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Yaoundé - 26 avril 2024 -

La nouvelle ne fait pas encore l’objet de publicité. Mais les sources crédibles d’Investir au Cameroun révèlent que le tribunal administratif du Littoral vient de suspendre provisoirement le processus d’attribution du terminal à conteneurs au port de Douala-Bonabéri, à la demande du consortium Bolloré-APMT.

« Cette décision, avant l’examen au fond du dossier ne pourra pas empêcher la poursuite du processus », assure le Port autonome de Douala (PAD), l’autorité portuaire.

Des sources introduites indiquent que le PAD entend introduire une déclaration de pourvoi, en conformité avec la loi N° 2006/16/du 2 décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour suprême en son paragraphe V, article 111, alinéa (1). Cet alinéa dispose que « le pourvoi contre une ordonnance de sursis à exécution d’un acte administratif suspend de plein droit l’exécution de ladite ordonnance ». Au PAD, l’on maintient que « le processus d’attribution du terminal à conteneurs se poursuivra et les résultats sont attendus en mi-septembre 2019 ».

En juin dernier, le consortium Bolloré-APMT a saisi le tribunal administratif de Douala, dans la capitale économique camerounaise, pour obtenir des explications sur sa non-sélection dans le processus devant conduire à la désignation du nouveau concessionnaire du terminal à conteneurs du port de Douala, opéré par Bolloré depuis 2005.

Cinq entreprises avaient alors été short-listées par l’autorité portuaire pour remplacer Bolloré. Il s’agit de CMA Terminals, basé à Marseille en France ; de la société émiratie Dubaï Port World ; de Hutchison Port Investments Ltd, entreprise immatriculée aux Iles Caïmans ; du Saoudien Red Sea Gateway Terminal ; et de Terminal Investment Ltd, une société basée à Genève en Suisse.

Le couple Bolloré-APMT, dont le contrat de concession du terminal à conteneurs du port de Douala arrive à expiration en décembre 2019, a été exclu de la suite de la compétition, bien qu’ayant postulé pour un renouvellement de son bail. La bataille judiciaire devrait se poursuivre.

Sylvain Andzongo

Le ministre camerounais de Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, a présidé le 9 août, au Congo-Brazzaville, le conseil d’administration de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC).

Au cours de cette réunion, apprend-on, le conseil a approuvé la proposition de participation de la BDEAC au capital la Banque africaine d’import-export (Afreximbank). « La prise de participation de la Banque au capital de cette institution continentale est en parfaite cohérence avec son Plan stratégique 2017-2022, au regard notamment de sa nouvelle politique de financement du commerce dans la sous-région. Cette prise de participation répond en plus à la politique de coopération croisée adoptée par les deux institutions dans le cadre du mémorandum d’entente signé le 6 mars 2018 », explique la BDEAC. Elle ne précise cependant pas le niveau de participation dans le capital d’Afreximbank.

Basée au Caire et opérant à Abuja, Abidjan, Harare et Kampala, Afreximbank est institution financière supranationale. Au 31 décembre 2017, le capital-actions autorisé de cette banque s’élevait à 5 milliards de dollars (près de 3 000 milliards de FCFA). Il est composé de 500 000 actions ordinaires de 10 000 USD (près de 6 millions de FCFA) chacune. Ses états financiers abrégés audités pour l’exercice clos le 31 décembre 2018 affichent un résultat global total de 285,4 millions de dollars.

La BDEAC et Afreximbank ont régulièrement financé des projets en tandem. Le 11 juillet 2018 par exemple, elles ont signé un accord-cadre de cofinancement de 500 millions d’euros (environ 327,5 milliards FCFA), en faveur de la Cemac. Ceci afin de répondre aux nombreuses sollicitations de financement des projets émanant des pays de la sous-région constituée du Cameroun, de la RCA, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale et du Tchad.

S.A

Selon les comptes nationaux du Cameroun, publiés par l’Institut national de la statistique (INS), le niveau des investissements du pays est en hausse de 26,3 % au premier trimestre 2019 comparativement à la même période en 2018. Cette hausse est en symbiose avec une consolidation de la formation brute du capital fixe (1084,8 milliards de FCFA) qui contribue pour 1,2 point à la croissance du PIB. « L’évolution du niveau global des investissements s’explique par la demande des machines et appareils électriques, des matériels de transport ainsi que des investissements dans les bâtiments et travaux publics (BTP) », relève l’INS.

L’Institut précise que, pendant que la composante privée contribue fortement de 2,2 points à la croissance du PIB, la dynamique du niveau global est a contrario freinée par la contraction des investissements publics de 21,6 %, impactant négativement (1,0 point) la croissance du PIB. Au cours de la période sous revue, l’investissement privé est estimé à 930,5 milliards de FCFA et l’investissement public à 133,7 milliards de FCFA.

Par ailleurs, la baisse de la demande des produits issus de l’industrie de fabrication des meubles de 37,6 % a contribué aussi à ralentir l’évolution du niveau des investissements.

S.A

Entre les premiers trimestres 2019 et 2018, le solde de la balance commerciale du Cameroun s’est détérioré et demeure déficitaire de 8,3 % du PIB.

Selon l’Institut national de la statistique (INS), cette dégradation s’explique par la baisse en volume des exportations de 11,2 % combinée à la hausse des importations de 7,2 %. Les exportations du pays au premier trimestre 2019 sont évaluées à 1025,8 milliards de FCFA (720,3 milliards pour les biens et 305,5 milliards pour les services). Et les importations ont englouti 1339,1 milliards (958,6 milliards pour les biens et 380,4 milliards pour les services). Ce qui crée un gap de 313 milliards de FCFA dans la balance commerciale du pays.

En effet, les exportations de biens et services du Cameroun enregistrent une baisse prononcée en volume de 11,6 % au premier trimestre de 2019 par rapport au trimestre correspondant en 2018, et impactent négativement de 2,3 points la croissance du PIB. Cette mauvaise performance est principalement imputable aux exportations de biens qui baissent de 11,3 % faisant régresser la croissance de 1,7 point.

Les exportations de services sont également en recul de 11,0 % et impactent négativement la croissance de 0,6 point. Les principaux produits exportés au cours du trimestre sont le bois scié, et les produits agricoles transformés en particulier le beurre et la pâte de cacao.

Les autres produits enregistrent des baisses remarquables : pétrole brut et de gaz naturel (14,6 %), les produits de l’agriculture industrielle (22,1 %) et le bois de grume (3,1 %). Hors pétrole brut et gaz, les exportations de biens enregistrent une baisse en volume de 10,1 % par rapport à la même période l’année précédente.

Les importations de biens et services enregistrent une hausse en volume de 7,2 % au premier trimestre 2019 et font reculer la croissance de 1,8 point. Cette évolution résulte de la hausse simultanée des importations de biens et des services. Les importations des biens ont augmenté de 7,3 % et impactent négativement à la croissance de 1,4 point. Parallèlement, les importations de services ont augmenté de 7,1 % et font régresser la croissance de 0,4 point.

Les principaux produits importés au cours du trimestre sont les produits de l’industrie du papier, de l’industrie des autres produits manufacturiers en particulier le carburant, de l’industrie du travail de grains (blé et riz), de l’industrie des autres activités agroalimentaires (poissons congelés) et de l’industrie de fabrication des meubles. Hors pétrole, les importations de biens croissent en volume de 7,1 %.

Sylvain Andzongo

Le tribunal militaire de Yaoundé, dans la capitale camerounaise, vient de prononcer une peine de condamnation à perpétuité à l’encontre de Sisuku Ayuk Tabe, le leader des séparatistes anglophones. Avec neuf autres personnes, M. Ayuk Tabe a été reconnu coupable de « terrorisme et sécession », apprend-on de sources proches du dossier.

Cet ancien employé de la défunte compagnie publique en charge de l’électricité (Sonel) s’était proclamé président de l’Ambazonie (État que les séparatistes anglophones veulent créer au Cameroun). C’était au lendemain de la montée en puissance des revendications séparatistes dans les deux régions anglophones du Cameroun (Nord-Ouest et Sud-Ouest) à la fin de l’année 2016.

Arrêté au Nigeria quelques mois plus tard, ce leader séparatiste avait été transféré au Cameroun avec neuf de ses lieutenants. Tout au long de leur procès devant le tribunal militaire de Yaoundé, ils ont toujours renié la nationalité camerounaise, se présentant comme des ressortissants de l’Ambazonie.

Pour rappel, la crise anglophone, déclenchée à la suite de revendications corporatistes des enseignants et des avocats en novembre 2016, a déjà fait environ 2000 morts, selon l’organisation Human Rights Watch (HRW). À en croire l’ONU, plus de 530 000 personnes ont fui ces deux régions camerounaises, dans lesquelles des combats opposent régulièrement l’armée régulière aux séparatistes.

BRM

La filiale rwandaise de l’équipementier télécoms IHS Towers est dirigée depuis le mois de juillet 2019 par le Camerounais Cyrille Kemayou. Avant cette promotion, ce diplômé en relations publiques et publicité était le directeur commercial de IHS Tower dans son pays.

Diplômé de l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) de Yaoundé, la capitale camerounaise, Cyrille Kemayou a travaillé chez MTN Cameroun pendant plusieurs années.

Il quittera ensuite la filiale locale du groupe télécoms sud-africain pour intégrer Unipal Central & West Africa, une multinationale qui contrôle un important réseau de distribution de produits divers en Afrique.

BRM

Les comptes nationaux du Cameroun pour le premier trimestre, publiés par l’Institut national des statistiques (INS), font ressortir comme information phare, une progression du produit intérieur brut (PIB) de 4,2 %. « Cette performance résulte du dynamisme des activités dans les trois secteurs (production, secondaire et tertiaire) », peut-on lire dans le document.

Un regard poussé de cette publication fait cependant ressortir quelques faiblesses qui devraient attirer l’attention de la première économie de l’Afrique centrale. Un premier point, c’est que cette progression découle d’une comparaison avec la performance enregistrée sur la même période en 2018. Un choix de comparaison qui peut masquer les variations de performances.

On relève ainsi qu’en valeur absolue, le PIB du Cameroun a reculé sur les deux derniers trimestres. Il était déjà en baisse de 1 % au cours du quatrième trimestre 2018 par rapport aux trois mois précédents et le PIB du premier trimestre 2019 est en réalité en baisse de 5,6 %, comparé à celui du dernier trimestre 2018.

Par ailleurs, on relève que le dynamisme du secteur tertiaire, revendiqué par les comptes du premier trimestre 2019, cache un certain ralentissement. Sa contribution chiffrée au PIB a été de 2110,1 milliards de FCFA au cours de la période. C’est le niveau de contribution le plus faible depuis le deuxième trimestre 2018. Un ralentissement de même ampleur a été constaté dans les secteurs secondaires (transformation) et primaires (production de base).

Un dernier point d’inquiétude, c’est que, aussi bien la consommation et surtout les investissements ont aussi baissé. L’investissement privé et public a pris une courbe descendante. Le Cameroun doit faire face à plusieurs vents contraires aussi bien au niveau de sa conjoncture nationale que sur le plan international. Son principal produit d’exportation (pétrole) et d’autres produits d’exportation ont connu une baisse des prix depuis le début de l’année.

Idriss Linge

Les éléments de la brigade mobile des douanes de Bamenda, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, viennent de procéder à la saisie d’une cargaison de 383 kilogrammes d’écailles de pangolins géants.

Selon la direction générale de la douane, la cargaison a été remise aux responsables du ministère de la Forêt et de la Faune. Ceux-ci devront enclencher des poursuites judiciaires contre les contrevenants à la loi faisant des pangolins géants une espèce protégée au Cameroun.

Cette saisie a été réalisée dans le cadre de l’opération baptisée « Halte au commerce illicite » (Halcomi), initiée depuis plusieurs mois par les autorités camerounaises. Cette opération coup de poing vise à protéger l’espace commercial local, inondé de produits de contrebande.  

BRM

Au cours de l’année 2018, la société des Plantations du Haut Penja (PHP), filiale locale de la Compagnie fruitière de Marseille, n’a récolté que 12 tonnes de poivre de Penja, contre 40 tonnes il y a encore quelques années. Cette baisse de production, révèle Jules Kamdem, le responsable de la production du poivre à la PHP, est la conséquence de la diminution des surfaces cultivables, du fait des bio-agresseurs.

« Il s’agit de champignons qui déciment les plantations. Ils détruisent notamment les racines du poivrier. La situation est telle que si rien n’est fait pour combattre ces champignons, le poivre de Penja n’a pas d’avenir. Pour l’instant, les chercheurs nous ont simplement conseillé de délocaliser nos plantations », explique Jules Kamdem.

En effet, les anciennes plantations de poivre de la PHP, infestées de champignons nocifs aux poivriers, ont été recyclées en bananeraies, apprend-on officiellement. En raison de cette réalité, les superficies servant à la production du poivre de Penja au sein de cette unité agro-industrielle ont été réduites de moitié. À en croire Jules Kamdem, elles sont passées de 40 hectares, il y a encore quelques années, à seulement 21 hectares de nos jours.

 « Vous avez dû constater que depuis sa labélisation, il y a une ruée vers le poivre de Penja. Mais le volume de la production ne suit pas. C’est à cause de ces champignons qui détruisent les poivriers. Il faut que les chercheurs viennent s’installer sur le site de Penja pour pouvoir trouver une solution à ces bio-agresseurs », affirme le responsable de la production du poivre de Penja à la PHP.

Selon nos sources, en 2018, l’Agence française de développement (AFD) a financé un programme de recherche, afin d’éviter le péril qui menace le poivre de Penja. L’on se souvient que c’est ce même bailleur de fonds qui avait contribué à la labélisation du poivre de Penja par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), dans le cadre d’un programme sur les indications géographiques.

À la faveur de sa labélisation, le prix du kilogramme du poivre de Penja, épice prisée par les meilleurs cuisiniers à travers le monde, est passé de 2500 à 14 000 FCFA. Cette aubaine pour les producteurs de Penja et ses environs semble progressivement se muer en cauchemar, à cause de bio-agresseurs qui ont pris possession des terres de la localité de Penja, située dans la région du Littoral du Cameroun.

Brice R. Mbodiam

Lire aussi:

13-06-2018 - Cameroun : des pistes pour améliorer la qualité du poivre de Penja, afin de conquérir le marché européen

08-01-2018 - L’Etat camerounais va injecter près d’un milliard FCfa dans un projet de production du poivre de Penja

03-11-2017 - Après le miel d’Oku et le poivre de Penja, une quinzaine d’autres produits camerounais vont à l’assaut de la labélisation

Minette Libom Li Likeng, le ministre des Postes télécommunications (Minpostel), a signé le 17 juillet dernier une décision portant organisation et fonctionnement d’un Groupe de travail chargé de mener l’étude de faisabilité d’un programme spatial au Cameroun (Camspace).

