de la filière anacarde (encore appelée noix de cajou), en gestation dans le pays.
«La filière anacarde est une filière à laquelle la Sodecoton a pensé depuis longtemps, dans le cadre de la diversification des revenus des agriculteurs avec lesquels nous travaillons déjà sur des cultures telles que le maïs, l'arachide ou encore le sorgho. Mais, nous avons besoin d’une culture alternative pour laquelle nous pouvons également intervenir dans la chaîne de valeur en aval», explique Abdoulaye Abou Abba, directeur de la production agricole à la Sodecoton.
Et ce dernier de poursuivre : «Au départ, nous avons ciblé le soja, mais on s’est heurtés au fait que son huile n'a pas réussi à se positionner sur le marché, et la commercialisation du tourteau a été mise en difficulté par la grippe aviaire. Nous ciblons donc désormais l'anacarde».
Pour ce faire, apprend-on, la Sodecoton a récemment envoyé quelques-uns de ses cadres en voyage d’études au Bénin et en Côte d’Ivoire, deux pays de l’Afrique de l'Ouest dans lesquels la production et la commercialisation de l'anacarde font déjà le bonheur de milliers d'agriculteurs.
Fort des leçons apprises dans ces deux pays, ainsi que d’expertises variées sollicitées par l’entreprise cotonnière, le fleuron de l'agro-industrie dans les régions septentrionales du Cameroun n’exclut pas la possibilité de lancer ses premières plantations d’anacardiers dès 2018.
Il est question, révèle-t-on à la Sodecoton, de planter environ 50 000 hectares sur une période de 10 ans, principalement dans la région de l’Extrême-Nord ; ce qui équivaut au quart de la superficie globale actuellement dédiée à la culture de l'or blanc.
Il est également question, souligne le directeur de la production agricole à la Sodecoton, «d’attaquer la chaine de valeur avec un maximum de transformation», positionnement qui permettrait à l’agro-industriel camerounais d’aller bien au-delà de la Côte d’Ivoire et du Ghana, pays dans lesquels le niveau de transformation de la noix de cajou reste encore faible.
«Nous avons suffisamment avancé sur les partenaires susceptibles de nous appuyer. Nous nous arrimons à une dynamique, ce ne sont pas les financements qui vont manquer», affirme Abdoulaye Abou Abba, optimiste.
En effet, soutient le directeur de la production agricole à la Sodecoton, la culture de l'anacarde et la situation dans laquelle se trouve actuellement la région de l'Extrême-Nord du Cameroun sont, elles-mêmes, attractives pour les investisseurs.
Il y a d’abord, explique-t-il, le désir de nombreux bailleurs de fonds de participer à la reconstruction du tissu économique de cette région dévastée, depuis quelques années, par les exactions de Boko Haram.
Ensuite, en plus d’améliorer les revenus des agriculteurs et de créer des emplois, l’anacardier contribue à la lutte contre la désertification, dans ce sens que cet arbre est utilisé dans les opérations de reboisement, activité prisée par de nombreux bailleurs de fonds.
Enfin, la culture et la transformation de la noix de cajou offrent aux investisseurs l’opportunité de mettre en place un produit de rente parallèle au coton, dont dépend actuellement la majeure partie de l'économie des trois régions septentrionales du Cameroun.
Brice R. Mbodiam
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17-10-2017 - Le Cameroun peaufine une stratégie visant à intensifier la production de l’anacarde
La 2ème phase du Programme d’appui à la mise en place des indications géographiques, qui permet à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) de labéliser des produits du terroir africain, a été officiellement lancée le 2 novembre 2017 dans la capitale camerounaise, avec une quinzaine de produits camerounais sur la ligne de départ.
En effet, après avoir réussi à faire labéliser le poivre de Penja et le miel d’Oku dans le cadre de la première phase de ce programme de l’OAPI, le Cameroun souhaite faire connaître au monde la particularité des produits tels que le kilichi de Ngaoundéré, les avocats de Mbouda, les échalotes de la Lékié, les ananas de Bafia, le cuir de Maroua, l’igname blanche de Mbé, l’oignon de Garoua, la pierre de Pouma, etc.
«On sait désormais que la labellisation contribue à la préservation du savoir et des savoir-faire traditionnels, tout en apportant un revenu consistant aux producteurs», a souligné Denis Loukou Bohousou (photo), directeur général de l’OAPI, pour justifier l’opportunité de ce programme sur les indications géographiques, soutenu par l’Agence française de développement (AFD).
