(Investir au Cameroun) - Selon le Premier ministre (PM) camerounais, Joseph Dion Nguté, à fin août 2021, le ratio de soutenabilité de la masse salariale au sein de la Fonction publique camerounaise a culminé à 41,9%, contre un maximum de 35% admis dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale). Et dans le meilleur des cas, au 31 décembre 2021, a précisé le PM le 26 novembre 2021 devant les députés, cet indicateur, qui fait le rapport entre le volume des recettes fiscalo-douanières collectées au cours d’une année et les dépenses de personnel de l’État, devrait pouvoir se stabiliser à 40%, ce qui est une fois de plus supérieur au maximum admis dans la zone Cemac.
En effet, à en croire divers documents gouvernementaux, depuis plus de 10 ans, l’État du Cameroun peine à respecter ce ratio de soutenabilité de la masse salariale édicté dans le cadre des critères de surveillance multilatérale en vigueur dans la zone Cemac. Et pour cause, la masse salariale des agents publics augmente au fil des années. Pour preuve, en 2022, cette masse salariale, qui constitue pourtant de plus en plus un objet de préoccupation pour l’équilibre budgétaire du pays, devrait une nouvelle fois augmenter de 5,5% en glissement annuel. Dans les prévisions gouvernementales, elle atteindra 1 064,6 milliards en 2022, contre 1 009,3 milliards en 2021.
À l’origine de cet accroissement continu de la masse salariale de l’État du Cameroun depuis plus d’une décennie, se trouvent les recrutements massifs à la fonction publique. « L’analyse de l’évolution des dépenses de personnel au cours des 10 dernières années a permis de relever que la masse salariale effectivement payée aux agents publics dans le budget de l’État croit annuellement de 5,6% en moyenne, malgré les multiples actions d’assainissement du fichier solde de l’État (…) Cette progression a été déjà relevée dans l’étude réalisée en 2018 sur la soutenabilité de la masse salariale, qui avait établi, par ailleurs, que l’augmentation des effectifs est la principale source d’accroissement de la masse salariale. Cette augmentation résulte du niveau très élevé des recrutements au cours des dix dernières années, en comparaison avec les départs à la retraite », peut-on lire dans un document annexé à la loi de finances de l’État, pour l’exercice 2021.
À en croire le gouvernement, ces recrutements massifs sont largement dominés par le secteur de l’éducation, notamment l’enseignement secondaire. « En passant de 30 640 à 83 308 entre janvier 2010 et juin 2020, les effectifs des enseignants du secondaire se sont multipliés par 2,7. Ils représentent désormais 34,4% des effectifs de la fonction publique, alors qu’ils n’en représentaient que 15,8% au début de l’année 2010. De même, leur masse salariale représente 32,3% contre 21% en 2010 », souligne le document sus-mentionné.
Au demeurant, en dehors des recrutements massifs, l’accroissement soutenu de la masse salariale au Cameroun ces dernières années est aussi la conséquence des manipulations mafieuses effectuées sur le fichier solde de l’État. Le récent Comptage physique des personnels de l’État (Coppe), organisé par le ministère des Finances, a, par exemple, permis d’extirper de ce fichier des milliers d’agents publics fictifs, et d’identifier des pensionnés et des personnels encore actifs, percevant indûment certains paiements et autres avantages depuis des années. Selon le chef du gouvernement, cette opération a permis au Trésor public d’économiser une enveloppe totale de 51 milliards de FCFA en 2021.
Brice R. Mbodiam
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