Ledit Groupe est chargé de fournir, entre autres, les données relatives à la capacité du pays à mener un tel programme, s’enquérir des procédures de mise en œuvre des réseaux à satellites, des ressources humaines nécessaires, l’étude d’impact environnemental à mener, l’évaluation du coût de mise en œuvre et de la rentabilité économique.

Les experts camerounais sont issus de près d’une vingtaine d’administrations et organismes dans les secteurs suivants : Enseignement supérieur, Télécoms, Recherches, Agriculture, Sûreté nationale, Environnement, Mines et technologiques, etc.

Ce groupe de travail, indique Minette Minette Libom Likeng, sera dissout de plein droit dès le dépôt du rapport général auprès du Minpostel qui doit intervenir au plus tard de deux mois après la validation par le Comité interministériel d’attribution des bandes de fréquences.

Si le programme spatial se réalise, le Cameroun va rejoindre des pays africains comme l’Afrique du Sud, le Ghana, l’Angola, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, le Nigéria, ou le Rwanda, qui possèdent déjà leurs propres satellites.

SA

Dans une lettre circulaire datée du 14 août, Abbas Mahamat Tolli (photo), le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), apporte des précisions sur les transferts hors de la Cemac (Cameroun, Centrafrique Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) des revenus de travail des non-résidents et des résidents étrangers.

« L’intégralité des revenus de travail réglés en FCFA peut être transférée hors de la Cemac à condition que le non-résident ou le résident étranger apporte la preuve de la prise en charge d’une partie de ses dépenses locales (loyers, frais d’hôtel et autres éléments de subsistance). À défaut, le montant des revenus de travail à transférer ne peut excéder 75 % de ces revenus », indique le document signé par le gouverneur. Cependant, précise-t-il, le transfert des revenus de travail en devise, en faveur des non-résidents étrangers, est libre.

En outre, indique le gouverneur de la Beac, le non-résident ou le résident étranger peut déléguer le transfert hors de la Cemac du revenu de travail à l’entité ayant réglé ce revenu, à condition que le transfert se fasse directement au bénéfice du compte à l’étranger du non-résident ou du résident étranger. L’entité devra, entre autres, joindre à la demande de transfert une attestation de délégation de transfert du revenu de travail signé par le non-résident ou le résident étranger.

Les entités déléguées doivent déclarer à leur établissement de crédit semestriellement (au plus tard le 15 janvier et le 15 juillet), un état détaillé des bénéficiaires des revenus de travail dont ils ont la charge du transfert hors de la Cemac. Cet état reprend par bénéficiaire les salaires, les honoraires et autres revenus de travail (per diem, indemnités diverses et avantages sociaux) à régler par l’entité déléguée, les montants à transférer hors de la Cemac, les références bancaires (codes IBAN) des bénéficiaires des revenus de travail à l’étranger.

S.A

Près d’un mois après son séjour au Cameroun en juillet dernier, Makonnen Asmaron, le président du groupe italien Piccini, a signé, le 15 août, un message porté. Il y prend l’engagement de faire régler des arriérés de salaires dus aux personnes ayant travaillé sur le site du Complexe sportif d’Olembe, dans la périphérie de Yaoundé.

Le président de Piccini indique que le paiement desdits arriérés de salaire à tous les ayants droit se fera de manière échelonnée. Dans ce sens, une première tranche d’un montant de 250 millions de FCFA sera payée à compter du 23 août 2019. La seconde, d’un montant de 300 millions de FCFA, sera réglée pour fin août 2019. Ce qui fait un total de 550 millions de FCFA. « Le reste pour fin septembre 2019 », promet Makonnen Asmaron.

En outre, le président de Piccini confirme que des dispositions techniques sont prises en vue de relancer les travaux de construction du complexe sportif d’Olembe. En effet, depuis plusieurs semaines, les travaux sont arrêtés du fait des tensions de trésorerie et des grèves à répétition des employés. Ce qui a amené Makonnen Asmaron a rencontré le 24 juillet dernier, à Yaoundé, le ministre camerounais des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze. À l’occasion, il a sollicité du Minfi la signature d’une convention de cautionnement pour que l’entreprise obtienne un financement auprès des banques locales, afin d’accélérer le chantier. La presse attend toujours de connaître la suite qui a été réservée à cette requête.

Dans le cadre de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019 qui a été retirée au Cameroun, Piccini a décroché le marché de construction d’un complexe sportif, dont un stade de 60 000 places à Olembe, pour un montant de 163 milliards FCFA. L’infrastructure qui aurait dû être livrée au mois de septembre 2018 n’est toujours pas achevée.

S.A

Le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana, a procédé le 13 août dernier au lancement solennel de la campagne cacaoyère 2019-2020 à Sangmelima, dans la région du Sud-Cameroun. En hausse de 4,2 % par rapport à la saison précédente, la production commercialisée de cacao s’est établie à 264 253 tonnes.

Au cours de cette cérémonie, le membre du gouvernement a indiqué que les perspectives sont favorables de l'émergence d'un marché intérieur porté par l'accroissement des capacités locales de transformation de la fève (58,552 tonnes); l'intérêt marqué des maîtres-chocolatiers pour l'origine Cameroun; l'augmentation des commandes et l'excellente qualité du cacao, dont le prix d'achat bord-champ a atteint le niveau record de 2 000 FCFA en 2018.

La bonne nouvelle annoncée par le Mincommerce aux planteurs, c'est le paiement très prochainement de la prime d'excellence du président de la République aux producteurs du cacao de Grade 1.

Pour autant, toutes ces performances ne changent pas le fait que Cameroun est encore loin des objectifs qu’il s’est lui-même fixé pour l'année prochaine. En effet, dans le rapport de suivi de la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur rural au Cameroun, le ministère en charge de l’Agriculture écrit que la production de cacao a connu une amélioration entre 2014 (281 000 tonnes) et 2018 (336 000 tonnes produites à l’opposé de la quantité commercialisée). Cependant, écrit le ministère, « la cible de 600 000 tonnes prévue en 2020 ne sera vraisemblablement pas atteinte ».

S.A

Louis Paul Motaze, le ministre des Finances (Minfi), a signé le 14 août dernier à Yaoundé, une convention avec les établissements de crédit relativement à la migration du mode de règlement de la solde et des pensions des agents publics en activité et à la retraite au Cameroun.

Le Minfi a indiqué que désormais, le trésor public camerounais, via la plateforme du Système de télécompensation en Afrique centrale (Systac), va approvisionner directement le RIB du bénéficiaire de la solde ou de la pension auprès des institutions financières (banques et établissements de microfinances).

Et pour cause, depuis la réforme des systèmes de paiement en 2007, la solde des agents publics et les pensions ont été virés via le Système de gros montant automatisé (Sygma) en un montant unique à destination de chacune des banques domiciliataires des RIB des bénéficiaires. Ce virement unique était accompagné d’une clé de répartition transmise aux banques sur support amovible. Il revenait alors à ces dernières de répartir le « gros montant » suivant la clé de répartition entre leurs clients agents publics et les EMF domiciliataires de la solde et des pensions.

Seulement, a expliqué Louis Paul Motaze, « si le mode actuel de règlement des salaires via Sygma présentait quelques avantages, dont le plus important et non des moindres, est relatif à une certaine économie en temps de travail, celui-ci accusait cependant des limites importantes au rang desquelles l’opacité dans le traitement de la solde, des lenteurs dans le processus de retour de fonds issus des rejets salaires, la difficulté pour le trésor public de détecter des agents à plusieurs matricules et une inefficacité certaine dans le processus de suspension de la solde des agents en situation irrégulière ».

Actuellement, a précisé le membre du gouvernement, le Systac vise l’arrimage du Cameroun, à la disposition de l’article 43 de la charte de bonne conduite en matière d’exploitation des systèmes de paiement de la zone Cemac qui interdit d’agréger les valeurs nominales de moins de 100 millions de FCFA pour en faire une seule opération de gros montant. 

«La finalité de cette mutation est de permettre au ministère des Finances de régler les salaires en temps réel, de corriger les erreurs sur le traitement de la solde dans un délai maximum de 72 heures, d’assurer un retour quasi instantané des rejets salaires et de mieux appréhender les problématiques liées aux contentieux des rejets salaires», s’est félicité le Minfi.

Sylvain Andzongo

L’homme politique et activiste camerounais, Bernard Njonga, a publié le 5 août dernier, des photos de stocks de riz produits par la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) à Yagoua et Maga, grands bassins de production du riz dans l’Extrême-nord du Cameroun. « Du riz paddy (non décortiqué) plein dans les magasins de la Semry à Yagoua et Maga (160 000 tonnes environ) avec certains stocks qui datent de 2015 », s’est écrié Bernard Njonga.

En réaction, la direction générale de l’entreprise a publié une mise au point. On y apprend que les périmètres rizicoles de la Semry couvrent une superficie totale de 11 500 hectares (ha) soit 5 300 ha à Yagoua et 6 200 ha à Maga. « Ce périmètre est exploité par environ 20 000 familles de riziculteurs. Le chiffre de 130 000 familles de riziculteurs annoncé dans le document [de Bernard Njonga] en circulation n’est pas exact », écrit la direction générale. Toujours selon le top management de l’entreprise, le niveau record de production atteint par la société depuis sa création est de 110 000 tonnes. Il a été réalisé en 1985, il y a de cela 34 ans.

Bien plus, indique la direction, en raison d’importants travaux de réhabilitation du périmètre rizicole entrepris ces quatre dernières années par les pouvoirs publics à travers le Projet d’urgence contre les inondations (Pulci), les superficies effectivement mises en culture ont été en moyenne de 10 000 hectares. Ce qui correspond à une production de 65 000 tonnes de paddy annuellement.

« Afin de relancer la transformation du riz paddy, les pouvoirs publics ont doté la Semry en 2017 de deux chaînes d’usinage de 5 tonnes/heure, dont une déjà fonctionnelle à Yagoua et l’autre en cours d’installation à Maga. En prévision de la mise en service de ces deux nouvelles chaînes d’usinage, la Semry a procédé dès 2017 à la constitution progressive des stocks de paddy dans ses magasins », se défend la direction générale. Mais, elle ne donne pour autant pas de réponses sur les quantités de riz en stock dans ses entrepôts.

À en croire la Semry, son riz est déjà présent dans toutes les trois régions septentrionales du pays en l’occurrence à Maroua (11 points de vente), Garoua (2 points de vente) et à Ngaoundéré (4 points de vente). Des démarches seraient en cours pour un approvisionnement régulier de la ville de Yaoundé.

La direction générale rappelle que le riz de la Semry est un aliment de « très haute qualité nutritive et demeure le meilleur de tous les riz présents sur le marché camerounais depuis le concours national de dégustation du riz organisé à Yaoundé, en marge du Comice agropastoral d’Ebolowa [en 2011] par le ministère du Commerce ».

Entre temps, enrage M. Njonga, le Cameroun continue d’importer du riz. Le pays a ainsi importé plus de 800 000 tonnes de riz en 2017 pour plus de 150 milliards de FCFA.

Sylvain Andzongo

Une part importante des populations de la ville de Yaoundé, la capitale camerounaise, vit désormais au rythme de coupures alternées d'électricité. ENEO la structure en charge de la distribution d'électricité, et dont le premier actionnaire est Actis, une importante firme britannique de private equity, a diffusé un communiqué expliquant qu'une de ses importantes centrales de répartition dans la ville avait brûlé, causant cette perturbation de réseau

« Un plan de rotation de la fourniture d'électricité s'étendra en diminuant progressivement jusqu'à la fin du mois », peut-on lire dans le communiqué. En réalité, la situation de crise devrait durer entre 2 et 6 mois, le temps que prendra la reconstruction du poste de répartition. En attendant, le manque d'informations précises sur le planning de rotation ne va pas sans causer des désagréments.

2845 investir

Dans le quartier universitaire où abondent des petites et moyennes entreprises de services de reprographie, les promoteurs ont accusé le coup plus de 6 jours d'affilé sans avoir une explication précise. Certains ont déjà choisi de se mettre au groupes électrogènes, mais pour la grande majorité, on fait déjà le bilan des pertes. Plusieurs autres petits acteurs économiques qui dépendent du courant électrique disent leur inquiétude.

Aucune cause n'a été donnée quant aux origines de l'incendie. Mais les populations riveraines de ce poste ne semblent pas surprises, car les installations étaient perçues comme très vétustes. Il est difficile de savoir qui de l'actionnaire acquéreur ou de l'Etat, avait la responsabilité d'investir sur le renouvellement de l'équipement. Le cahier des charges de la concession n'est pas public.

L'accès à l'énergie demeure un défi majeur au Cameroun. De nombreuses initiatives du gouvernement, tant en terme d'investissement que d'amélioration du cadre législatif, ont été menées, mais leur efficacité reste attendue. De nombreuses localité situées en zone périurbaines manquent encore d'électricité fluide, et dans les grandes villes de Yaoundé et de Douala, les coupures restent fréquentes.

Idriss Linge

L’Institut national de la statistique (INS) vient de publier ses comptes nationaux. Ils montrent que le Cameroun affiche une amélioration de l’activité économique au premier trimestre de 2019, traduite par une croissance de 4,2 % du PIB.

Du côté de l’offre, indique l’INS, cette performance résulte du dynamisme des activités dans les trois secteurs : le secteur tertiaire se place en tête avec une contribution de 1,8 point à la croissance, suivi du secteur secondaire avec de 1,5 point, et du primaire avec 0,4 point.

« Le secteur primaire a contribué de 0,4 point à la croissance du PIB au cours du premier trimestre 2019. Cette bonne tenue du secteur est imputable à l’ensemble de toutes les branches qui le compose. L’agriculture vivrière a contribué de 0,2 point à la croissance du PIB, résultant de l’amélioration de l’offre des produits vivriers », explique l’INS. L’Institut ajoute que, la performance du secteur est également soutenue par la branche sylviculture avec une contribution de 0,1 point à la croissance du PIB et celle de l’élevage, chasse et pêche (0,1 point).

La dynamique de croissance du secteur secondaire est maintenue au cours de la période sous revue, avec une évolution de 5,5 % par rapport au premier trimestre 2018. La performance de ce secteur est la résultante d’une bonne tenue des activités dans la plupart des branches dont chacune a contribué positivement à la croissance du PIB. Avec une croissance de 14,3 %, les industries extractives ont enregistré une performance particulière par rapport à la période correspondante en 2018, avec notamment une production de plus en plus importante du gaz naturel. La branche bâtiments et travaux publics (BTP) poursuit son dynamisme avec une contribution de 0,3 point à la croissance.

De même, les industries agroalimentaires ont évolué de 3,3 % par rapport à la même période en 2018, contribuant ainsi de 0,2 point à la croissance du PIB. Quant aux autres industries manufacturières, leur modeste évolution, avec une contribution de 0,2 point à la croissance du PIB au cours du premier trimestre 2019, masque quelques disparités entre les sous-branches.