BRM
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28-03-2016 - Cameroun : la production du poivre de Penja a atteint 300 tonnes en 2015
Les trois derniers mois de l’année 2017 ne seront pas des plus reluisants pour les opérateurs du secteur primaire au Cameroun, projette une note de conjoncture que vient de rendre publique la direction nationale pour le Cameroun de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), institut d’émission des six Etats de la Cemac.
Selon cette note, la morosité observée, depuis la dernière campagne cacaoyère, perdurera jusqu’à la fin de cette année, avec des prix aux producteurs largement en dessous des pics de 1 600 francs Cfa enregistrés au cours de la campagne 2015-2016. Actuellement, ces prix ne dépassent guère 900 francs Cfa le kilogramme.
Avec le début de la saison sèche, caractérisée par une faible pluviométrie, la direction nationale de la Beac pour le Cameroun projette également une baisse de la production de l’huile de palme brute au 4ème trimestre 2017, période généralement consacrée à la maintenance de l’outil de production dans nombre d’unités agro-industrielles du pays.
Anticipant sur cette réduction de la production de l’huile de palme, le gouvernement camerounais a d’ailleurs autorisé, pour cette année 2017, des importations de 95 000 tonnes d’huile de palme brute et ses dérivés, afin de garantir la disponibilité de la matière première aux transformateurs.
Selon les mêmes prévisions, au cours de la période sous revue, «une demande plus rémunératrice en provenance de la sous-région» devrait créer un gap entre l’offre et la demande dans les secteurs de la pêche et de l’élevage au Cameroun. Cette situation, que contribuera à asseoir la forte demande généralement enregistrée pendant les fêtes de fin d’année, soutient la direction nationale de la Beac, devrait induire quelques tensions sur les prix à la consommation.
Brice R. Mbodiam
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22-12-2016 - En 2017, le Cameroun importera 95 000 tonnes d’huile de palme et ses dérivés
La Société camerounaise de palmeraies (Socapalm), filiale de Socfin, enregistre une hausse de la production de +20,3% en huile brute, au premier semestre 2017. Cette production passe de 68 tonnes, au cours de la même période en 2016, à 82 tonnes. De même, la production en amandes de palmistes a évolué, en glissement annuel, de 13 997 tonnes, au mois de juin 2016, à 16 797 tonnes.
En ce qui concerne les finances, le chiffre d’affaires du 1er semestre 2017 a connu une augmentation de 1,5 milliard de FCFA. Soit 4,7% par rapport au 1er semestre 2016. « La hausse des productions et l’augmentation des quantités vendues constituent les facteurs explicatifs », commente Socapalm.
Le résultat des activités ordinaires, avant impôts, s’élève à 13,7 milliards de FCFA soit une hausse de 57,6% par rapport à celui de la même période en 2016. Le résultat net après impôts, au 30 juin 2017, s’élève à 8,9 milliards de FCFA contre 5,5 milliards au 30 juin 2016. Soit une hausse de 61,4%.
« Ces résultats sont la conjugaison d’une maîtrise des coûts de production, d’amélioration des techniques agricoles et industrielles ainsi que des facteurs climatiques favorables. La totalité de notre production pourra être vendue dans l’exercice, et notre chiffre d’affaires annuel devrait se situer aux environs de 57,5 milliards de FCFA », annonce Socapalm.
La filiale camerounaise de Socfin prévoit, durant cet exercice, un niveau de production supérieur de 21,6% à celui de l’exercice 2016. Raison pour laquelle, elle estime à ce stade que le résultat des activités ordinaires, avant impôts, de l’exercice 2017, avoisinera un montant de 15 milliards de FCFA.
S.A
La Société africaine forestière et agricole du Cameroun (Safacam), entreprise agro-industrielle cotée sur la bourse de Douala (DSX), informe qu’au terme du premier semestre 2017, son activité s’est soldée par un résultat de 2,656 milliards de FCFA.
Sur la même période en 2016, le résultat était de 1,855 milliard de FCFA soit une augmentation de 43%. « Ce résultat s’explique par la hausse des prix du caoutchouc et la hausse de la production d’huile de palme », affirme Eric de Foresta, le DG de Safacam. Bien, plus, explique-t-il « Safacam a réalisé normalement ses activités. Le programme de renouvellement des plantations de palmiers et d’hévéas s’est poursuivi ».
En matière de perspectives, Eric de Foresta entrevoit un second semestre 2017 « plus difficile que le premier ». Car, note le DG, « sur le marché de l’huile de palme, la baisse habituelle de la production de fin d’année ne permet pas d’envisager une activité aussi soutenue qu’au cours du premier semestre ». Concernant le caoutchouc, une incertitude demeure sur l’évolution des prix internationaux qui, après une hausse durant le 1er trimestre (107,35 dollars US), sont revenus à un bas niveau (79,77 dollars US).
S.A
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