(Investir au Cameroun) - Le ministre camerounais de l’Agriculture, Gabriel Mbairobe, a procédé le 2 juin 2022 dans la ville de Mora, dans la région de l’Extrême-Nord, au lancement officiel de la campagne agricole 2022 dans la partie septentrionale du pays (régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord). Au cours de cette cérémonie, a révélé Cameroon Tribune, le quotidien à capitaux publics, ce membre du gouvernement a dressé le bilan de la campagne agricole 2021. Celle-ci a été marquée dans la région de l’Extrême-Nord par un déficit céréalier de 74 560 tonnes, contre seulement 15 560 tonnes en 2020. Ce qui révèle une hausse du déficit de 58 919 tonnes en glissement annuel, soit 378% en valeur relative.
À l’origine de cette explosion du déficit céréalier dans la région de l’Extrême-Nord, important bassin de production des céréales, qui occupent une place prépondérante dans les habitudes alimentaires des populations des trois régions septentrionales du Cameroun, le ministre Mbairobe met à l’index les conflits, les ravages de la chenille légionnaire, les attaques des oiseaux granivores et la destruction des plantations par des pachydermes.
En effet, l’on se souvient qu’au mois de février 2021, des éléphants en divagation avaient officiellement détruit environ 240 hectares de champs de céréales (maïs, mil, coton, arachides) dans les départements du Mayo-Danay et du Mayo-Kani, tous deux situés dans la région de l’Extrême-Nord. Le même phénomène s’était reproduit au mois d’octobre 2021 dans le Mayo-Kani. Sorti de son abri naturel, un troupeau composé d’environ 500 éléphants avait détruit plusieurs dizaines d’hectares de cultures dans la localité de Moulvoudaye, avait-on appris de sources locales.
Changements climatiques
« Le milieu naturel reconnu pour les éléphants est le parc de Waza, vaste de 153 000 hectares. Il y a une trentaine d’années, le problème ne se posait pas. Puis, à un moment, les éléphants se sont divisés en deux groupes (…) Il s’agissait de déplacements saisonniers, c’est-à-dire en périodes difficiles, pour aller dans des biotopes où l’on retrouve facilement de l’eau et des graminées. Grâce à leur horloge biologique, ces éléphants remontaient au parc de Waza le moment venu. Mais, compte tenu des changements climatiques, les conditions de vie deviennent plus rudes à Waza et les éléphants n’y retournent plus facilement », confie Jean David Ndjida, le délégué régional des forêts et de la faune pour l’Extrême-Nord, qui explique ainsi les raisons de cette invasion régulière des champs par les éléphants, dans cette partie du pays.
Mis à part les ravages des pachydermes sur les cultures, les départements du Logone et Chari et du Mayo Tsanaga, dans la région de l’Extrême-Nord, ont été, en fin d’année 2021, le théâtre d’une invasion des oiseaux granivores. De sources locales, ces oiseaux avaient attaqué pas moins de 1 500 hectares de céréales. « Ces oiseaux ont leur nid soit à l’intérieur du parc national de Waza, soit dans la zone rouge du côté du Nigeria. (…) Quand le sorgho en est en phase laiteuse, il devient leur produit de consommation par excellence. C’est pour cela que lorsqu’il n’y a pas d’intervention, ces oiseaux peuvent réduire la production à néant », avait expliqué un responsable du ministère de l’Agriculture au trihebdomadaire régional L’œil du Sahel, pour justifier ce phénomène.
La chenille légionnaire, grande ravageuse de céréales telles que le maïs et le sorgho, ne s’attaque généralement pas seulement à la partie septentrionale du Cameroun. En 2018, par exemple, selon le ministère de l’Agriculture, elle avait été signalée dans sept régions sur les 10 que compte le Cameroun, mettant en danger 75% de la production céréalière du pays, avaient indiqué les autorités publiques. Celles-ci avaient d’ailleurs, cette année-là, bénéficié d’un appui de 150 millions de FCFA de la FAO, pour implémenter le projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire d’automne (CLA).
Brice R. Mbodiam
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