En effet, relève l’INS, le dynamisme des activités d’industrie du bois (8,6 %), et la reprise des activités de la Société nationale de raffinage (Sonara) au premier trimestre 2019 ont contribué positivement à la bonne tenue de la branche, tandis que la sous-branche des industries du textile et d’habillement, avec une croissance négative de 14,2 %, en a constitué plutôt un frein.

Pour ce qui est du secteur tertiaire, l’INS note une croissance modérée avec +3,3 % au premier trimestre 2019 contre +5,8 % à la même période de l’année précédente. « Bien que son niveau de croissance soit au-dessous de la moyenne des trois secteurs, le secteur tertiaire, avec une contribution de 1,8 point à la croissance, demeure, le moteur de la croissance de l’économie au cours du trimestre. Cette bonne posture est la résultante d’une consolidation de la croissance dans toutes les branches d’activités du secteur à l’exception de l’administration publique, santé et éducation », précise l’INS.

Les activités d’hébergement et de restauration (+3,1 %), ainsi que celles de l’information et télécommunication (+1,2 %) ont connu, quant à elles, un ralentissement dans leur rythme de progression ce trimestre, en enregistrant des contributions à la croissance quasiment nulles. La bonne tenue du secteur a été néanmoins ralentie par une baisse du volume des services non marchands fournis par l’administration publique, santé et éducation avec une évolution en baisse de 5,2 % comparée au trimestre correspondant de 2018, et une contribution négative de 0,7 point au PIB.

Sylvain Andzongo

Quelques jours seulement après le déblocage de la dernière tranche de l’appui financier du chef de l’État aux victimes de la catastrophe ferroviaire d’Eséka du 21 octobre 2019, Camrail, le transporteur ferroviaire camerounais, contrôlé par le groupe Bolloré,  a publié un bilan des indemnisations à la date du 31 juillet 2019.

On y apprend notamment que « dans le cadre des actions d’indemnisation menées par Camrail et ses assureurs au bénéfice des blessés, des familles et ayants droit des personnes décédées et des personnes ayant perdu des objets dans l’accident ferroviaire du 21 octobre 2016 à Eséka, (…) 91 % au moins des dossiers relatifs à l’indemnisation des personnes décédées ont été réglés ou sont en attente de signature de protocole d’accords ou d’homologation devant le tribunal ».

Dans le même temps, souligne le concessionnaire du chemin de fer camerounais depuis 20 ans, « 99 % des passagers blessés ont déjà été définitivement indemnisés, alors que trois cas, qui ont fait l’objet d’une évacuation sanitaire à l’étranger, sont encore pris en charge et bénéficient de l’accompagnement comme tous les autres blessés des médecins mobilisés ».

Par ailleurs, « 100 % des personnes ayant subi un préjudice matériel et dont les dossiers étaient conformes ont toutes été remboursées », annonce cette filiale du groupe Bolloré au Cameroun. Et l’entreprise de préciser que « ces opérations d’indemnisation ont été réalisées sur la base des dossiers ouverts par les victimes et leurs ayant-droits dans les cellules d’accueil et d’information ouvertes dans les gares de Yaoundé et de Douala-Bessengue (…) Au-delà des campagnes d’appels initiées, les dossiers d’indemnisation ont été instruits et discutés sur la base des éléments présentés, des dispositions légales applicables, et de la valorisation faite par Camrail et ses assureurs. Les protocoles d’accord convenus avec les victimes et leurs ayant-droits ont été homologués par les instances judiciaires compétentes ».

Pour rappel, la catastrophe ferroviaire survenue le 21 octobre 2016 dans la localité d’Eséka, région du Centre du Cameroun, a officiellement fait 79 morts et 600 blessés.   Le 26 septembre 2018, le tribunal de première instance d’Eséka a rendu son verdict dans le cadre du procès relatif à cet accident, en condamnant Camrail « pour homicide, blessures involontaires et activités dangereuses ». Ce verdict a été contesté par le transporteur ferroviaire, qui avait alors décidé d’interjeter appel.

Concrètement, Camrail accuse le tribunal d’avoir rendu une décision en « l’absence de toute expertise qualifiée et compétente, qui devait permettre d’établir de manière objective les véritables causes de ce tragique accident ». Pour l’opérateur ferroviaire, cette décision est d’autant plus contestable qu’elle est « manifestement fondée sur la seule appréciation de quelques anciens salariés non spécialistes, non assermentés, déclarés experts, et par ailleurs en procédure judiciaire pour motifs personnels contre Camrail depuis 10 ans », avait souligné l’entreprise dans un communiqué officiel.

Brice R. Mbodiam

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La Société Sucrière du Cameroun (Sosucam) annonce la fin de sa campagne de production de sucre 2018-2019 avec une production record de 124 500 tonnes.

« Cette performance laisse entrevoir des perspectives meilleures pour l’entreprise sucrière camerounaise, en dépit d’un contexte économique et fiscal particulièrement difficile ; elle a brisé son précédent record vieux de 15 ans et dépassé ses productions les plus récentes de plus de 10 % », indique la filiale camerounaise de Somdiaa. 

Sosucam ajoute qu’elle a pu compter sur l’investissement de tout son personnel fort de près de 8 000 emplois directs et indirects, et a bénéficié également du savoir-faire de ses nombreux fournisseurs ou co-traitants, grandes entreprises et PME camerounais. L’entreprise reconnait cependant que ce résultat ne peut cacher des axes d’amélioration nécessaires. Des axes d’amélioration qu’elle dit d’ores et déjà avoir intégrés dans ses objectifs de performance. Il s’agit de la formation continue des personnels, du rendement de la canne à sucre, de la durée de l’exploitation et de la compétitivité industrielle. 

« Cette réussite est la preuve s’il en est, de la compétitivité et l’excellence de l’industrie camerounaise en général et de la Sosucam en particulier, de la nécessité d’un appui bienveillant dans la protection de ses droits et l’accompagnement de son développement, pour en faire des lions de compétitivité, vecteurs de croissance et d’emplois pour le pays », se félicite la direction générale. 

Leader du marché camerounais du sucre (70 % de couverture), la Sosucam a une capacité de production moyenne de 130 000 tonnes par an, grâce à une superficie agricole actuelle de 25 000 ha.

S.A

Depuis un peu plus d’un an, l’équipementier suédois des télécoms Ericsson a décidé de confier la direction générale de sa filiale camerounaise à un fils du terroir. Il s’agit de Veronese Batchagna, bientôt 37 ans, qui devient ainsi le tout premier camerounais à occuper ce poste.  

Après une carrière de 10 ans au sein d’Ericsson Sénégal, Veronese Batchagna s’est fixé deux objectifs majeurs à la tête d’Ericsson Cameroun : développer le portefeuille de l’équipementier suédois dans le pays et doper le moral des 88 employés directs (dont 80 % de locaux) de l’entreprise.

« Jusqu’ici, nous travaillons avec les entreprises des télécoms comme les sociétés de téléphonie mobile. Nous comptons faire des offres susceptibles d’intéresser les institutionnels. Mais surtout, nous allons travailler à offrir une meilleure expérience téléphonique aux utilisateurs camerounais », explique le nouveau DG d’Ericsson Cameroun.

Mais, en attendant que les rêves que caresse Veronese Batchagna à la tête de la filiale locale d’Ericsson se réalisent, cette entreprise offrira, dès la fin de cette année, l’accès au centre d’incubation d’Ericsson à Dubaï à de jeunes start-uppers camerounais. Ce voyage est le fruit du partenariat entre Ericsson Cameroun et le ministère des Postes et des Télécommunications, autour de la première édition de la semaine de l’innovation numérique récemment organisée par le gouvernement dans la capitale camerounaise.

« C’est la première fois que des Camerounais auront accès à ce centre d’incubation auquel très peu d’Africains ont souvent accès. Au cours de leur séjour à Dubaï, ces jeunes camerounais se frotteront aux technologies les plus avancées », explique le DG d’Ercisson Cameroun, titulaire d’un MBA en General Management de la Sorbonne, et doctorant en Management Leadership en France.

BRM

Le gouvernement camerounais prévoit de réduire les dépenses fiscales de 307,5 milliards de FCFA durant les années budgétaires 2019 en cours et 2020 prochaine, apprend-on des documents officiels du ministère des Finances. Pour la première année, les principaux domaines concernés sont ceux de l’importation de poissons congelés qui perdront à la fin de l’exercice 71 milliards de FCFA d’avantages fiscaux tant en termes de Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) que des droits de douane et ceux d’incitation à l’investissement (-60 milliards de FCFA).

 En 2020, les mesures d’encouragement prévues dans certains secteurs d’activité et les importations de farine et de riz devraient être celles qui seront visées avec un total de suppression des dépenses fiscales de l’ordre de 98 milliards de FCFA. Un point marquant aussi, c’est que le gouvernement compte rendre effectif la suppression de l’exonération de TVA pour les primes d’assurance-vie. Ce dernier point a fait l’objet d’une incompréhension entre le secteur des assurances et l’administration des impôts dans l’exécution de la loi des finances 2019, notamment sur la question de savoir si la base de restauration de la TVA c’était les primes brutes ou les primes acquises.

La réduction des avantages et exonérations fiscaux fait partie des engagements que le gouvernement du Cameroun a pris dans le cadre du programme avec le Fonds monétaire international (FMI). Il faut dire qu’entre 2015 et 2017, les autorités du pays ont décidé d’accorder des avantages fiscaux exceptionnels à certains secteurs pour lutter contre la vie chère, ou encourager les investissements. Les secteurs de l’agriculture, l’élevage et la pêche sont ceux qui ont connu le plus grand nombre de dérogations (165 à la fin 2017). L’amélioration du pouvoir d’achat des ménages a constitué le deuxième grand objectif des dépenses fiscales de l’État.

Sous-évaluation de la dépense fiscale

Mais le tableau d’évaluation de ces mesures présente un ensemble de résultats plutôt mitigés. Au total, les impôts non perçus par l’État pour subventionner l’économie ont atteint la somme de 1664,5 milliards de FCFA, entre 2015 et 2018, pour des gains économiques incertains. De même, ce chiffre est assez minimal, car il ne prend pas en compte un groupe de 75 mesures d’exonérations fiscales accordées aux secteurs de l’industrie extractive notamment ceux du gaz, du pétrole et de la mine solide. Enfin, les chiffres sur la dépense fiscale n’intègrent pas les 484,17 milliards de FCFA de dette fiscale, que devaient les entreprises à capitaux publics aux services des impôts à la fin 2017 (les chiffres de 2018 n’étant pas encore disponibles).

Les acteurs de la société civile, qui suivent la transparence budgétaire au Cameroun, encouragent l’État à se montrer plus ouvert sur les avantages fiscaux accordés notamment aux secteurs pétrolier et minier. Le pays a adhéré à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives et continue d’être conforme, mais l’évaluation de la fiscalité dans ce secteur spécifique est complexe, même pour l’administration des finances, en l’absence de la base fiscale qu’est le contrat minier ou pétrolier.

Idriss Linge

Le ministère du Commerce (Mincommerce) informe que 50 produits pourraient bientôt être suspendus d’importation au Cameroun. Sans préciser les détails ni les délais d’implémentation de cette mesure à venir, le Mincommerce indique néanmoins que pas moins de 12 filières sont concernées, du fait du caractère excédentaire de la production locale. Il s’agit des filières des peintures, de la métallurgie, de la cimenterie, des emballages industriels, des cosmétiques, de l’agro-alimentaire, des huiles végétales, des dérivés d’huile de palme et industrie brassicole. « La liste exhaustive plus tard », indique le Mincommerce.

En mars dernier, ce département ministériel avait saisi le Groupement inter-patronal du Cameroun pour dresser la « liste des produits à interdire d’importation ». Ceci dans le but de protéger la production et l’industrie nationale. Cette liste est toujours attendue.

Dans le même temps, le ministère des Finances annonce la mise en place des instruments fiscaux appropriés pour favoriser la production locale et freiner les importations « non indispensables ». Et pour cause, ces importations détériorent la balance de paiements du pays.

Selon l’Institut national de la statistique (INS) le Cameroun a importé pour 3 405,2 milliards FCFA en 2018 en hausse de 11,5 % par rapport à l’année 2017. Ce montant représente plus de la moitié du budget du Cameroun en 2019 (5212 milliards de FCFA).

Les importations du Cameroun proviennent d’environ 189 pays, dont les dix premiers en fournissent plus de la moitié (58,2 %). La Chine occupe la première place avec 18,5 %. Elle est suivie par la France (8,3 %) ; le Nigeria (5,6 %) et les Pays-Bas (4,8 %).

Sylvain Andzongo

Louis Paul Motaze, le ministre des Fianances (Minfi), a saisi, le 1er août 2019, son homologue des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mballa. Objet de la correspondance : « Attribution frauduleuse des salaires au taux consulaire ».

Le Minfi explique que dans la cadre des travaux du Groupe de travail mis sur pied relativement à l’affaire reprise en objet, pendante devant le tribunal criminel spécial, il y a une forte « présomption de détournement des deniers publics au moyen d’attribution frauduleuse des salaires au taux extérieur accordés à certains personnels réels ou fictifs de l’État ».

Pour tirer la situation au clair, M. Motaze a invité son homologue à se faire représenter par deux de ses collaborateurs (direction des affaires générales et division des affaires juridiques et des engagements internationaux de l’État) à une concertation y relative, programmée le mercredi 7 août 2019 à la division des affaires juridiques du ministère des Finances. Pour l’heure, rien n’a filtré de cette concertation.

Mais, l’on a appris que le Minfi a demandé à M. Mbella Mbella de permettre à ses collaborateurs commis à cette concertation de se munir des listes des personnels de l’État en service dans les missions diplomatiques du Cameroun.

Louis Paul Motaze poursuit ainsi l’opération de comptage physique du personnel de l’État (Coppe), lancé au Cameroun en avril 2018. Cette opération, selon le Minfi, a déjà permis à la fonction publique camerounaise d’identifier et d’expurger du fichier solde de l’État, des agents publics y émargeant irrégulièrement, du fait d’une absence non justifiée, d’une démission ou d’un décès non déclaré.

Le ministère des Finances affirme avoir déjà retiré du fichier solde de l’État du Cameroun, plus de 10 000 agents publics fictifs pour une économie budgétaire annuelle d’environ 30 milliards de FCFA.

Sylvain Andzongo

Au premier abord, Jovani Peughouia, la responsable marketing et commerciale de la start-up Tiwyn, fait cette précision : « Tiwyn.com, notre centre commercial digital, n’est pas une plateforme de vente en ligne. Il s’agit d’une plateforme qui permet de mettre en relation les entreprises et leur clientèle cible, afin de faciliter les échanges. Nous ne sommes donc pas un intermédiaire entre vendeurs et acheteurs comme les sites de e-commerce, mais plutôt une plateforme de mise en relation qui promeut des marques, et offre ainsi aux entreprises un espace pour faire leurs affaires ».

