(Investir au Cameroun) - Décriant le non-paiement de ses factures par l’État du Cameroun, le constructeur canadien Magil a servi, le 20 juillet, au ministère des Sports (maître d’ouvrage) et à ses sous-traitants, une lettre annonçant la suspension des travaux du complexe sportif d’Olembe pour une première période de 30 jours.

« Magil Construction Corporation (MCC) en sa qualité d’agent de l’administration se trouve dans l’obligation de suspendre les travaux sur le stade d’Olembé pour une durée de 30 jours. Cette situation fait suite au non-respect de ses obligations contractuelles par le maître d’ouvrage représenté par le ministère des Sports et de l’Éducation physique (Minsep), situation qui rend impossible la poursuite des activités sur le site de construction », écrit le vice-président exécutif de l’entreprise.

Franck Mathière ajoute qu’en dépit des multiples relances, le Minsep n’a toujours pas procédé au règlement des derniers décomptes dans lesquels se trouvent les factures des sous-traitants. De plus, accuse, le vice-président exécutif, en dépit d’un marché exonéré de taxes, le maître d’ouvrage n’a toujours pas produit les attestations de prise en charge de la TVA et les droits de douane, faisant peser « un risque conséquent » sur tous les acteurs du projet.

« MCC, en sa qualité d’agent d’administration, tient à vous assurer par la présente qu’elle utilisera tous les moyens contractuels et légaux pour préserver ses droits ainsi que ceux des sous-traitants. Aucun effort ne sera négligé pour obtenir les paiements des travaux effectués par les sous-traitants à la satisfaction de tous et les exonérations auxquelles l’ensemble des acteurs sont en droit de prétendre pour régulariser leur situation auprès des administrations concernées », menace le vice-président exécutif.

Réponse du berger à la bergère

Contacté, le ministère des Sports réfute les accusations de Magil. « Nous avons appris que l’entreprise a décidé de suspendre les travaux pour des factures non payées. Mais la vérité est ailleurs. Magil a plutôt reçu des avances de paiement. C’est-à-dire que le gouvernement a débloqué des ressources pour payer les prestations du prestataire à l’avance. Pas plus tard qu’en juillet 2021, cette entreprise a reçu une avance de 4 milliards de FCFA. Lorsqu’elle nous demande de l’argent supplémentaire, nous lui avions signifié qu’on veut d’abord un état de l’utilisation de l’argent qui lui avait été déjà viré grâce à une banque de la place », déclare-t-on au Minsep.

La même source ajoute : « Nous ne comprenons pas qu’on nous parle de sous-traitants à payer, de factures impayées alors même que le gouvernement est en dépassement dans le paiement des honoraires de l’entreprise. La situation est pourtant simple : que Magil justifie l’utilisation des ressources qui lui ont déjà été allouées, et cela nous donnera une visibilité financière qui peut permettre d’enclencher d’autres paiements. Nous voulons un compte d’emploi ».

Selon le Minsep, Magil a déjà perçu plus de 42 milliards de FCFA, dont 38 milliards proviennent du prêt de 55,17 milliards de FCFA que le gouvernement a contracté auprès de Standard Chartered Bank, à Londres, pour achever le complexe sportif.

Le Canadien Magil a repris les travaux de construction du complexe d’Olembe après le retrait du marché, le 29 novembre 2019, au groupe italien Piccini. Le groupe italien aurait dû livrer ne serait-ce que le stade d’Olembe au mois de septembre 2018. Actuellement, les deux stades annexes de 1000 places chacun sont achevés. Le stade principal (60 000 places) du complexe a aussi été érigé, mais il n’est pas terminé. Le 18 avril dernier, le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a même adressé une demande d’explications à l’entreprise canadienne Magil parce que le stade à peine construit se dégradait déjà.

Il reste par ailleurs à achever le centre commercial ; l’hôtel 4 étoiles de 70 chambres, le gymnase ; les terrains de tennis, handball et basket-ball ; la piscine olympique ; le musée et la salle de cinéma. Mais, à ce jour, les travaux sont au ralenti du fait du non-paiement des sous-traitants engagés dans le projet, dont le français Razel.

Sylvain Andzongo

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