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Yaoundé - 27 avril 2024 -
Economie

Codification, certification… : des pistes pour faire de la gastronomie un levier de croissance économique au Cameroun

Codification, certification… : des pistes pour faire de la gastronomie un levier de croissance économique au Cameroun

(Investir au Cameroun) - La cuisine camerounaise doit être codifiée pour devenir un levier de croissance économique et un vivier d’emplois, soutiennent les spécialistes de l’art culinaire. Et cela passe nécessairement par l’identification des mets emblématiques ou patrimoniaux du Cameroun et la rédaction d’une « encyclopédie ». C’est l’une des recommandations formulées par les participants du colloque international organisé en marge du festival culinaire « Diaspora Kitchen », tenu du 9 au 10 mars dernier à Mouanko, commune du département de la Sanaga-Maritime dans la région du Littoral.

« Cela avait déjà été demandé il y a 30 ans lors d’un colloque tenu au Cameroun en avril 1993, où l’on recommandait la mise à disposition d’un inventaire national des mets traditionnels. Cela n’a pas été fait. Aujourd’hui, il faudrait que toutes les intelligences qu’il y a dans ce pays se coalisent pour qu’on ait cette encyclopédie », affirme l’anthropologue Mbonji Edjenguèlè, qui présidait le comité scientifique dudit colloque.

Car si la cuisine camerounaise est riche et diversifiée, elle cherche encore une visibilité à l’international. Le Ndolè, plat traditionnel ancestral de la région du Littoral, s’est exporté et se retrouve aujourd’hui sur les cartes de certains restaurants à l’étranger, notamment en France. Mais cette notoriété n’a pas suffi à faire inscrire cette spécialité culinaire au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, comme le « thiéboudiène » (riz au poisson), plat populaire du Sénégal, la « harissa », purée de piments rouges originaires de Tunisie ou encore le couscous, plat emblématique de l’Afrique du Nord.

Propriété intellectuelle

Le ministère des Arts et de la Culture (Minac) a inscrit, par arrêté ministériel, 28 spécialités culinaires au patrimoine national avec comme objectif à long terme de soumettre certaines d’entre elles à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Pour le gouvernement, cette démarche participe de la valorisation du patrimoine culinaire camerounais. Au ministère du Tourisme et des Loisirs (Mintoul), l’on assure que tout est mis en œuvre pour promouvoir le secteur de la gastronomie et en faire un atout touristique.

« Le gouvernement entretient un certain nombre d’initiatives, notamment la protection de nos traditions culinaires. Quatorze traditions culinaires ont déjà été sélectionnées pour leur protection (à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, NDLR), tout comme sont en gestation le processus de codification de notre cuisine et la mise en place d’un Programme national sur la gastronomie », indique le secrétaire général du Mintoul, Paul Marcel Ndioro à Mamoun. Le Cameroun veut en effet booster son tourisme à travers un projet sur la propriété intellectuelle et le tourisme gastronomique initié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). 

Ce projet vise « à promouvoir l’utilisation de la propriété intellectuelle en lien avec les traditions culinaires du Cameroun et s’inscrit dans la prise de conscience de la pertinence de la gastronomie comme moyen d’encourager le tourisme », explique l’Organisation sur son site Internet. Une étude exploratoire sur 20 plats camerounais « typiques » qui jouissent d’une renommée nationale et internationale et qui peuvent par conséquent contribuer au développement du tourisme a été menée fin 2021.

À l’issue de celle-ci, 10 traditions culinaires ont été sélectionnées, à savoir : le Ndolè, le Mbokko bè le Ngniiri, le Kilichi, le Ndomba de chèvre, le Mbongo’o tchobi, le Bitoso Ri Kipen Ki Bazi, le Nnam ngön, le Kondrè, l’Ekoki et le Eru. Quatre traditions culinaires (Achu, Sanga, Neé Gouo lié et Okok) ont été retenues en réserve, apprend-on. Les efforts du gouvernement sont salués par les spécialistes de la gastronomie, qui rêvent de voir les mets patrimoniaux passer de l’ombre à la lumière.

Standards internationaux

« Nous avons une pléthore de 200 plats dans notre pays. Mais il faut voir comment les adapter pour qu’ils soient servis sur les tables du monde entier. Cela passe par le travail, les échanges, les rencontres avec des chefs, etc. Les initiatives comme Diaspora Kitchen vont donner la possibilité de porter ce type de projet aux certifications internationales », soutient le chef camerounais Christian Abégan, pionnier de la gastronomie camerounaise et africaine et auteur d’un livre de recettes à succès. Diaspora Kitchen vise, selon ses promoteurs, à normaliser et codifier l’art culinaire camerounais et former les acteurs locaux qui travaillent dans des hôtels et des restaurants à faire connaître la cuisine traditionnelle camerounaise. 

Le but visé est un meilleur positionnement des plats traditionnels du pays au niveau international. « Diaspora Kitchen vise l’émergence et la promotion des mets et plats qui font la fierté de l’art culinaire camerounais. Il place la sauvegarde du patrimoine légué par nos pères fondateurs au premier plan des espoirs de production de richesse et de génération d’emplois décents dans nombre de métiers du secteur culinaire », déclare sa promotrice, Ama Tutu Muna, présidente de l’ONG Générations Partenaires du progrès (GPP). Des chefs passionnés comme Christian Abégan, Émile Engoulou ou encore Rose Lissouck travaillent sans relâche pour proposer une évolution de cette cuisine et la proposer sur des standards internationaux, avec un aménagement qualitatif de santé et une mise en avant des produits du terroir.

Patricia Ngo Ngouem, de retour de Mouanko

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