Ouverte depuis la mi-2018, mais officiellement lancé au cours de l’année 2019 courante, Tiwyn.com, selon ses promoteurs, revendique déjà le recrutement de 250 entreprises camerounaises et 50 entrepreneurs individuels. « Nous avons l’ambition de regrouper le maximum d’entreprises de tous les secteurs d’activités. Tiwyn se charge également de conduire une campagne de communication de masse pour inciter les internautes à aller sur cette plateforme découvrir les entreprises inscrites, à travers leurs différents produits », explique la responsable marketing et commerciale de Tiwyn, une ingénieure passionnée par les TIC.

La plateforme est accessible au grand public via les smartphones, ordinateurs ou tablettes. Les entreprises désireuses de s’y inscrire sont tenues de payer des frais d’adhésion, que les promoteurs de Tiwyn assimilent au loyer mensuel d’un centre commercial traditionnel. Mais, apprend-on, « ces frais varient en fonction du calibre de l’entreprise. Ce calibre se mesure à la quantité des produits que l’entreprise se propose de promouvoir sur la plateforme Tiwyn ». En plus de mettre en relation les entreprises et leur clientèle, Tiwyn offre des espaces de publicité, que les entreprises peuvent acquérir pour booster leur visibilité sur la plateforme.

À en croire ses promoteurs, le centre commercial digital que vient de lancer la start-up Tiwyn naît d’une expérience personnelle. Il y a quelques années, des copains épris par l’entrepreneuriat décident de créer une entreprise. L’affaire décolle très rapidement et les promoteurs engrangent d’importants bénéfices. Mais, au fil du temps, l’activité stagne dans un premier temps, puis dégringole finalement.

« Après avoir fait notre propre introspection, nous avons conclu que nous étions victimes de notre manque de visibilité, pourtant la demande et l’offre étaient bien là. D’où l’idée de créer une plateforme de mise en relation comme Tiwyn, qui est en réalité une abréviation de notre signature : This Is What You Need », confie Jovani Peughouia.  

Brice R. Mbodiam

Le géant industriel nigérian Dangote vient de publier ses performances au cours du premier semestre 2019. Selon les données disponibles, l’on note que la filiale camerounaise spécialisée dans le ciment a enregistré un recul dans ses ventes au cours de la période sous revue.

« Notre installation de broyage de clinker de 1,5 million de tonnes à Douala a vendu environ 0,6 million de tonnes de ciment au premier semestre 2019, soit une baisse de 7,1 % par rapport à 0,64 million de tonnes vendues au premier semestre 2018. Nous estimons que notre part de marché a été de 40 % au cours de la période », déclare Dangote.

« La diminution de nos ventes peut être attribuée aux problèmes de sécurité persistants dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui ont entraîné une réduction de l’activité, ainsi qu’une capacité de 1,6 million de nouveaux concurrents », explique l’industriel nigérian.

Dangote estime que le marché total du ciment au Cameroun a été d’environ 1,5 million de tonnes au cours du premier semestre de 2019. Ce marché repose principalement sur des projets de construction individuels et des projets de logements du gouvernement.

Sylvain Andzongo

Le Centre d’analyses et de recherche sur les politiques économiques et sociales (Camercap), think tank apparenté au gouvernement camerounais, vient de publier une étude sur l’optimisation des projets structurants de première génération du pays. Parmi les projets structurants ciblés par l’étude, il y a le port de Kribi (PAK), exploitée dans le Sud-Cameroun depuis 2018.

Le Camercap indique que « Les ports du Cameroun, en particulier celui de Kribi n’échappera pas à la forte concurrence » des ports de la Côte ouest-africaine (COA) : Dakar, Lomé, Cotonou, Abidjan, Lagos Apapa, etc. « Il est question de savoir qui, sur la Côte ouest-africaine, sera le port d’éclatement, c’est-à-dire le port dans lequel des conteneurs acheminés par des navires principaux repartent vers d’autres ports après avoir été chargés sur des navires collecteurs », explique le think tank. Il ajoute que compte tenu de la proximité entre les différentes places portuaires de la COA, le port, qui s’érigera en hub régional, obligera les autres à jouer les rôles secondaires à tel point que certains supporteront des coûts comparables à ceux supportés par les pays enclavés.

Le Camercap estime de ce point de vue que le port de Kribi garde un avantage comparatif certain sur les autres concurrents de la façade atlantique de l’Afrique. À cet effet, grâce à son tirant d’eau de 16,1 m (au-delà de la norme des 14,5 m), le port de Kribi offre la possibilité aux plus grands navires d’accoster relativement à plusieurs ports de la sous-région.

En comparaison, le port de Pointe-Noire (Congo Brazzaville) qui bénéficie déjà d’une position géographique avantageuse, parce que situé à mi-chemin sur la côte ouest-africaine, ne dispose que d’un tirant de 11,5 m.

De son côté, le port d’Abidjan (Côte d’Ivoire), qui nourrit une grande ambition, prévoit de porter son tirant d’eau actuellement de 11,5 m à 13,5 m. Seulement, il souffre de ne pas pouvoir accueillir des navires très longs à cause de l’étroitesse du canal de Vridi qui le sépare de la mer.

Dakar (Sénégal) avec son tirant d’eau de 13 m pourrait être un autre concurrent sérieux à l’ambition du port de Kribi, mais sa proximité avec Tanger risque de limiter des volumes de transbordement.

Pour le Camercap, le port de Kribi s’illustre au milieu des autres ports en raison de son linéaire de quai largement supérieur. Cependant, indique le think tank, conscient que d’autres conditions participent à la compétitivité d’une place portuaire, le port camerounais gagnerait à multiplier ses zones de desserte à l’intérieur du continent. Il préconise par exemple la construction d’un chemin de fer reliant le Cameroun (Ngaoundéré), le Tchad (Moundou) la Centrafrique et le Soudan.

Sylvain Andzongo

L’armateur danois Maersk prévoit de faire quatre escales, au cours des prochains jours, sur le terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi. Cette infrastructure portuaire construite dans la région du Sud du Cameroun a été mise en service au mois de mars 2018.

La première escale du leader mondial du fret maritime dans cette nouvelle infrastructure portuaire camerounaise a été assurée par le bateau baptisé Maersk Newport. Parti de Durban (Afrique du Sud) pour Pointe Noire (Congo), ce navire a mouillé au port en eau profonde de Kribi aux premières heures du 2 août 2019, apprend-on officiellement.

Selon les responsables du Port autonome de Kribi (PAK), l’entreprise publique chargée de la gestion de ce qui est désormais la plus grande plateforme portuaire du Cameroun, « ces escales exploratoires, qui préfigurent l’ouverture de nouvelles liaisons maritimes tant à l’import qu’à l’export, témoignent à souhait de l’attractivité de la plateforme portuaire de Kribi, et de son positionnement en tant que place logistique maritime de référence en Afrique centrale et même au-delà ».

En 12 mois d’activités sur le terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi (long de 350 mètres), KCT, entreprise contrôlée par le consortium Bolloré-CHEC-CMA CGM, revendiquait déjà la manutention de près de 165 000 conteneurs équivalents 20 pieds, aussi bien à l’import-export qu’en transbordement.

Cette performance devrait s’améliorer au cours de cette 2e année d’activités, au regard non seulement de l’intérêt que lui accordent désormais des armateurs tels que Maersk, mais aussi en raison de la politique de baisse des tarifs mise en œuvre, afin de rendre la plateforme de Kribi plus attractive et compétitive.

Géré pendant quelque temps par un consortium d’opérateurs camerounais regroupés au sein de la société KPMO, le terminal polyvalent du port en eau profonde de Kribi devrait lui aussi améliorer ses performances au cours de cette année. En effet, le gouvernement camerounais a attribué, en juin 2019, la concession de ce terminal au Philippin International Container Terminal Services. Cet opérateur remplace ainsi le Français Necotrans, tombé en faillite après avoir décroché le contrat de concession sur ce terminal.

Brice R. Mbodiam

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22-04-2019 - KCT, concessionnaire du terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi, réduit de près de 15 % certains de ses tarifs

Le gouvernement camerounais, à travers le ministère des Postes et Télécomunications (Minpostel), a réuni, du 31 juillet au 3 août 2019 dans la ville de Ngaoundéré, dans la partie septentrionale du Cameroun, plus de 1000 jeunes. C’était à l’occasion des traditionnels camps de vacances TIC institués depuis 3 ans par ce département ministériel.

Articulée autour du thème « jeunes internautes camerounais : acteurs, vecteurs et promoteurs des valeurs républicaines », cette 3e édition des camps de vacances TIC du Minpostel a permis de former ces jeunes venus de Ngaoundéré et des villes environnantes, à l’usage responsable des réseaux sociaux. « Jeunes, le Cameroun compte sur vous pour promouvoir le vivre-ensemble par les réseaux sociaux », a lancé la ministre des Postes et Télécoms, Minette Libom Likeng, en clôturant l’évènement de Ngaoundéré.

Et cette dernière d’expliquer le bien-fondé de ce concept de promotion des TIC lancé il y a 3 ans. « Les camps de vacances TIC rentrent dans le cadre des actions initiées par mon département ministériel pour encourager et développer l’apprentissage des TIC, dans un contexte où le chef de l’État appelle à une mobilisation collective pour rattraper le retard du Cameroun dans le domaine du numérique. Ils sont un programme de vulgarisation des TIC auprès de la jeunesse rurale et semi-urbaine, en droite ligne de la stratégie gouvernementale de développement de l’économie numérique, avec pour objectif non seulement d’encourager et de développer l’apprentissage des TIC, mais également d’en promouvoir une utilisation responsable », a-t-elle confié.

La Minpostel a saisi l’opportunité de son séjour à Ngaoundéré, capitale régionale de l’Adamaoua, pour visiter les principales structures relevant de son domaine de compétence installées dans cette ville. C’était le 1er août 2019.

BRM

Le Cameroun a vécu, le 2 août dernier, le lancement officiel des activités du projet d’assurance agricole indicielle au Cameroun. Cette assurance agricole basée sur les indices, utilise des paramètres objectifs et transparents comme le niveau des précipitations et ne nécessite pas de visites coûteuses sur le terrain pour vérifier les pertes.

À cet effet, la Société financière internationale (SFI), membre du groupe de la Banque mondiale, a signé des accords de don de près de 270 millions de FCFA avec deux compagnies d’assurance camerounaises, Activa Assurance et AXA Cameroun. Ceci dans l’optique d’aider de dizaines de milliers d’agriculteurs et éleveurs camerounais, notamment dans les filières coton, maïs, sorgo et bétail, à bénéficier d’une couverture d’assurance abordable.

En présidant ce lancement officiel, Gabriel Mbairobe, ministre de l’Agriculture et du Développement rural a indiqué que, « l’assurance indicielle présente des avantages nombreux pour les agriculteurs, notamment la stabilisation des revenus, qui deviennent moins dépendants des conditions climatiques, ou encore l’amélioration de l’accès au financement, puisque les assurances climatiques peuvent sécuriser les crédits de campagne ou l’achat d’intrants ».

Fatou Assah en charge de ce projet d’assurance pour le compte de la SFI a pour sa part déclaré « qu’il est indéniable, de nos jours, que l’assurance indicielle influence la façon dont nous abordons la résilience et le changement climatique. Cela est particulièrement vrai pour le Cameroun, où l’agriculture reste vulnérable aux chocs climatiques ».

 Dans le cadre de ce projet pilote de 2 ans, les compagnies d’assurance mettront à disposition des équipes spécialisées pour participer aux activités de renforcement des capacités, développer des produits d’assurance agricole supplémentaires et distribuer ces produits aux agriculteurs et éleveurs, notamment dans les filières coton, maïs, sorgho et bétail, via des intermédiaires comme les faitières des associations de producteurs, coopératives, fournisseurs d’intrants agricoles, banques commerciales et autres établissements de microfinance.

La SFI et ses partenaires ont pour objectif d’émettre, d’ici à fin 2020, plus de 135 000 contrats d’assurance agricole indicielle, qui permettront à près de 700 000 ménages agricoles de couvrir leurs exploitations, d’avoir accès aux intrants et de compenser les baisses de rendement en cas de sinistre.

Sylvain Andzongo

Des chiffres de la présence chinoise sur des terres agricoles en Afrique font débat au Cameroun. En cause un graphique du China Africa Research Ininitative (CARI), une organisation rattachée à la faculté des études internationales de l'université américaine John Hopkins. Les données publiées par cette dernière place le Cameroun comme étant premier sans second véritable, des pays où la Chine a le plus investi sur les terres agricoles en Afrique.

Cette information n'a pas manqué de lancer la controverse et une vive émotion au sein des opinions publiques camerounaises. De nombreuses personnes y voient une contrepartie pour l'ensemble des « aides » que la Chine a accordées au Cameroun. Des hypothèses parmi les plus complexes y voient la résultante d'une corruption aggravée qui gangrène l'administration.

Pourtant cette situation trouve une explication cohérente. Déjà le CARI explique que cette position particulière est le fait de l'acquisition par le groupe chinois GMG Global, basé à Singapour, et le conglomérat Sinochem basé en Chine, de la société camerounaise de production d'hévéas HEVECAM. Cette dernière n'est pas propriétaire, mais détentrice d'une concession foncière de très long terme. Une part non négligeable de 10 000 hectares est aussi concédé à une société rizicole dans le centre du pays.

La question foncière se présente au Cameroun comme un vrai serpent de mer. Les législations qui régissent le secteur sont pour la plupart devenues obsolète au regard de l'évolution de la population et des impératifs de politique agricole. Les concessions agricoles comme celles faites à Hevecam, aujourd'hui sous contrôle chinois, sont nombreuses.

Il y a une dizaine d'année, la société civile, emmenée par le Centre pour l'Environnement et le Développement (CED), une ONG locale, avait soulevé le débat contre l'attribution des concessions foncières à Herakles Farms, une société basée à New-York mais qui effectue des emprises foncières dans des pays en developpement. On ne parle pas aussi souvent des concessions faites à l'entreprise Cameroon Development Corporation, la plus grosse entreprise agricole du pays ou encore à l'entreprise PHP qui produit la banane plantain dans la vallée du Moungo et dont la superficie combinée est plus importante que celle acquise par les sociétés chinoises.

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De nombreux acteurs de la société civile camerounaise en appellent à une vraie réforme de la politique foncière dans le pays. En vertu des lois actuelles, l'Etat reste le propriétaire des terres et les personnes privées ou morales, ne peuvent les acquérir que par un long, complexe et onéreux processus de titrisation, ou par voie de concession, celles la plus souvent utilisée par les grands groupes étrangers et nationaux. 

Mais dans l'esprit de plusieurs personnes, des concessions à près de 99 ans dans un pays où l'espérance de vie est autour de 50 ans, c'est comme priver deux générations de l'accès au foncier. Le problème est d'autant plus crucial, que le Cameroun est importateur net de nourriture et des chiffres comme ceux présentés par le CARI peuvent rapidement soulever de vives polémiques s'ils ne sont pas expliqués.

