(Investir au Cameroun) - Dans une récente étude consacrée aux effets du coronavirus sur l’économie du Cameroun, Francis Ghislain Ngomba Bodi, en service à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), fait savoir que les dépenses d’intérêt sur la dette publique du pays devront augmenter dans les trimestres qui viennent.
Et pour cause, explique l’étude, la réduction du chiffre d’affaires des entreprises au Cameroun contribuera à diminuer les rentrées fiscales du gouvernement. Ce mouvement de baisse sera amplifié par le choc pétrolier. Dans le même temps, il y aura nécessité pour le gouvernement d’accroître ses dépenses publiques, notamment de santé. Donc la simultanéité de l’augmentation des dépenses et de la baisse des recettes devrait aggraver le déficit budgétaire qui était déjà à 2,6 % du PIB en 2019.
Les simulations de la Banque centrale montrent que ce déficit pourrait tripler, ou pis quadrupler en 2020. Cette évolution devrait alors entraîner un accroissement de l’endettement public et une hausse de la charge de cette dette. « En effet, l’aggravation du déficit public exacerbe les risques sur la dette publique et accroît la prime de risque souveraine. Ce qui pousse le marché à exiger des rendements plus élevés pour les bons et obligations du Trésor », explique l’étude.
Elle prend pour illustration le fait que le trésor public camerounais attendait 50 milliards de FCFA lors de son émission d’obligations du Trésor à 2 ans pour 3,50 % de taux d’intérêt annuel, le 29 avril 2020. Cependant, il n’a pu engranger que 34 milliards de FCFA au taux initial fixé, sur une souscription totale de 46 milliards FCFA seulement. Cela montre que les dépenses d’intérêt sur la dette publique devront augmenter dans les trimestres à venir.
Bien plus, indique l’étude, du fait de l’appréciation du dollar US résultant principalement de la baisse des cours internationaux des matières premières, la charge de remboursement de la dette va significativement s’élever, au regard de l’accroissement exponentiel de l’endettement auprès de la Chine au cours des huit dernières années.
Face à cela, le gouvernement se verra obligé d’effectuer une compression des postes de dépenses, notamment dans sa consommation, en même temps que les arriérés intérieurs s’accumuleront considérablement. La détérioration de la situation budgétaire devra rejaillir sur la trésorerie des entreprises et amplifier plus encore l’atonie de l’activité économique.
S.A.