Idriss Linge

Suite à l’incendie survenu le 31 mai dernier à la Société nationale de raffinage (Sonara) du Cameroun, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) vient de publier une analyse sur ladite société considérée comme étant une entreprise de « grand standing », conformément à la classification Cobac.

À en croire le gendarme du secteur financier de la sous-région Cemac, la suspension des activités de la principale raffinerie du pays, d’une capacité de raffinage de 2,1 millions de tonnes de pétrole brut par an, a une incidence sur le taux des créances bancaires en souffrance au Cameroun.

À cet effet, la Cobac écrit : « Les crédits bruts à la Sonara sont estimés à 119,3 milliards [de FCFA] à fin avril 2019, soit 3,3 % du volume total des crédits bruts. En supposant que la Sonara ne pourrait plus faire face à ses engagements financiers en raison de la suspension de ses activités, en dépit des dépôts de près de 87 milliards à fin avril 2019 et qui seraient prioritairement utilisés pour des cas urgents, le taux des créances en souffrance du système bancaire camerounais s’élèverait à 19,6 % au lieu de 16,2 % à fin avril 2019, traduisant une dégradation plus importante de la qualité du portefeuille de la clientèle ».

L’analyse de la Commission bancaire n’est pas rassurante dans un secteur où l’on totalisait déjà 489 milliards de FCFA de créances en souffrance dans les banques commerciales camerounaises en 2016. Pis, avec également 106 milliards FCFA de créances en souffrance en 2017 dans le secteur de la microfinance, le Cameroun a concentré à lui tout seul, 79 % des créances douteuses de l’ensemble la zone Cemac.

Sylvain Andzongo

Le Port autonome de Douala (PAD), l’entreprise publique chargée de la gestion de la plateforme portuaire de la capitale économique camerounaise, peaufine actuellement un projet de construction d’un 2e terminal à conteneurs au port de Douala-Bonabéri. L’information est révélée dans une édition spéciale du magazine interne de l’entreprise, consacrée aux « projets structurants » en cours au PAD.

Selon cette source documentaire, le 2e terminal à conteneurs en gestation devrait être construit sous le modèle BOT (Built Operate Transfer), « soit sur la rive gauche, dans le prolongement du terminal à conteneurs actuel, soit sur la rive droite ». La finalisation de « l’étude comparée de faisabilité » ainsi que la « signature de la convention de concession » sont prévues pour la fin du mois de décembre 2019.

Ce projet est révélé au moment où le PAD conduit le processus de sélection d’un nouveau concessionnaire du premier terminal à conteneurs du port de Douala, opéré depuis 2005 par Douala International Terminal (DIT), entreprise contrôlée par le consortium Bolloré-APM Terminals. Candidat à sa propre succession sur ce terminal, ce consortium a été évincé au terme de l’appel international à manifestation d’intérêt, qui a permis de retenir cinq candidats (deux ont finalement répondu à l’appel d’offres restreint, NDLR).

« Il ne s’agit pas d’une éviction (…) Le groupement que vous évoquez a pris part librement à la compétition et n’a tout simplement pas été admis parmi les cinq premiers, après examen et évaluation des candidats classés selon des critères rigoureux par la commission interne ad hoc de passation de la concession du terminal à conteneurs du port de Douala-Bonabéri, dans laquelle siègent plusieurs administrations », explique Cyrus Ngo’o. Le directeur général du PAD s’exprimait ainsi dans une interview accordée au magazine panafricain Jeune Afrique.

Afin de cerner les raisons de sa non sélection après 20 ans passés sur le terminal à conteneurs du port de Douala, apprend-on officiellement, le consortium Bolloré-APM Terminals a saisi la justice camerounaise, notamment le tribunal administratif de la capitale économique du pays. En cas d’explications non satisfaisantes, soutient une source autorisée au sein du consortium, le groupement n’exclut pas la possibilité de tenter une procédure d’arbitrage à l’international, et même de demander une annulation pure et simple de toute la procédure qui, pour l’heure, se poursuit « sereinement », précise-t-on au PAD.

En attendant le dénouement de cette affaire, les deux entreprises ayant finalement répondu à l’appel d’offres retreint, notamment la société émiratie Dubaï Port World et le Suisse Terminal Investment Ltd, doivent se préparer à affronter, dès 2021, la concurrence avec ce 2e terminal à conteneurs en gestation au port de Douala.

Brice R. Mbodiam

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20-06-2018 - 04 mastodontes mondiaux des opérations portuaires short-listés pour la concession du terminal à conteneurs du Port de Douala

La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) vient de publier un rapport sur la situation monétaire de la Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad). Elle relève une forte hausse du volume cumulé des transactions interbancaires dans cette zone. À fin mai 2019, indique la Beac, il s’est établi à 377,1 milliards de FCFA contre 72,8 milliards de FCFA un an auparavant. Soit une augmentation de près de 274 % entre les deux périodes.

Cette performance haussière s’explique, selon la Beac, par des mesures qui ont conduit à une forte croissance du nombre de transactions et des montants échangés sur le marché interbancaire, tant au niveau national que régional et même entre les différents groupes bancaires, en dépit de la segmentation du marché.

Parmi les mesures prises par la Banque centrale, il y a le démarrage effectif du nouveau cadre opérationnel de la politique monétaire en juin 2018, qui a permis l’amélioration du dispositif de reporting des informations sur les transactions interbancaires ; l’évolution du système d’information avec la mise en production de l’application DEPO/X à partir de laquelle les contreparties peuvent désormais effectuer leurs échanges et le lancement effectif du marché de la pension-livrée interbancaire.

Méfiance des banques 

Cependant, la Banque centrale note la persistance de la méfiance sur le marché interbancaire. Elle limite les opérations malgré la signature et l’approbation par la Beac de plus de 90 conventions-cadres de pension-livrée et la réalisation des tests d’utilisation de cette technique de mobilisation des ressources. « Cette situation se traduit notamment par une forte dépendance de certaines banques à besoin structurel de liquidité aux ressources [de la] Banque centrale. Ces dernières ont du mal à mobiliser des liquidités sur le compartiment interbancaire », indique le rapport.

Pour changer la donne, la Banque centrale envisage des mesures (sans donner des détails) pour inciter les établissements bancaires de la Cemac à redresser progressivement leur situation afin de moins contraindre la mise en œuvre de la politique monétaire et rassurer davantage leurs potentielles contreparties sur le marché interbancaire.

La Beac précise qu’au cours de la période allant du 31 mai 2018 au 31 mai 2019, 55 opérations (8 en 2018 et 47 depuis janvier 2019), d’un montant global de 702,3 milliards de FCFA, ont été enregistrées.

Sylvain Andzongo

Alors que la campagne cacaoyère 2018-2019 rentre officiellement en gare au Cameroun, les achats continuent de battre le plein dans les bassins de production du pays. Ces achats, qui devraient contribuer à réduire les stocks de fin de campagne, s’effectuent cependant à un prix légèrement à la baisse depuis une semaine.

En effet, après avoir stagné à un maximum de 1060 FCFA le kg depuis plusieurs semaines, contre un minimum de 1020 FCFA, le kilogramme de fèves est cédé au prix maximum de 1050 FCFA depuis la fin de la semaine dernière, contre 1010 FCFA au minimum. Ces données sont révélées par le Système d’information des filières (SIF), un dispositif permettant d’informer les acteurs en temps réel, sur les évolutions sur le marché local et international.

Ces prix devraient de nouveau fléchir au cours des prochains jours, en raison notamment de la saison des pluies qui s’annonce dans le pays. L’avènement des pluies a généralement pour corollaire l’impraticabilité des routes desservant les bassins de production. Cette situation conduit souvent les acheteurs à réduire les prix proposés aux producteurs, afin de compenser les charges liées aux difficultés de transport.

Au demeurant, bien qu’actuellement en légère baisse, les prix des fèves au Cameroun, au moment où se prépare la nouvelle campagne, reflètent globalement ceux pratiqués tout au long de la campagne 2018-2019. En effet, depuis le lancement de cette campagne en août 2018, les prix d’achat aux producteurs ont oscillé entre 950 FCFA et 1200 FCFA le kilogramme, ce qui correspond à un prix moyen de plus de 1000 FCFA le kilogramme sur l’ensemble de la campagne.

Ces prix font des producteurs camerounais les mieux rémunérés sur l’ensemble de la filière cacaoyère africaine, au sein de laquelle les prix d’achat officiels se sont situés sous la barre de 1000 FCFA le kilogramme (Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria). Au demeurant, les producteurs camerounais restent nostalgiques des campagnes au cours desquelles le prix aux producteurs avait atteint le pic de 1500 FCFA le kilogramme.

Brice R. Mbodiam   

Dans sa note du mois de juillet, l’Institut national de la statistique (INS) informe que la facture des produits raffinés importés au Cameroun, qui s’élève à plus de 518 milliards de FCFA en 2018, pourrait s’alourdir en 2019. Ce qui contribuerait davantage à alimenter les tensions sur les réserves de change du pays.

« L’incendie subi par la Sonara [Société nationale de raffinage] dans la nuit du 31 mai 2019, et qui a consumé quatre des treize unités de production du processus de raffinage conduisant à l’arrêt de la chaine de production, pourrait continuer à impacter négativement la production des produits raffinés pétroliers en 2019. L’activité se limiterait essentiellement au commerce de produits raffinés importés », écrit l’INS.

En 2018, rappelle l’INS, l’arrêt technique à la Sonara a duré 08 mois et a induit une chute de la valeur ajoutée de l’ordre de 48 %. Pour faire face à cette situation, l’entreprise a eu recours à des importations massives de produits blancs (+75,8 %) pour approvisionner le marché local dont elle assure la majeure partie de la couverture (77 % contre 23 % pour les marqueteurs). Ainsi, les ventes cumulées sur le marché national (1 613 804 m3) en 2018 ont été assurées à 60 % par des produits importés. Ce qui va aller crescendo au cours de cet exercice.

Sylvain Andzongo

La guerre économique. C’est le titre, un peu énigmatique, d’un livre paru aux éditions Afrédit à Yaoundé, la capitale du Cameroun, en milieu d’année 2019. Son auteur est le chercheur en géoéconomie Maurice Simo Djom. Dans cet ouvrage, le Camerounais prétend dire, « avec autorité », ce qu'est la guerre économique, un concept qui fait débat.

Pour caractériser cette « réalité », l’auteur s’est notamment appuyé sur les faits observés depuis son poste de chef de département de la communication institutionnelle et veille stratégique d’Afriland First Group, la structure de tête du groupe bancaire Afriland First Bank. Un poste qu’il occupe depuis décembre 2014. Il est par ailleurs un disciple assumé du milliardaire camerounais Paul K. Fokam, qui contrôle ce groupe bancaire. C’est ce dernier qui signe d’ailleurs la préface de l’ouvrage.

Acteurs, stratégies, armes… Maurice Simo Djom, qui a commencé sa carrière professionnelle comme journaliste, livre les principales conclusions de son travail de recherche.

Investir au Cameroun : Prenant le contrepied de nombre de chercheurs dans le monde, vous affirmez dans votre ouvrage que la guerre économique est une réalité bien singulière. Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ?

Maurice Simo Djom : J’y suis arrivé en lisant et en observant. D’une part, j’ai lu des ouvrages portant sur la question et je me suis rendu compte que l’intuition des auteurs était de lier la guerre économique à la guerre conventionnelle, les uns allant même jusqu’à utiliser les grilles de la stratégie militaire pour étudier la guerre économique. D’autre part, j’ai observé attentivement les interactions de la mondialisation. Ce que j’ai découvert en étudiant les faits est que la guerre économique est une réalité à part entière, qu’il faut scruter sans œillères.

IC : Votre approche fait dire à certains que vous êtes un anarchiste méthodologique. Que leur répondez-vous ?

MSD : Pas du tout, j’ai bel et bien adopté une approche : l’induction. J’ai observé les faits, analysé les données, tiré les informations des données, puis tiré la connaissance des informations. Ce cheminement est même extrêmement méticuleux. Il m’a conduit patiemment et laborieusement à une représentation de la guerre économique. Ceux qui expriment leur désarroi devant ma démarche sont en fait les adeptes de la déduction. Ils auraient aimé que je fasse comme eux, à savoir qu’au tout début, j’adopte une définition de la guerre économique et qu’ensuite, dans le reste du livre, je m’en serve comme garde-fou. La vérité est que la déduction n’était pas adaptée à ma thèse, je voulais démontrer que les auteurs se sont trompés. Pour cela, il fallait trouver une démarche convaincante, d’où la plongée en immersion dans les données, les faits. Ce sont finalement les faits qui parlent pas les théories.

IC : Justement, beaucoup ont également pointé du doigt votre aversion pour la théorie…

MSD : C’est parce que j’ai suscité une polémique sur la théorie et les théoriciens qui utilisent les constructions complexes et abstraites pour étouffer la réalité. Cela ne signifie pas que je suis foncièrement anti-théorie. J’estime que chaque projet de recherche intellectuelle doit ménager sa propre démarche. Ce qui est en cause, c’est la paresse intellectuelle qui veut que l’on placarde la même démarche à tous les projets. Je suis pour la créativité épistémologique.

IC : Dès la première de couverture de votre ouvrage, on sent, en effet, un zeste d’anticonformisme. Le titre, par exemple, est tout en verticale, coulé sur trois bandes. Était-ce nécessaire pour aborder ce sujet qui divise le monde de la science ?

MSD : Oui, ma thèse est renversante à savoir que la guerre économique est un paradigme de la subtilité. Les chercheurs qui m’ont précédé ont lié la guerre économique à la violence. Pour exprimer la dimension renversante de ma thèse, j’ai renversé le titre. Il était question de joindre la forme au fond.

IC : Vous soutenez que la guerre économique n’est pas la concurrence commerciale, encore moins la dimension économique de la guerre conventionnelle. Qu’est-ce que c’est alors ?

MSD : Quand General Motors est opposée à Ford sur le marché américain, c’est la concurrence commerciale. Or, dès que General Motors fait face à Toyota, nous montons du champ domestique vers le champ des relations internationales, cela devient la guerre économique. Car la puissance publique américaine peut valablement user de ses prérogatives pour modifier la configuration de la compétition en faveur de General Motors. Voilà pour ce qui est de la différence entre la concurrence commerciale et la guerre économique.

Quant à savoir si la guerre économique est la dimension économique de la guerre, je soutiens que non. Certes toutes les guerres ont une dimension économique, mais toutes les guerres ne sont pas menées avec les mêmes armes. Si les hostilités se déroulent sur le champ militaire, nous avons à faire à la guerre conventionnelle. Mais si les hostilités se déroulent sur des échiquiers non militaires, alors il s’agit de la guerre économique. L’adjectif économique ne renvoie pas seulement au secteur économique, mais davantage à tout ce qui est non-militaire.

La guerre économique, c’est l’effort subtil visant à dissimuler la violence sur les échiquiers non militaires. Sont concernés : le cyberespace, la fiscalité internationale, les ressources de base, la finance libérale, l’investissement, la monnaie, etc.

IC : Il ne vous est pas venu à l’esprit que la concurrence et la guerre conventionnelle pourraient être des variables de la guerre économique, mobilisant soit un type d’acteurs précis des relations internationales, soit un type d’armes, soit déployant des tactiques particulières...

La guerre conventionnelle est en pleine reconfiguration. Les progrès atomiques ont réduit la probabilité des guerres de haute intensité (qui oppose les armées nationales). Vu le principe de l’inaliénabilité de la violence, les acteurs étatiques et non étatiques se livrent désormais à la prolifération de guerres et de conflits de basse intensité. Voilà une forme d’expression de la violence de la mondialisation.

L’autre forme, c’est la guerre économique qui partage le fondement de la montée en force des guerres de basse intensité, à savoir la menace d’extinction par voie atomique. Ainsi, au lieu de se faire la guerre avec des kalachnikovs, les États utilisent les multinationales, les fonds d’investissement, la 5G, les barrières tarifaires entre autres pour se départager sur les échiquiers non militaires. In fine, c’est la même violence, elle s’exprime différemment. J’ai soutenu par ailleurs que c’est une violence bicéphale. Il faut savoir étudier ces deux formes de violence sans se prendre les pieds dans le plat.

IC : On le voit, votre théorie de la guerre économique se construit autour de la subtilité, la dissimulation, la feinte… C’est d’ailleurs en cela qu’elle s’oppose à la conception du stratège français et fondateur de l’école de guerre économique de France, Christian Harbulot, pour qui « la guerre économique est l’utilisation de la violence par les États sur l’échiquier économique ». Les États-Unis de Donald Trump, qui ne dissimulent pas leur volonté d’avantager leurs entreprises, ne mettent-ils pas en mal votre acception de la « guerre économique » ?

MSD : Vous avez l’impression que Donald Trump met à mal ma théorie de la guerre économique parce qu’il revendique visiblement ses actions de guerre commerciale. Or, il n’en est rien. La logique reste la même : les gagnants de la guerre économique dissimulent leur violence et les perdants se plaignent. Il s’avère que les USA sont perdants dans la guerre commerciale et technologique qui les oppose à la Chine. Raison pour laquelle Donald Trump crie haro sur le baudet. Tant que les USA étaient les gagnants de la mondialisation, ils ne se plaignaient pas. Malheureusement, aucun État ne peut être gagnant partout et tout le temps.

Dans un autre sens, quand vous observez l’affaire Alstom, vous vous rendez compte que les USA ne se plaignent pas, ce sont les Français qui le font. Pourquoi ? Parce qu’ils ont perdu leur fleuron énergétique. D’où ma représentation de la guerre économique : l’effort subtil consistant à dissimuler la violence sur les échiquiers non militaires.

Un dernier exemple, prenons la France face aux 15 pays africains de la zone franc. Paris soutient que c’est la coopération monétaire. Mais que disent les Africains ? Que c’est la servitude monétaire. C’est dans cet interstice subtil que se saisit la guerre économique.

En effet, alors que la victime déplore des pertes en termes de richesse et d’influence, le gagnant vous dira que c’est la coopération, c’est l’aide, c’est la politique monétaire, c’est la politique commerciale, etc. Cette précision au sujet de la dissimulation de la violence importe à mes yeux. Elle ne figure pas dans la représentation de la guerre économique de Christian Harbulot. Une fois que vous omettez de prêcher la dissimulation, vous vous exposez à être perçu comme le mouton noir de l’économie mondiale. La subtilité veut que tout le monde proclame le libéralisme et agisse suivant les intérêts et l’influence.

IC : Vous soutenez que « pour qu’il y ait guerre économique, il faut que la puissance publique intervienne pour modifier la concurrence commerciale et faire pencher la balance dans un sens ». Votre étatisme n’est-il pas en contradiction avec la réalité actuelle des relations internationales ? (L’on voit, en effet, de plus en plus apparaitre sur la scène internationale des acteurs non étatiques tout aussi puissants que les États et donc tout aussi capables de faire pencher la balance dans un sens, comme des ONG, des organisations terroristes, des multinationales. Vous-même vous décrivez d’ailleurs dans votre livre comment des acteurs non étatiques mettent à mal le pouvoir fiscal des États…)

Vous avez raison de souligner la montée en force des acteurs non étatiques. Certains constituent une menace pour les États. Mais il n’y a pas de contradiction entre l’étatisme et cette réalité. Au contraire, il y a complémentarité et interpénétration. Premièrement : ces acteurs sont généralement l’émanation de la puissance publique. Deuxièmement, malgré leur influence, la puissance publique les maintient en l’état parce qu’elle s’en sert. Troisièmement, les sanctions prononcées par les États sont là pour montrer qui est le patron. Regardez Facebook après l’affaire Cambridge Analytica. La multinationale a écopé d’une sanction de 5 milliards de dollars ! Mark Zuckerberg a été obligé de mettre un costume (chose qu’il fait rarement) pour aller plusieurs fois s’expliquer devant les commissions d’enquête. Souvenez-vous de Lehman Brothers, la 4e banque d’investissement américaine en 2006, une seule signature du secrétaire d’État au Trésor aurait suffi pour la renflouer. Henri Paulson l’a laissée s’écrouler. Qui se souvient encore de son tout-puissant PDG Dick Fuld ?

Le paradigme de la « coopétition » rend compte de la relation complexe entre la puissance publique et les firmes multinationales : l’État se sert de ces outils pour être influent sur la scène internationale. En même temps, ces acteurs se construisent parallèlement des couloirs d’influence personnels. Mais in fine, c’est toujours le ministre des finances, le président ou le directeur d’une agence de régulation publique qui aura le dernier mot.

IC : Vous présentez l’Afrique comme une victime de la guerre économique ; un simple champ de bataille. Mais qui sont ceux qui se livrent des guerres économiques sur le continent ? Pourquoi s’y affrontent-ils ? Et quelles sont leurs armes ?

MSD : Les puissances étrangères emploient divers instruments pour s’affronter en Afrique et pour affronter l’Afrique : les firmes multinationales, les accords de partenariat, les fonds d’investissement, l’aide multilatérale ou bilatérale, la coopération, etc. À ce sujet, l’ouvrage WAR BY OTHER MEANS de deux auteurs américains (Robert Blackwill et Jennifer Harris) a identifié sept armes de guerre économique. Quant à moi, j’ai surtout insisté sur le fait que les adversaires de l’Afrique s’arrangent en amont pour supprimer la possibilité pour l’Afrique de se défendre. Ils façonnent des normes et des conditions d’interaction qui laissent l’Afrique dans l’impuissance.

IC : Pour être plus précis. Pour vous, si la France a créé la zone franc et l’Union européenne les Accords de partenariat économique (APE), c’était juste pour asservir les pays africains comme le Cameroun qui ont adhéré à ces instruments-là ? Quid alors de la bataille entre les puissances pour s’assurer un accès privilégié aux marchés et aux matières premières des pays du continent ?

MSD : Bien entendu, les puissances étrangères ont leurs visions de l’Afrique. Pour les unes, c’est un espace d’influence qu’il faut contrôler. Pour les autres, c’est un concurrent qu’il faut maintenir dans le sommeil. Pour d’autres encore, c’est un marché où vendre et s’enrichir. Toujours est-il que le potentiel multiforme du contient inquiète. Personne ne peut rester indifférent devant ce vaste marché de plus d’un milliard d’habitants qui regorge de ressources immenses et d’une jeunesse envieuse.

IC : Ces instruments (APE, zone franc…), n’ont-ils, selon vous, rien de positif pour les pays africains ?

Ils ont du positif en ce sens qu’ils nous révèlent notre vulnérabilité. En cela, ils peuvent nous pousser à un sursaut pour comprendre que c’est la guerre, qu’il faut se réveiller et bouger. Car rien ne nous sera donné. Il faudra se battre avec les armes de la guerre économique pour s’en tirer dans la mondialisation. La mondialisation n’est pas faite pour les dormeurs et les faibles.

IC : Mais sur le continent, ils sont très nombreux à ne pas voir les choses comme vous. La faute, diriez-vous, à l’absence d’une conscience africaine de la guerre économique ?

L’Afrique a une vision romantique des relations internationales. Un dirigeant qui manque de culture stratégique et qui agit par à-coups a besoin de se mettre à l’école de la guerre économique pour comprendre comme ça marche. La guerre économique, c’est un concept qui nous renseigne que la mondialisation est sortie de la crispation idéologique pour entrer dans une ère nouvelle. L’État qui ne comprendra pas les règles de cette ère nouvelle sera dévoré, tout simplement.

IC : D’où votre ouvrage…

MSD : Tout à fait, cet ouvrage est la notice de la mondialisation. Je l’adresse à ceux qui veulent comprendre la mondialisation au-delà des apparences et des proclamations. L’Afrique est victime des discours convenus sur les relations internationales. Nous avons la responsabilité de produire un réalisme africain sur le monde et sur les relations entre le monde et l’Afrique. L’Afrique doit se donner le droit de parler du monde et de s’imposer dans le monde.

IC : Que faut-il faire pour doter l’Afrique en général et le Cameroun en particulier d’une conscience géoéconomique ?

MSD : Il faut faire un plaidoyer à l’endroit de ceux qui nous gouvernent afin qu’ils s’imprègnent du réalisme. À les voir agir, on a l’impression que bon nombre de dirigeants africains sont bercés par les illusions du libéralisme et de la paix par le commerce. Il faut aussi une pédagogie méthodique à l’adresse des nouvelles générations, dans l’espoir que, parvenues aux affaires, elles feront la différence. Je suis pour la création d’un think tank africain à la mesure des enjeux pour observer minutieusement la guerre économique.

Entretien avec Aboudi Ottou

La Société sucrière du Cameroun (Sosucam), filiale de Somdiaa, a signé ce 30 juillet à Yaoundé, un nouveau statut du personnel qui consacre l’amélioration des conditions de près de 4500 employés.

Thierry Armand Owona, directeur des ressources humaines (DRH), affirme que, « cette revalorisation concerne 10% du salaire de base des travailleurs et agents d’exécution». Toujours selon le DRH, l’effort consenti globalement à l’amélioration de ce statut de personnel est d’à peu près un demi-milliard de FCFA financé uniquement par l’entreprise.

En dehors de l’augmentation des salaires, les autres améliorations dont vont bénéficier les employés à compter du 1er novembre 2019 concernent la revalorisation de l’indemnité de logement pour tous les agents d’exécution, la dotation d’une participation aux frais de transports des enfants des agents de maîtrise à l’occasion de leur congé annuel, le déplafonnement de l’ancienneté s’agissant du calcul de la prime de bonne séparation lors du départ à la retraite. Sans oublier la revalorisation de la prime santé pour les travailleurs saisonniers. «Les négociations que nous avons parachevées avec les partenaires sociaux consacrent plusieurs avancées à caractère social avec la volonté d’améliorer de manière substantielle le quotidien des travailleurs», s’est félicité Samuel Second Libock, directeur général adjoint de Sosucam.

Leader du marché camerounais du sucre (70% de couverture), la filiale détenue à 74% par le Français Somdiaa et 26% par l'Etat du Cameroun, a été créée en 1965. Elle a une capacité de production sucrière moyenne de 130 000 tonnes par an. La société revendique en tout 8000 emplois directs et indirects pour une masse salariale annuelle de 14 milliards de FCFA. Avec la revalorisation salariale, cette masse pourrait passer à 14,5 milliards de FCFA.

Doté d’un capital de 27,5 milliards de FCFA, Sosucam affiche un chiffre d’affaires de 60 milliards de FCFA annuellement et 12 milliards par an en termes d’impôts.

Sylvain Andzongo

Grâce à l’ingéniosité de ses startuppeurs, le Cameroun s’est enrichi, ces dernières années, de nombreuses applications et autres plateformes de paiements digitaux. Mais seulement, la plupart de ces instruments présentent la limite de n’être liés qu’à deux ou trois moyens de paiement.

C’est cette limite que vient de résorber la start-up Adwa, qui a mis au point il y a plusieurs mois maintenant, une application baptisée AdwaPay. Accessible sur la plateforme éponyme et incorporée à des terminaux mobiles, cette application a la particularité d’agréger la plupart des moyens de paiements dématérialisés utilisés au Cameroun (MTN Mobile Money, Orange Money, Express Union Mobile, cartes bancaires, etc.), y compris PayPal.

Grâce à cette application qui regroupe tous ces moyens de paiements, l’utilisateur peut effectuer de nombreuses transactions : paiement de factures diverses, réservations et paiement des notes de restaurant et d’hôtel, paiement des ordonnances et autres frais de consultation dans les hôpitaux et les pharmacies, paiement des consommations de carburants dans les stations-service, achats de titres de transport, etc.

Selon les responsables de la fintech Adwa, qui revendique de nombreuses autres applications visant à faciliter la vie aux populations, l’utilisation d’AdwaPay garantit la sécurité dans les transactions. Pour preuve, révèle le promoteur, cette fintech prend annuellement une assurance chez Digicert. Cette couverture, apprend-on, offre une garantie de 1,5 million de dollars US par transaction unitaire.

Brice R. Mbodiam

Gaz du Cameroun, filiale locale du producteur britannique Victoria Oil & Gas, vient de signer avec Aksa Enerji Uretim, l’opérateur de la future centrale électrique de Bekoko à Douala, un accord non contraignant de livraison de gaz naturel à l’usine.

Selon les termes de l’accord, Gaz du Cameroun livrera à la centrale, d’une capacité de 150 MW, jusqu’à 25 millions de pieds cubes par jour, pendant 25 ans avec une option de prolongation de cinq ans. Le gaz sera ainsi échangé à un prix de 6,75 $ le million de Btu.

L’accord est soumis à plusieurs approbations gouvernementales et à la signature entre Eneo, le distributeur public d’électricité, et Aksa Energy, d’un accord d’achat/vente d’électricité.

Pour Gaz du Cameroun, cet accord pourrait entrainer la mise en œuvre d’un plan de développement à long terme qui soutiendra son réseau existant et les projets Logbaba et Matanda.

Aksa Energy est l’un des plus grands producteurs indépendants d’électricité en Turquie. Plus tôt ce mois-ci, le ministre de l’Énergie du Cameroun et Aksa Energy ont conclu un protocole d’accord pour développer la centrale électrique.

Olivier de Souza

Hubert Gontran Djono Ahaba, le ministre centrafricain du Développement de l’énergie et des ressources hydrauliques a inauguré, le 26 juillet, la nouvelle station-service Tradex Damara, construite sur une superficie de 1 200 m². Coût de l’investissement : 360 millions de FCFA.

Cette nouvelle station du pétrolier camerounais Tradex est dotée d’une capacité de stockage de 25 000 litres de carburants (10 000 litres de Super, 10 000 litres de gasoil et 5 000 litres de pétrole lampant) et dispose d’une capacité de stockage de 100 bouteilles de gaz. Ce nouveau point de vente est un concentré de technologies innovantes, protectrices de l’environnement.

Selon l’entreprise pétrolière camerounaise, cette réalisation intervient après les rénovations de Mbaïki, Berbérati et LBB à Bangui. Elle vient porter à 6 le nombre de stations-service Tradex opérationnelles en Centrafrique, nombre qui passera à 9 dans quelques semaines, avec l’ouverture des stations-service Sofitel, Gare du nord et Marabena. Le réseau terminera ainsi l’année avec 24 stations-service.

Selon le Camerounais Perrial Jean Nyodog, président du conseil d’administration de Tradex Centrafrique, l’objectif de l’entreprise en République centrafricaine est « de contribuer à la consolidation de la paix, à la lutte contre le chômage des jeunes et à un retour à la normale sur l’ensemble du territoire national ».

Sylvain Andzongo

La station d’emballage de la Cameroon Development Corporation (CDC) de Mafanja I, dans la localité de Tiko, région du Sud-Ouest du Cameroun, affiche une mine triste ce 25 juillet 2019. Seuls des vigiles chargés de veiller sur ce qui reste de la plus grande unité d’emballage de la CDC sont visibles sur le site.

Le sol du grand hangar sans toiture est jonché de vieux cartons dans lesquels était souvent conditionnée la célèbre banane « Makossa », avant cette nuit fatidique d’août 2018, au cours de laquelle les séparatistes anglophones ont décidé d’incendier cette unité de conditionnement de bananes.

Depuis lors, aucun fruit n’est plus arrivé à Mafanja I. De même, les 3715 hectares de bananeraies de la CDC, unité agro-industrielle publique qui emploie 7000 personnes dans la filière banane, sont à l’abandon. Dans les locaux de la CDC à Tiko, seule l’infirmerie continue de prodiguer des soins aux employés, dont beaucoup ont vu leurs doigts amputer par les sécessionnistes.

Ces derniers entendaient ainsi dissuader les agents de la CDC de continuer à vaquer à leurs occupations dans les plantations de bananes, de palmiers à huile et d’hévéa de l’entreprise. Certaines de ces plantations sont d’ailleurs devenues des camps d’entraînement pour les militants séparatistes, qui réclament avec violence la partition du Cameroun depuis 2 ans.

Relance de l’activité en gestation

Résultat des courses, au cours de l’année 2018, la CDC a enregistré une perte sèche de 32 milliards de FCFA, révèle Christopher Ngalla, manager du groupe banane au sein de cette entreprise, 2e employeur du pays après l’administration publique. Cette situation frise d’autant plus la catastrophe économique que, souligne M. Ngalla, les activités de la CDC permettent d’injecter en moyenne 500 millions de FCFA chaque mois dans le circuit économique de la région du Sud-Ouest du Cameroun. D’où le plaidoyer de l’ensemble de la filière banane, pour une reprise rapide des activités à la CDC.

Selon nos sources, des réunions se sont multipliées dans les services du Premier ministre ces dernières semaines sur le sujet, sur instruction de la présidence de la République. Certaines sources proches du dossier avancent même déjà l’hypothèse d’une reprise des activités au courant de ce 3e trimestre 2019, sur une superficie d’environ 1000 hectares pour un début.

Pour rappel, les dirigeants de la CDC ont exprimé à l’État, son unique actionnaire, un besoin de 29 milliards de FCFA pour se relever des ravages de la crise dans les régions anglophones du Cameroun. « Sept milliards sont nécessaires dans le secteur de l’hévéa, 14 milliards pour les bananeraies, sept milliards pour les palmeraies. Le reste devrait servir à financer les arriérés de salaires », détaille Franklin Ngoni Njie, le directeur général de cette unité agro-industrielle publique.

Brice R. Mbodiam

« Nous sommes là pour protéger notre gagne-pain ». C’est le refrain repris par la centaine d’employés de la société des Plantations du Haut Penja (PHP), filiale locale de la Compagnie fruitière de Marseille, qui s’affairent ce 25 juillet 2019, sous le hangar abritant la station d’emballages de Tiko, dans la région anglophone du Sud-Ouest du Cameroun.

Sur le sol, l’on peut encore apercevoir les séquelles de la fougue des séparatistes anglophones, qui revendiquent la partition du Cameroun depuis 2 ans. Dans leur folie destructrice, ils avaient incendié cette station d’emballages l’année dernière et violenté, à plusieurs repises, les employés sur leur lieu de travail. « Beaucoup de nos collègues ont eu des doigts coupés. Ils continuent d’ailleurs de nous menacer pour que nous ne venions plus au travail », explique un cadre en service dans cette unité de conditionnement de la filiale camerounaise de la Compagnie fruitière de Marseille.

Aujourd’hui, ces salariés semblent avoir dompté la peur. Alors que des travaux de reconstruction du site détruit par les militants séparatistes se poursuivent, ils vaquent sereinement à leurs occupations. Ceci sous le regard de soldats de l’armée camerounaise lourdement armés. Ces forces de défense sont désormais chargées de sécuriser ce site, après les évènements tragiques survenus dans la nuit de samedi à dimanche 15 juillet 2018.

« Nous nous sentons désormais plus en sécurité ici que dans les quartiers », soutient un employé ayant requis l’anonymat par crainte de représailles. Grâce à la sérénité retrouvée sur ce lieu de travail, la PHP a même entrepris d’augmenter d’environ 20 hectares sa bananeraie de Tiko. Une extension des plantations qui a conduit à de nouveaux recrutements, précise un cadre de l’entreprise. Sur ce site d’environ 300 hectares, dont 185 hectares de bananeraies en production, se meuvent au quotidien 245 employés répartis entre l’unité d’emballage et les plantations.

En dépit de l’insécurité installée par les séparatistes anglophones dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun, ces employés de Tiko ont contribué à maintenir la PHP en tête des exportateurs de bananes en juin 2019. Selon les statistiques de l’Association bananière du Cameroun (Assobacam), cette filiale de la Compagnie fruitière a exporté 13 021 tonnes de bananes au mois de juin 2019, sur un volume global de 14 205 tonnes.

Brice R. Mbodiam

Lire aussi:

18-07-2018 - PHP, filiale de la Compagnie fruitière de Marseille et leader du marché de la banane au Cameroun, perd une unité d’emballage ravagée par les flammes

16-07-2019 - Les difficultés de la CDC font chuter les exportations de bananes du Cameroun de 61 % au premier semestre 2019

Selon Christian Abegan (photo), chef cuisinier présenté comme ambassadeur de la gastronomie africaine, le Cameroun dispose d’une variété d’épices susceptibles d’être promues au plan international. Parmi ces épices, ce chef cuisinier de nationalité camerounaise cite le « jujube » en premier.

« C’est une épice qui pourrait bientôt rivaliser avec le poivre de Penja, qui est aujourd’hui utilisé par les plus grands chefs dans le monde », soutient Christian Abegan, qui a pris part, les 23 et 24 juillet 2019 dans la capitale camerounaise, aux « Afrogourmands », une rencontre de promotion des produits laitiers européens.

En plus du jujube, des épices locales telles que le « Ndjangsang » ou encore le « pèbè » pourraient également faire une percée à l’international, selon Christian Abegan. À la condition que, souligne-t-il, « ces épices camerounaises soient référencées pour que tout le monde puisse les utiliser ».

BRM

Yaoundé, la capitale camerounaise, a abrité du 20 au 24 juillet 2019 une conférence internationale sur les politiques publiques d’emploi des jeunes en Afrique francophone. Cette rencontre scientifique a été organisée par le Centre de recherche pour le développement international (CRDI), un think thank de l’université de Yaoundé 2.

Cette grand-messe autour des politiques publiques d’emploi des jeunes en Afrique francophone avait pour but de présenter et de mettre à la disposition des participants, les résultats de l’étude sur les politiques d’emploi des jeunes dans les pays tels que le Cameroun, le Congo, le Tchad, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Le but visé étant de susciter le débat afin d’améliorer lesdites politiques.

Il était également question, selon les organisateurs, d’inscrire les considérations de genre au cœur des stratégies d’intermédiation sur le marché du travail ; partager l’expérience des services publics de l’emploi des cinq pays impliqués dans l’étude ; ou encore, renforcer le partenariat entre le secteur privé, le secteur public national, le secteur public international et les universités, en matière d’analyse des problématiques liées à l’emploi des jeunes en Afrique.

La conférence de Yaoundé a regroupé une centaine de participants provenant d’institutions aussi diverses que l’administration publique, le secteur privé, les organismes internationaux, les centres de formation et de recherche, les universités, les organisations de la société civile, etc.

Cette rencontre a été précédée, du 15 au 19 juillet 2019, d’un atelier de cinq jours, consacré à la formation des cadres des services publics d’emplois (SPE) aux méthodes de suivi-évaluation des politiques et programmes d’emploi des jeunes en Afrique francophone. Cette session de formation a regroupé près de 40 cadres des services publics d’emplois du Cameroun, du Tchad, du Congo, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, ainsi que quatre groupes de formateurs.

BRM

Achille Bassilekin III, ministre en charge des PME, a inauguré, le 25 juillet à Yaoundé, le tout premier incubateur d’entreprises « Easyoffices » du Cameroun.

« L’incubateur d’entreprises Easyoffices que nous inaugurons ce jour, est un cadre (…) dont l’objectif est d’accompagner les acteurs économiques tant nationaux qu’étrangers dans leur phase d’installation, de maturation et/ou de croissance de leurs entreprises », s’est réjoui le membre du gouvernement. Il a ajouté que l’ouverture de cet espace d’affaires intervient au moment où l’État camerounais s’attèle à mettre sur pied un cadre règlementaire incitatif, qui permettra aux structures d’incubation qu’elles soient publiques ou privées de prendre toute leur place dans un environnement propice à l’éclosion des PME plus dynamiques et résilientes.

Pour la PDG de l’incubateur, Fabienne Olympio, c’est également une réponse appropriée à la problématique de l’accès à des bureaux modernes que font face les petites et moyennes entreprises (PME) camerounaises en phase de démarrage et d’expansion. Et pour cause, ces PME sont notamment confrontées aux contraintes de trouver des locaux ou on exige des paiements de loyers de 12 à 24 mois d’avance auxquelles s’ajoutent les coûts des équipements (imprimantes, vidéoconférence, mobiliers, encres, papiers), les charges de fonctionnement (électricité, eau, internet) et de maintenance, constituant ainsi un frein non négligeable à la constitution d’un fonds de roulement de démarrage.

« Easyoffices » dit avoir construit son modèle économique en se basant sur les données du cabinet Cushman & Wakefield. Elles montrent que le nombre de co-working business space dans le monde s’élevait à 17 000 en 2018 et était occupé par plus de 1, 5 million d’entreprises, occupant une superficie totale de 5 millions de km2.

S.A

Au cours du Conseil de cabinet tenu le 25 juillet à Yaoundé, le ministre en charge des Domaines (Mindcaf), Henri Eyebe Ayissi (photo), a présenté un exposé sur la digitalisation du cadastre, la sécurisation du domaine public celle des documents fonciers.

S’agissant du cadastre, le Mindcaf a indiqué que la loi prévoit le transfert progressif des données relatives aux biens et aux parcelles des supports analogiques ou papiers vers des supports informatiques. C’est dans cette optique que le gouvernement a engagé en 2010 le Projet d’appui à la modernisation du cadastre et au climat des affaires (Pamocca), articulé autour de trois principaux piliers que sont la mise en place du réseau géodésique national, la confection de la cartographie numérique à grande échelle et la réalisation des plans cadastraux numériques des communes.

Les résultats déjà obtenus se rapportent, entre autres, à l’implantation de 2974 points géodésiques déterminés en coordonnées, ainsi que la numérisation de 198 510 dossiers techniques du cadastre. « Les procédures sont en cours en vue de la digitalisation de 130 000 titres fonciers et de 480 000 parcelles des domaines national et public dans quatre villes pilotes que sont Douala, Yaoundé, Garoua et Maroua », a affirmé Henri Eyebe Ayissi.

Pour ce qui est de la sécurisation du domaine public, le ministre a souligné l’urgence de cette opération, en raison de l’occupation anarchique et frauduleuse des dépendances du domaine public naturel et artificiel par les particuliers, des détournements des biens mobiliers relavant du domaine public et des constructions dans des zones inappropriées.

La stratégie à l’œuvre pour y remédier se décline en deux axes : l’audit des dépendances du domaine public dont la phase pilote a été conduite dans sept départements dans le Centre, le Littoral, le Sud et le Sud-Ouest, le renforcement du cadre législatif.

Concernant la sécurisation des documents fonciers, le ministre des Domaines a fait savoir que les actions engagées aux plans institutionnel et technique ont abouti à l’ouverture en 2012 de six conservations spéciales en plus de celles existantes dans les 58 chefs-lieux de département, ainsi que la transcription manuelle et numérique de 520 livres fonciers et volumes.

S.A

La Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) vient de diffuser la liste des établissements de crédit d’importance systémique dans la zone Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) pour la période du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020.

La Cobac entend par « établissements de crédits d’importance systémique », ces banques dont les activités sont tellement importantes et variées que leur hypothétique faillite aurait nécessairement un effet très négatif sur la finance de la sous-région. Le Cameroun concentre à lui seul, huit des dix banques qui ne doivent pas tomber en faillite au cours de la période fixée par le gendarme bancaire au risque de vivre une catastrophe financière en zone Cemac.

Dans la catégorie « importance systémique moyenne » (total cumulé des scores supérieurs à 600 et inférieur ou égal à 900 sur 1000), l’on a Afriland First Bank (Cameroun) et BGFIBank Gabon. Pour l’heure, la sous-région ne dispose pas d’un établissement d’importance systémique « élevée » dont le total des scores doit être supérieur à 900.

Les autres établissements de crédit sont dans la catégorie « importance systémique faible » (total cumulé des scores supérieur à 300 et inférieur ou égal à 600). On y trouve BGFIBank Congo (la maison-mère est au Gabon), CCEI Bank Guinée équatoriale (la maison-mère est au Cameroun), Commercial Bank Tchad (la maison-mère est au Cameroun), Ecobank Cameroun, Société commerciale de Banque Cameroun, Société Générale de Banques au Cameroun et Standard Chartered Bank Cameroun.

Les critères de la Cobac pour classer ces banques inclus la taille (total bilan), l’interconnexion (exposition sur le secteur financier et dettes vis-à-vis du secteur), la complexité (titres de transaction et de placement, opérations de change à terme), la substitualité (flux de paiements passant par les systèmes de paiements) et les activités transfrontières (créances et passifs transfrontières).

Selon la Cobac, un établissement est sans importance systémique lorsque le total cumulé des scores est inférieur ou égal à 300 sur 1000. Ce qui signifie que sur un ensemble d’environ 53 banques actives dans la zone Cemac, seulement dix sont quasiment interdits de faillite. Le Cameroun joue ainsi un rôle névralgique dans le système bancaire et financier de la sous-région en concentrant huit de ses dix banques. 

Sylvain Andzongo

La junior minière américaine Geovic semble enfin décidée à mettre en exploitation la réserve de cobalt, de nickel et de manganèse située dans les régions de l’Est et du Sud du Cameroun. Ceci après avoir déserté le pays depuis 2013 avec en poche un permis d’exploitation minière datant du 11 avril 2003.

En effet, le PDG de la société américaine Geovic, Michael Mason, a été reçu en audience le 25 juillet, à Yaoundé, par le président camerounais Paul Biya. La présidence de la République rapporte que le PDG de Geovic a remercié le chef de l’État du Cameroun dont « le soutien et la patience » ont été indispensables à l’heureux aboutissement de ce projet, qu’il a qualifié de « l’un des meilleurs au monde ».

Michael Mason a indiqué que ce projet, dont le financement est estimé à 400 millions de dollars (environ 235,44 milliards de FCFA) pour une durée de vie de quarante ans, aura des retombées inestimables sur le développement du Cameroun. Le patron de Geovic promet la création d’environ 700 emplois directs, le transfert de technologies, la formation de jeunes camerounais, le paiement des impôts et taxes divers à l’État, etc. « Le début des travaux est prévu dès la signature des accords entre les deux parties », précise la présidence de la République.

La rencontre Michael Mason-Paul Biya a été précédée par une audience du secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh, à William Alan Buckvic, fondateur de Geovic Mining Corp, le 21 février 2018. Ce dernier avait déclaré à M. Ngoh Ngoh, l’intention du groupe minier de relancer son projet à Nkamouna et Lomié, qui depuis 16 ans, n’a jamais décollé.

Durant cette longue période d’hibernation, Geovic a même tenté en vain de céder tous ses actifs sur le projet minier, à la société chinoise Jiangxi Rare Metals Tungsten Group Holdings Company Ltd.

Sylvain Andzongo

Dans une lettre adressée au Premier ministre camerounais, Paul K. Fokam annonce le retrait de son parrainage aux Mutuelles communautaires de croissance (MC2), microbanques (125 aujourd’hui) éparpillées à travers le pays. Une décision pour le moins surprenante, quand on sait que ce parrainage, qui s’est jusqu’ici exercé à travers Afriland First Bank, propriété du milliardaire camerounais, n’était pas sans contrepartie.

En effet, même si Paul K. Fokam préfère mettre en exergue le rôle de ce réseau de microfinances dans la lutte contre la pauvreté, il n’en demeure pas moins qu’il a aussi contribué à faire d’Afriland First Bank, l’une des banques les plus puissantes du Cameroun. Depuis la création de la première unité en 1992, chaque MC2 a l’obligation de domicilier ses dépôts dans cette banque. Une disposition qui a fait de ces établissements de microfinance (EMF), un instrument de mobilisation de l’épargne pour Afriland First Bank, même si cet apport est aujourd’hui marginal. Selon des sources à Afriland First Bank, en 2018, l’épargne mobilisée par les MC2 a représenté moins de 6% des dépôts de la banque, chiffrés à 843 milliards de FCFA.

Dans son courrier au gouvernement camerounais, dont le quotidien Le Jour a publié des extraits en début de semaine, le milliardaire explique sa décision. À l’en croire, ce sont les nouveaux textes de la Cemac portant régulation des EMF en zone Cemac qui auraient motivé son désengagement. À quelques mois de la fin des deux ans (1er janvier 2018 – 1er janvier 2020) accordés aux EMF pour se conformer à la nouvelle règlementation, Paul K. Fokam estime que ces textes l’excluent de facto du parrainage des MC2 et menacent leur modèle économique.

Investir au Cameroun a rencontré Évariste Takam. Ce Camerounais est le secrétaire exécutif de Appropriate Development for Africa Foundation (Adaf), association qui accompagne les MC2 dans leur développement. Il explique en quoi la nouvelle règlementation des EMF menace l’existence de ces microbanques.

Évariste Takam : « Ce règlement met en péril la survie d’un réseau que les populations camerounaises ont mis plus de 25 ans à bâtir »

M Evariste Takam SE dADAF bn

Investir au Cameroun : Vous postulez que les MC2 sont des microfinances particulières. Présentez-nous la spécificité de leur modèle économique.

Évariste Takam : D’abord leur ancrage culturel et identitaire : il s’agit des microbanques créées et gérées par les populations d’une communauté, dans le respect de leurs us et coutumes. Ensuite, leur souplesse et leur disposition à l’innovation : les différends sont réglés par un organe que vous ne trouverez pas dans d’autres les Établissements de microfinances (EMF), à savoir le conseil des sages. Mais par-dessus tout, la philosophie qui anime le modèle en fait un outil spécifique : la Victoire sur la Pauvreté (VP) est possible si les Moyens (M) et les Compétences (C) de la Communauté (C) sont mis ensemble (VP = M x C x C = MC²). Cette formule a été mise au point par le Dr Paul Fokam. Conséquence immédiate de cette conception : l’épargne a une place fondamentale, les populations apprennent que leur avenir dépend d’eux et d’eux seuls, et non de l’aide internationale.

Vous comprenez pourquoi les microbanques MC2 sont localisées dans les zones rurales et ciblent les couches les plus défavorisées. Nous comptons à ce jour 125 unités fonctionnelles sur l’étendue du territoire camerounais. Le modèle s’est également exporté dans d’autres pays du continent à l’instar du Libéria (8 unités fonctionnelles), de la République de Guinée (61 unités fonctionnelles), de la République démocratique du Congo (2 projets en cours) et de la Côte d’Ivoire (1 projet en cours).

IC : Pour qu’on appréhende bien le poids des MC2 au Cameroun, peut-on avoir le volume moyen de dépôt collecté et de crédit accordé par an sur ces cinq dernières années ?

ET : Le volume des dépôts au 31 mai 2019 se chiffre à 50 milliards de FCFA, soit une augmentation moyenne de 2,3 milliards par an au cours des cinq dernières années. Le cumul des crédits accordés depuis 1992 s’élève à 250 milliards de FCFA à la même date, soit une augmentation moyenne annuelle de 19,9 milliards au cours des cinq dernières années. En tout, 3 millions de personnes sont sorties de la pauvreté grâce au modèle en 27 ans.

IC : En quoi la nouvelle réglementation des microfinances en zone Cemac menace-t-elle ce modèle économique ?

ET : Je tiens à signaler d’entrée de jeu que cette réglementation n’est pas totalement négative. Le règlement Cobac (gendarme bancaire de la Cemac) -EMF R2017/04- relatif au gouvernement d’entreprise dans les EMF par exemple consacre une organisation plus claire des organes sociaux en terme notamment de composition, de mission et de séparation des tâches. Cependant, parmi les nombreuses modifications apportées par ce nouveau texte, deux principalement constituent une véritable menace pour la survie de notre modèle à savoir l’obligation des EMF de première catégorie à exercer leurs activités exclusivement à l’intérieur d’un réseau et l’obligation à se constituer exclusivement sous la forme de société coopérative avec conseil d’administration.

IC : Qu’est-ce que cela implique concrètement ?

ET : Cela porte atteinte au fondement du modèle MC² qui est basé sur la prise de conscience de ce que l’homme est seul comptable de sa destinée. En s’alignant sur l’organe faitier, ce principe est violé, car c’est l’organe faitier qui prend désormais toutes les décisions. En outre, chaque MC2 est gérée par la communauté concernée dans le strict respect de ses us et coutumes locaux. Avec la nouvelle réglementation, les MC² sont désormais liées par les lois internationales, les détachant ainsi de leurs coutumes. En somme, l’obligation par les nouveaux textes d’appartenir à un réseau avant même d’exister viole tous ces principes et rend le modèle MC² inopérant.

IC : Vous affirmez, par ailleurs, que le Règlement 01/17/CEMAC/UMAC/COBAC pose un problème de légalité constitutionnelle au Cameroun…

ET : Dans son préambule, la Constitution camerounaise consacre la liberté d’association, laquelle se décompose en liberté d’adhérer à une association ou pas, liberté du choix du type d’association, liberté de quitter l’association.

Malheureusement, en ses articles 27 et 33, ce règlement oblige les établissements de microfinance de première catégorie à exercer leur activité « exclusivement au sein d’un réseau ». Il s’agit là d’une violation des dispositions de la Constitution du Cameroun qui garantit entre autres : « la liberté de communication, la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté de réunion, la liberté d’association, la liberté syndicale ».

IC : Ces libertés disparaissent-elles avec l’organisation sous forme de structure faîtière ?

ET : Les promoteurs et propriétaires des organes faîtiers deviennent ipso facto les maîtres des populations locales dont l’aspiration légitime était simplement de prendre leur destin en main en créant leur propre microstructure financière autonome dans leur localité, en assumant les risques et les profits. Pourtant, la Constitution du Cameroun a, à la base, pris soin d’interdire ce genre d’asservissement en inscrivant dans le marbre la liberté d’association. Si toute loi internationale était autorisée à violer la Constitution, alors celle-ci ne pourrait garantir les droits des citoyens et deviendrait une coquille vide.

Ce règlement remet en cause le fondement du modèle MC², et met en péril la survie d’un réseau que les populations camerounaises ont mis plus de 25 ans à bâtir pièce par pièce, et qui constitue aujourd’hui le premier socle d’un développement endogène, un instrument de fierté pour les populations concernées et pour notre pays. Ce type d’organisation garantit la résistance aux chocs multiples exogènes et endogènes.

IC : Dans la lettre adressée au Premier ministre par le parrain du réseau, Dr Paul K. Fokam, et dont Le Jour a publié des extraits, ce dernier a également soutenu que la nouvelle réglementation expose les structures du modèle MC² au risque systémique. Comment ce risque s’exprime-t-il ?

ET : Dans la conception initiale du modèle, la faillite d’une unité dans une localité donnée n’impactait pas directement une autre unité située dans une autre localité. En appliquant cette réglementation, les fautes de gestion de chaque unité impactent automatiquement les autres unités. Pire, la faillite de l’organe faitier ou d’un grand nombre d’EMF de grande importance dans le réseau entraine la disparition en bloc de toutes les unités affiliées.

IC : Actuellement, quelle est la spécificité du fonctionnement d’une MC2 ?

ET : La MC² est conçue pour être gérée par les populations de sa zone d’implantation. Les règles de gestion puisent leurs sources dans les us et coutumes locales. Les règles de décision sont basées sur le principe « une personne, une voix » avec la décision prise à la majorité des voix exprimées. Le règlement des litiges est assuré par un conseil des sages composé de dignitaires et détenteurs de l’autorité traditionnelle ou religieuse. Cette voie de résolution des conflits, s’agissant des populations qui généralement ne savent ni lire ni écrire, est sanctuarisée par les statuts. Ce choix permet ainsi d’éviter les procédures classiques longues, coûteuses et complexes et in fine, inadaptées.

IC : Ce mode de fonctionnement est-il également en danger ?

ET : Bien entendu ! Les nouveaux règlements soumettent désormais les MC² à la règlementation Ohada. Désormais, pour régler un litige, elles devront recourir aux tribunaux internationaux et ensuite aller à Abidjan pour la décision finale.

Désormais, les membres de la communauté seront exclus du processus de décision essentiel dans leur communauté. Les règles de fonctionnement, de prise de garantie, de règlement des litiges seront du ressort soit de l’organe faitier, soit de la communauté internationale.

IC : Parlant de l’organisation, une place importante est également accordée à ce que vous appelez les structures d’appui : Afriland First Bank et Adaf, dont vous êtes le secrétaire exécutif. Avec la nouvelle règlementation, que deviennent-elles ?

ET : Dans le modèle MC², les structures d’appui (Afriland First Bank et Adaf) jouent un rôle capital. Elles permettent d’assurer un savant dosage entre les us et coutumes de la communauté d’une part et, d’autre part, les principes et techniques de gestion moderne, garantissant ainsi la pérennité et l’intégration de la MC² à son environnement. Elles permettent ensuite d’assurer une assistance technique multiforme, tant au niveau de la création, du conseil régulier en gestion que de la mise à disposition des produits de recherche-action du parrain. Elles garantissent enfin la crédibilité et la pérennité des MC² aux yeux du public, ainsi que leur connexion au système financier international. En excluant ces structures d’appui, la nouvelle réglementation prive ipso facto les structures du modèle MC² de tous ces avantages, sans solutions de remplacement, les exposant ainsi à la merci de tout prédateur et les vouant au suicide individuel et collectif.

IC : Mais à en croire des sources citées par le journal Eco Matin, Paul K. Fokam se retire des MC² parce qu’il refuserait de se soumettre à l’obligation de transparence. Que répondez-vous à cela ?

ET : Je me pose des questions. Transparence à la gestion ? Le Dr Fokam n’est pas concerné. Transparence par rapport à la comptabilité ? Voir avec les commissaires aux comptes des MC². Transparence par rapport aux mutuelles ? Ce sont les membres qui gèrent leurs mutuelles. Transparence par rapport au régulateur ? De quelle transparence parle-t-on ? Le mot transparence est un mot global qui ne veut rien dire.

IC : Dans son courrier au Premier ministre, Paul K. Fokam demande au gouvernement de prendre en main les MC2. Mais cela résoudra-t-il le problème créé par la nouvelle réglementation ?

ET : Dans un pays, c’est l’État qui est en charge de la lutte contre la pauvreté. Toute structure qui intervient en ce sens vient en soutien à l’État. Donc seul l’État est capable de résoudre ce problème.

Entretien avec Aboudi Ottou

Quatre Camerounais font partie des 20 jeunes joueurs issus de huit pays africains ayant été sélectionnés pour participer à la deuxième édition du Jr. NBA Global Championship (un tournoi de basket-ball pour les meilleurs garçons et filles âgés de 13-14 ans) aux États-Unis, du 6 au 11 août 2019.

Dans l’équipe féminine constituée de dix joueuses, l’on a Sandrine Kamgain. Elle fait sa deuxième apparition au Jr. Global Championship. Elle a participé lors de la première édition au sein de l’équipe d’Afrique et du Moyen-Orient. L’autre camerounaise s’appelle Leslie Catherine Njukoua.

L’équipe masculine également composée de dix joueurs voit la sélection de deux Camerounais : Said Nkene F. Michel et Marouf Moumine. Ce dernier avait reçu en 2018, le « Determination Award » (Prix de la détermination). Il est maintenant membre de la NBA Academy Africa de Saly au Sénégal. Marouf Moumine et Said Nkene F. Michel sont les seuls joueurs de l’équipe africaine cette année à faire leur deuxième apparition.

Le Jr. NBA Global Championship réunira les championnats féminin et masculin, divisés en deux compétitions : la division américaine et la division internationale qui inclut les équipes africaines. La compétition commencera par une phase de poule et se poursuivra par une autre à élimination directe. Les vainqueurs de la division américaine affronteront ceux de la division internationale dans une finale mondiale.

S.A

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